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«Au Maroc, le meilleur vœu qu’on puise faire, c’est de garder une bonne santé le plus longtemps possible». Que de fois n’a-t-on pas entendu ce genre de remarques ou encore «si tu n’as pas d’argent, tu crèves». Des réflexions qui en disent long sur la crédibilité qu’on accorde à notre système de santé. Certes, on peut se réjouir du fait que l’espérance de vie est de 75 ans mais il ne faut pas perdre de vue pour autant que le quart de la population nationale demeure «économiquement vulnérable» et que la pauvreté affecte près de 14% des Marocains (23% en zones rurales). Sans compter que 40% de la population est analphabète, en dépit d’un taux de scolarisation supérieur à 90%. Mais c’est encore au niveau de la mortalité maternelle et infantile que le bât blesse car le Maroc peine à tenir ses engagements. En effet, bien que le ratio de la mortalité maternelle ait diminué de près de 66% en 20 ans, passant de 332 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes en 1992 à 112 décès en 2010 et que le niveau de mortalité infanto-juvénile a été réduit de 84 en 1992 à 30 décès pour 1.000 naissances vivantes en 2011, soit une réduction de 64%, le Royaume demeure loin du compte. Effectivement, chaque jour, deux femmes et 54 enfants de moins de cinq ans dont 51 avant l’âge de 1 an et 33 avant leur 1er mois de naissance meurent. Des chiffres effarants qui donnent froid au dos, puisque le pays doit atteindre en 2015 un taux de 83 décès pour 100.000 naissances vivantes pour la mortalité maternelle et de 25 décès infanto-juvéniles pour 1.000. Mais comment peut-on expliquer cette situation alors que des efforts considérables ont été entrepris? Pour les responsables du ministère de la Santé, cette réalité est due à plusieurs facteurs. La mauvaise gestion de la carte sanitaire, le manque de personnel qualifié voire l’absence de transport sont fortement incriminés. Des situations qu’on retrouve partout ailleurs. Ajoutées à la faiblesse de la dépense annuelle en soins par habitant et l’insuffisance de la couverture par le régime AMO concernant 15% de la population déjà couverte et intéressant près du tiers des Marocains, à terme.
Mais quand on sait que près de la moitié des salariés ne sont pas déclarés à la CNSS, et du coup ne bénéficient pas de l’AMO, on réalise les limites de ce mécanisme. Quant au régime d’assistance médicale aux économiquement démunis (RAMED), il peine à trouver son rythme de croisière. Malgré les avancées réalisées et les efforts déployés, des carences et des difficultés persistent et risquent même de remettre en cause la réussite de cette expérience qui concerne 8 millions de personnes. C’est le cas des conditions d’éligibilité pour en bénéficier, comme l’ont indiqué les experts qui n’ont pas manqué de remettre en cause les mécanismes de reconnaissance de la qualité d’indigent et les modalités de l’identification des types de pauvreté (absolue ou relative). Par ailleurs, le régime du tiers payant, fort louable du reste et dont l’objectif vise à faciliter l’accès aux soins et aux médicaments, ne semble pas faire l’unanimité. Ce système dispenserait les patients de l’avance des frais qui seraient pris en charge par les régimes obligatoires et complémentaires aux professionnels de santé. D’aucuns émettent des doutes quant à la capacité des malades à payer le montant du ticket modérateur. Quant aux pharmaciens, c’est le délai de remboursement qui leur pose problème (30 jours). Ils se demandent si leurs fournisseurs daigneraient s’aligner sur le même délai. En fait, nombre d’interrogations se profilent à l’horizon.
Toutes ces difficultés de mise en application favorisent l’intervention d’intermédiaires qui s’enrichissent sur le dos des plus démunis labourant ainsi le terreau de la précarité et par là de la corruption.