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Une catastrophe qui changera la vision des spécialistes
Le sismologue Jérôme Van der Woerd de l’Institut Terre et environnement du CNRS de Strasbourg qui avait déjà travaillé sur le séisme de 2004 à Al Hociema confirme que le tremblement de terre qui a touché le pays dans la nuit du 8 au 9 septembre courant, le plus important de l’histoire du Maroc, devrait changer la vision des scientifiques sur cette zone mais aussi modifier le regard des autorités marocaines sur la conception de leurs bâtis.
Selon lui, «le séisme devrait enrichir notre connaissance de ce qui se passe. Il modifie les contraintes qui s’exercent au niveau de la croûte terrestre et c’est ce que nous allons étudier dans les jours à venir. Il faut suivre l’évolution sur place». «Le lieu du séisme, dans le nord-Atlas occidental, est une zone importante d’un point de vue tectonique. Dans cette chaîne de montagnes, le mont Toubkal culmine à 4.167 m. Le séisme a eu lieu à l’ouest de ce haut sommet, dans ce front nord de la chaîne qui est très raide et qui témoigne d’une activité tectonique importante, comme le montrent par exemple les déformations dans le Piedmont (une région de plateaux située sur la côte est des Etats-Unis entre la plaine côtière atlantique et la chaîne montagneuse des Appalaches)», estime le spécialiste. Et de préciser : «Elle est géologiquement importante aussi car très marquée, mais les taux de déformation sont lents, environ un millimètre ou moins par an et difficiles à mesurer avec nos instruments actuels. Donc peut-être qu’un séisme de cette taille n’a lieu qu’une fois en plusieurs milliers d’années».
Risque connu mais violence imprévisible
Florent Brenguier, sismologue à l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université de Grenoble, estime, pour sa part, que «si le risque sismique était connu dans cette région, la violence de ce tremblement de terre était imprévisible». Pour lui, «il s’agit d’un phénomène surprenant car la zone où se trouve l'épicentre ne se situe pas à l'interface entre deux plaques tectoniques».
La magnitude du séisme survenu au Maroc est 7 sur l'échelle de Richter, contre 7,8 en Turquie et en Syrie. Alors qu'est-ce que cela représente en termes de différence de puissance générée? Pour Florent Brenguier, «la meilleure représentation est sans doute d'évoquer la longueur de la faille : de l'ordre de 30 kilomètres pour le séisme au Maroc, elle était de 300 kilomètres en Turquie. C'est dix fois plus petit. L'énergie envoyée dans le sous-sol est donc beaucoup moins importante et le séisme plus localisé. Si on avait eu un tremblement de terre équivalent au Maroc, on peut imaginer qu'une grande partie de la ville de Marrakech aurait été détruite».
Certains comparent ce tremblement de terre à celui d'Agadir en 1960, qui avait fait près de 15.000 morts. Les causes de leurs déclenchements sont-elles similaires? Dans une déclaration à nos confrères du quotidien «Le Figaro», Robin Lacassin, directeur de recherche à l’Institut de Physique du Globe de Paris, de l’Université Paris Cité, explique que «les deux séismes sont liés à la tectonique de la chaîne de montagnes du Haut Atlas. Même si ce n'est pas la même faille qui a rompu, les deux participent au même système qui est responsable de la croissance des reliefs du Haut Atlas». «Par contre, il faut noter que le séisme d'Agadir avait une magnitude estimée à 5.8, donc un point de moins que celui d’Al Haouz. Ceci signifie 30 fois moins d'énergie mise en jeu. Mais son épicentre était situé juste sous la ville et à très faible profondeur, ce qui explique les très importants dégâts», souligne-t-il.
Pourquoi ne peut-on pas prévoir les tremblements de terre ?
Nous n'avons pas de méthode fiable pour prédire les séismes. En d’autres termes, on ne peut pas faire de météo sismique. Ainsi il est impossible de prédire les séismes de la semaine ou l'année à venir. Par contre, les géologues et sismologues peuvent identifier les zones à risque, évaluer le degré d'activité des failles, et ainsi calculer les magnitudes et la récurrence (temps de répétition entre deux évènements) probable des séismes. Grâce à cela on peut évaluer l'aléa sismique et s'y préparer.
Pour Florent Brenguier, «la vraie difficulté est de savoir quelle est la magnitude maximale que ces séismes potentiels peuvent atteindre. Il est là le problème. Par ailleurs, si on a identifié une faille majeure, où il pourrait y avoir un grand séisme, on ne peut prédire quand aura lieu le prochain grand tremblement de terre». «Les scientifiques n'ont pas encore trouvé de signes précurseurs fiables nous permettant de détecter une anomalie. Mais c'est un domaine de recherche qui évolue et peut-être que dans le futur, on arrivera à trouver des signes qui serviront à anticiper un tremblement de terre», estime-t-il.
Mehdi Ouassat
Qu’est-ce que l’échelle de Richter ?
2,9 ou moins : En général, pas ressenti, il y en a des millions par an.
3,0 à 3,9 : Peut être ressenti mais considéré comme mineur.
4,0 à 4,9 : Probablement ressenti, mais avec des dommages très limités.
5,0 à 5,9 : Légers dommages possibles aux bâtiments et infrastructures.
6,0 à 6,9 : Dommages potentiellement significatifs dans les zones habitées.
7,0 à 7,9 : Séisme majeur avec potentiellement de graves dégâts.
8,0 et plus : Dégâts dévastateurs attendus, risque de destruction complète des communautés situées autour de l’épicentre.