Le "syndrome de Stockholm" a 40 ans


AFP
Mardi 27 Août 2013

Le "syndrome  de Stockholm" a 40 ans
Le "syndrome de Stockholm", né d'une prise d'otages en Suède, garde quarante ans après sa part de mystère malgré son passage dans le langage courant.
Un homme peut décrire exactement les manifestations du syndrome: Jan-Erik Olsson, qui se souvient bien de la tournure étrange prise par son hold-up dans une agence Kreditbanken du centre de la capitale suédoise, le 23 août 1973.
Armé d'un pistolet automatique, ce détenu en permission prend alors quatre employés en otage. "Les otages se sont plus ou moins rangés de mon côté, me protégeant dans certaines situations pour que la police ne m'abatte pas", raconte à l'AFP cet homme âgé aujourd'hui de 72 ans.
"Ils sont même descendus aux toilettes, et la police voulait les y retenir, mais ils sont tous revenus", ajoute-t-il.
Pendant cinq jours, les Suédois resteront fascinés par la retransmission de la crise en direct. Le preneur d'otage obtient que la police extraie de prison pour le soutenir l'un des criminels les plus dangereux du pays, le braqueur Clark Olofsson.
Olsson, moins connu à l'époque, avait fait une entrée fracassante, en anglais: "The party has only started!" ("la fête ne fait que commencer").
"On pouvait voir la peur dans leurs yeux. Je voulais seulement les effrayer. Je n'ai jamais été condamné pour quoi que ce soit de particulièrement violent", souligne-t-il.
Puis l'angoisse laissa la place à des sentiments moins habituels. Une otage, Kristin Enmark, allait l'expliquer dans un entretien au téléphone: "Je n'ai pas la moindre peur de Clark et de l'autre type. J'ai peur de la police. Vous comprenez ça? J'ai entièrement confiance en eux. Vous me croyez ou pas, mais on a passé de bons moments ici".
La reddition d'Olsson et d'Olofsson et la libération des otages étaient loin d'être la fin de l'histoire de ce braquage hors norme.
Il allait engendrer le terme de syndrome de Stockholm, créé par un psychiatre américain, Frank Ochberg. Devenu une sommité en la matière, celui-ci a témoigné au procès d'Ariel Castro, qui a séquestré pendant 10 ans trois femmes dans sa maison de Cleveland (Etats-Unis).
Il a défini trois critères du syndrome: "de l'attachement voire de l'amour" de l'otage pour son preneur d'otage, de la réciprocité de la part de ce dernier, et enfin un mépris commun pour le monde extérieur.
Cet attachement peut amener les négociateurs à favoriser le développement du syndrome, car il réduit le risque de violence.
Les prises d'otage commencent généralement de manière brutale, avec des otages tétanisés, qui n'arrivent plus à penser qu'à leur mort.
"Très vite, on leur nie leur droit de parler, de bouger, d'aller aux toilettes, de manger. Ensuite on leur offre ces dons de vie, et au moment où ils les reçoivent, ils ressentent (...) ce que nous ressentons quand nous sommes nouveau-nés et proches de notre mère", selon M. Ochberg.
L'existence du syndrome est largement reconnue. Sa fréquence reste très discutée.
Au début, il y eut une tendance à le rechercher systématiquement. Mais des négociateurs du FBI mirent en doute sa prévalence, et le syndrome "est revenu, je pense, à sa place", estime M. Ochberg.
Dans le langage courant et dans la presse, le terme peut paraître éculé ou utilisé de manière impropre.
Il a été évoqué quand en 2006 Natascha Kampusch, Autrichienne séquestrée, violée et affamée pendant huit ans, s'est enfuie de la maison où elle était retenue. Elle a pleuré en apprenant que son kidnappeur était mort, et eu des relations très difficiles avec ses parents.


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