"Il est temps de lancer la bataille pour la libération complète d'Alep", a annoncé jeudi à Damas al-Watan, un quotidien bien informé et proche du pouvoir.
"Ce n'est pas un secret que l'armée syrienne et ses alliés ont préparé cette bataille décisive pour purifier Alep des terroristes", assure le journal. Le régime désigne par "terroristes" tous ses opposants armés.
La ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, a connu jeudi sa journée la plus meurtrière en une semaine avec 53 civils tués dans des bombardements.
L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est dit très préoccupé par la situation dans cette ville où les bombardements ont fait plus de 200 morts et des centaines de blessés en une semaine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"C'est la pire journée à Alep depuis cinq ans. Le régime n'a pas épargné un seul quartier", a affirmé à l'AFP un résident de la zone rebelle de Boustane al-Qasr. Alep, deuxième ville de Syrie, est divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest tenus par le régime et des quartiers est sous contrôle des rebelles.
Face au carnage, De Mistura a appelé la Russie et les Etats-Unis, parrains d'une trêve entrée en vigueur le 27 février mais bien mal en point aujourd'hui, à prendre une "initiative urgente" pour la remettre en selle.
Les Etats-Unis se sont dits "scandalisés par les raids aériens sur l'hôpital Al-Quds, dans un quartier rebelle d'Alep, qui ont tué mercredi des dizaines de personnes, dont des enfants, des patients et du personnel médical".
Pour le Comité international de la Croix Rouge, Alep est désormais "aux portes d'un désastre humanitaire". "Où que vous alliez, vous entendez les explosions de mortiers, les bombardements et le vol des avions", selon Valter Gros, le représentant du CICR dans la ville. "Les habitants vivent sur le fil du rasoir. Tous craignent pour leur vie".
D’autant plus que l'armée syrienne s'apprête à lancer des offensives à Daïr az Zour et à Rakka avec l'appui de l'aviation russe, annonce vendredi l'agence de presse Ria, citant Alexeï Borodavkine, ambassadeur de Russie au siège genevois de l'Onu.
Rakka est la "capitale" du califat proclamé par les djihadistes de l'Etat islamique, qui ont gagné du terrain récemment à Daïr az Zour, chef lieu de la province du même nom qu'ils tiennent presque intégralement.
Par ailleurs, le déploiement de membres des forces spéciales américaines en Syrie sans le consentement de Damas porte atteinte à la souveraineté syrienne, a jugé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, cité vendredi par l'agence de presse Tass. Barack Obama a confirmé lundi son intention d'envoyer 250 hommes supplémentaires en Syrie pour aider l'aile modérée de l'insurrection à combattre les djihadistes Etat islamique.
Parlant d'une "agression flagrante", le gouvernement syrien s'est dit jeudi gravement préoccupé par les informations faisant état de l'arrivée de 150 soldats américains dans le nord-est du pays.
L'ONU a averti jeudi que des centaines de milliers de Syriens risquaient de ne plus pouvoir recevoir d'aide d'urgence si les combats se poursuivaient.
Le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien a pressé la communauté internationale de sauvegarder le cessez-le-feu en Syrie afin de "mettre fin à des souffrances massives".
La guerre dans ce pays qui est entrée dans sa sixième année a fait plus de 270.000 morts et poussé la moitié de la population à quitter son foyer.