Devant des milliers de sympathisants arborant T-shirts et casquettes rouges, le chef de l'Etat socialiste a signé le décret fixant les modalités d'élection des 540 membres de cette assemblée appelée à rédiger une nouvelle Constitution.
Quelques heures plus tard, la présidente du Conseil national électoral, Tibisay Lucena, a annoncé à la télévision que l'élection de l'assemblée constituante devrait avoir lieu "à la fin du mois de juillet".
Elle a aussi annoncé pour le 10 décembre les élections des gouverneurs, qui auraient dû avoir lieu en décembre 2016, et les élections municipales.
Pour l'opposition, le recours à une assemblée constituante "populaire", selon le terme de M. Maduro, est une manœuvre du président pour façonner une Constitution "à son image".
"Le peuple vénézuélien ne veut pas une fraude constituante maduriste, nous ne l'acceptons pas", a écrit sur Twitter l'un des principaux dirigeants de l'opposition, Henrique Capriles, ancien candidat à la présidence.
En outre, l'assemblée constituante siégera dans l'hémicycle du Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition depuis sa large victoire aux élections législatives de fin 2015. Ce qui revient de fait à déloger les actuels députés, dont le sort n'a pas été précisé.
Dans une déclaration, le Parlement a dénoncé comme "frauduleuse" la convocation d'une assemblée constituante.
"Ce n'est rien d'autre que la continuation du coup d'Etat contre la Constitution", a réagi plus tôt Julio Borges, président du Parlement.
Les anti-Maduro, qui dénoncent les tentatives du président de s'arroger les pleins pouvoirs, multiplient depuis le 1er avril les manifestations. Si ces rassemblements ont réuni presque chaque jour des milliers de personnes, ils ont aussi été marqués par des violences.
L'annonce mardi soir de la mort de deux manifestants a porté à 55 le nombre des personnes tuées en 53 jours de protestations, au cours desquels un millier ont aussi été blessées.
Pour le président socialiste, élu jusqu'à fin 2018 mais dont sept Vénézuéliens sur dix rejettent le pouvoir selon les sondages, l'assemblée constituante est l'unique chemin "vers la paix". "Ça suffit, le fascisme", a lancé M. Maduro, accusant ses adversaires de fomenter la violence.
"Des élections, vite! Une constituante démocratique, pas de haine, de fascisme, de bandes armées qui pillent et volent", a-t-il déclaré.
Il a expliqué que 176 membres de cette assemblée seraient désignés par des groupes sociaux (syndicats, retraités, étudiants...) - que l'opposition accuse d'être sous sa coupe -, les autres 364 membres devant être élus selon un découpage par circonscriptions municipales.
C'est "une élection sur mesure, un processus conçu pour que le vote chaviste (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013, ndlr) vaille plus que celui de l'opposition", a réagi sur Twitter l'analyste Eugenio Martinez.
La mobilisation des pro-Maduro intervient au lendemain d'une nouvelle journée de manifestation des antichavistes marquée par des pillages et des incendies de bâtiments dans l'Etat de Barinas, où trois personnes ont été tuées par balle.
Le président Maduro et son camp accusent les dirigeants de l'opposition d'"actes de terrorisme" en vue de perpétrer un coup d'Etat.
Ils se disent aussi victimes d'une persécution internationale, alors que Washington, l'Union européenne ou l'ONU ont exprimé leur inquiétude face à la dégradation de la situation.