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Pour Mohamed Benaïssa, président de l'Observatoire du Nord pour les droits de l'Homme, basé à Fnideq, les facteurs traditionnels (chômage, pauvreté, recherche de meilleures perspectives socioéconomiques…) expliquent une partie ce phénomène, mais passa totalité. «Le vrai problème aujourd’hui au Maroc est le désespoir des jeunes et la perte de confiance en un lendemain meilleur. L’exclusion des jeunes des politiques publiques et leur marginalisation dans la prise de décision les concernant ont donné un coup de massue à tout espoir que leur avenir dans leur pays sera meilleur», nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, nous constatons sur le terrain qu’il y a de plus en plus de jeunes, tous âges et sexes confondus, qui affichent leur intention d’immigrer. Pis, ce phénomène touche même les mineurs dont le nombre des candidats à l’immigration monte en flèche». Notre interlocuteur estime, d’autre part, que les réseaux sociaux ont davantage amplifié ce phénomène chez les jeunes via la diffusion et la publication des vidéos et des photos de ceux qui ont traversé vers l’autre rive. «Nous avons observé le cas de trois mineurs qui ont réussi leur projet migratoire et qui sont devenus un modèle pour les autres. Leurs photos sur Facebook séduisent et attirent de plus en plus de candidats à l’immigration», a-t-il affirmé.
Pour sa part, Moez Jemai, journaliste tunisien, nous a précisé, concernant le cas de son pays, que le nombre des migrants tunisiens irréguliers qui ont atteint les côtes italiennes en 2020 a été multiplié par cinq par rapport à 2019.«On parle de 13.000 migrants malgré les 1.096 actions visant à mettre fin aux opérations d’immigration irrégulière et l’arrestation de 13.466 Tunisiens par l’armée et les garde-côtes», nous a-t-il indiqué. Pour lui, cette hausse du nombre de candidats à la migration irrégulière trouve son explication, à la fois, dans la situation socioéconomique du pays qui n’a pas évolué depuis le déclenchement de la révolution tunisienne (chômage, manque de perspectives…) et dans la crise politique que le pays traverse et qui impacte fortement la situation économique et sociale de la Tunisie. Pour notre interlocuteur, ces facteurs ne constituent néanmoins pas une spécificité liée au seul contexte tunisien puisqu'ils sont partagés avec d’autres pays africains pourvoyeurs de migrants. «La spécificité de note pays réside plutôt dans la hausse des départs des enfants, des mineurs non accompagnés et des familles entières. Cela renvoie à une autre problématique, à savoir le décrochage scolaire. Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur en Tunisie et qui pousse des centaines de mineurs à risquer leur vie en cherchant d’autres perspectives. Il y a également les problèmes d’éclatement des familles et la régression de son rôle ainsi que de celui de l’Etat». Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux a précisé que l’abandon scolaire touchait annuellement entre 50.000 à 70.000 élèves qui ont fini par décrocher alors que l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de seize ans.
Evoquant le cas de l’Algérie, Karim Kébir, journaliste algérien, explique la situation dans ce pays en distinguant entre deux périodes : celle avant le déclenchement du Hirak du 16 février 2019 et celle d’après.«Avant leHirak, la situation économiquemorose du pays et les disparités sociales ont été les principales causes du départ des Algériens vers d’autres cieux notamment les jeunes. En effet, les années 2000 ont été marquées par d'importantes recettes en devises grâce à la hausse du baril de pétrole qui avait atteint les 100 dollars et le lancement de plusieurs projets, mais l’impact direct de ces recettes et projets sur le quotidien de la population est resté mitigé vu la nature rentière de l’économie algérienne qui profite à une caste limitée. Ce contexte morose additionné aux difficultés d’obtenir des visas a poussé plusieurs jeunes à immigrer de manière irrégulière en quête d'un avenir meilleur», nous a-til expliqué. Et de poursuivre : «Après le Hirak, c’est plutôt le désespoir et le désenchantement qui ont pris les devants après l’arrêt net du mouvement de protestation à cause de la pandémie qui ont conduit plusieurs jeunes Algériens à risquer leur vie en tentant de rejoindre l’Europe. En effet, tous les espoirs promis par le Hirak se sont transformés en désillusions et en frustrations et notamment les attentes en termes de liberté. Les Algériens sont descendus dans la rue non pas pour protester uniquement contre la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel, mais pour leur liberté, un vœu pieux qu’on a toujours du mal à réaliser comme en attestent les dernières arrestations de journalistes et d'opposants et la censure appliquée sur les réseaux sociaux».
A noter que les données de l’Union européenne sur l’immigration irrégulière au cours de l’année 2020 ont révélé que le nombre d’immigrants algériens arrêtés sur les côtes espagnoles a atteint 5.343. Notre source estime, en outre, que le contexte de la pandémie de coronavirus a gravement compliqué la situation du pays notamment au niveau économique. «Beaucoup d'entreprises sont aujourd’hui en difficulté. Certaines ont fermé leurs portes et ont licencié leurs salariés. Une situation qui n’augure rien de bon et qui n'offre pas d'espoir à beaucoup de jeunes», a-t-elle conclu.
Hassan Bentaleb