Le projet de décret sur la libre circulation ne fait pas l’unanimité : Les viandes foraines à la foire d’empoigne


Hassan Bentaleb
Lundi 5 Novembre 2012

Le projet de décret sur la libre circulation ne fait pas l’unanimité : Les viandes foraines à la foire d’empoigne
Le projet de décret modifiant l'arrêté du 10 safar 1375 (28 septembre 1955) relatif au contrôle de la salubrité des viandes foraines ne semble pas faire l’unanimité chez les professionnels. En effet,  si certains d’entre eux estiment que ce dispositif va permettre la libre circulation des viandes entre régions et la mise en place d'un marché des viandes rouges compétitif  ainsi que le développement d’un réseau de transport frigorifique des viandes conformes à la législation et à la réglementation en vigueur, d’autres le  contestent en avançant que le Royaume ne dispose pas d’abattoirs de qualité pour ce faire.
C’est l’avis de ce professionnel qui a requis l’anonymat et qui n’a pas hésité à qualifier le projet adopté par le Conseil de gouvernement le 1er novembre dernier de coup de massue pour les abattoirs de Casablanca. « On est contre ce projet du fait qu’on ne peut pas mettre sur le pied d’égalité l’abattoir de la métropole, connu pour sa qualité et son respect des normes internationales et les autres abattoirs du pays», nous a-t-il expliqué avant d’ajouter : « A Casablanca, le contrôle des viandes par les services vétérinaires est de rigueur et je ne crois pas qu’une telle rigueur existe dans d’autres abattoirs ». Selon lui, cette libéralisation de la circulation des viandes a été dictée par les lobbies du trafic de viandes rouges et va ouvrir  la voie à tous les dangers. «  Il est fort à craindre que le marché des viandes rouges soit inondé par des viandes de mauvaise qualité ou de qualité médiocre.  On est pour la concurrence mais loyale et respectueuse des normes de qualité », a-t-il précisé.
Notre source va plus loin. Elle estime que cette libéralisation aura un impact sur les professionnels qui seront obligés de bouder les abattoirs et de chercher la viande la moins chère dans les « gournas » (tueries rurales) au détriment de la qualité. « Ce qui aura sans doute  un effet négatif sur les recettes du Conseil de la ville et la société délégataire qui avancent que les abattoirs vont mal sur le plan financier », a-t-il noté.   
Des propos qui ne semblent pas convaincre Dhabi Mohamed, coordinateur de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP). D’après lui,   l'amendement du texte relatif à la circulation et au contrôle de la salubrité des viandes foraines est une réponse à une attente plusieurs fois formulée par les professionnels du secteur en vue de créer un marché des viandes compétitif et d’inciter les opérateurs privés à investir dans ce domaine. « Le projet d’arrêté ne sera que bénéfique pour la profession. En effet, il aura d’abord pour effet de mettre un terme à l’abattage clandestin. Ensuite, il va contribuer à diminuer le coût élevé de l’abattage. Ledit projet aura également un effet positif sur le secteur du transport frigorifique des viandes qui sera obligé de se mettre à niveau  conformément à la législation et à la réglementation en vigueur», a-t-il indiqué.
Mieux, notre source pense que la libéralisation du secteur va permettre des prix de vente raisonnables vu  la concurrence entre les fournisseurs. « La multiplicité de l’offre va certainement avoir un impact sur les prix qui sera au bénéficie du consommateur », a-t-il  souligné.  
Mohamed Dhabi estime, par ailleurs, que l’Etat doit pousser vers la libéralisation totale de la filière des viandes rouges puisque l’expérience a démontré que les abattoirs publics ont échoué  dans leur mission et que c'est au secteur privé de prendre le relais. Pour lui, le « monopole de fait » exercé  par les collectivités locales dans la construction et la gestion des abattoirs a montré ses limites. Un constat largement partagé par les professionnels qui sont unanimes à qualifier la situation des abattoirs du Royaume de lamentable voire de catastrophique.  
Selon eux, les 180 abattoirs municipaux et les 700 tueries rurales, qui constituent le réseau national des abattoirs, sont dominés par des unités à postes fixes et de faible capacité qui se trouvent dans un état vétuste et de non-conformité technique et hygiénique. Une situation qui interpelle le ministre de l’Agriculture qui a déjà menacé de démissionner de son poste si le ministère de l’Intérieur n’agit pas dans le sens d’une réforme immédiate.


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