"Ce grand prix Nobel est accompagné d'une somme d'argent, je veux vous annoncer que je me suis réuni hier avec ma famille et que nous avons décidé de faire don de ces huit millions de couronnes suédoises (925.000 dollars au taux actuel) aux victimes", a déclaré le chef d'Etat lors d'une cérémonie religieuse à Bojaya (nord-ouest).
Le Nobel de la paix a été décerné vendredi à Santos pour son engagement à clore le conflit armé avec la guérilla des Farc, par un accord toutefois à réviser après son rejet par référendum.
Le président Santos et le chef des Farc, Timoleon Jiménez, alias Timochenko, ont signé le 26 septembre un accord pour clore une confrontation de 52 ans, qui a impliqué d'autres acteurs armés et a fait plus de 260.000 morts.
Mais, à la surprise générale, les électeurs colombiens ont rejeté dimanche dernier ce texte historique à une très courte majorité (50,2%) lors d'un scrutin marqué par une abstention record de plus de 62%, mais qui a obligé les deux parties à reprendre les pourparlers.
Vendredi, leurs négociateurs se sont engagés dans un communiqué commun à maintenir un cessez-le-feu "bilatéral et définitif" et à procéder à des "ajustements" pour rendre l'accord acceptable aux yeux du plus grand nombre.
Pourtant tout était prêt : une fois approuvée, la paix en Colombie devait débloquer une manne financière, booster l'économie du pays et les investissements. Mais la victoire surprise du "non", lors du référendum de dimanche dernier, a tout mis entre parenthèses.
Ainsi, la Banque mondiale avait annoncé en janvier l'octroi à la quatrième économie d'Amérique latine de 1,4 milliard pour financer ses efforts de paix.
De son côté, l'Union européenne était sur le point de lancer un fonds de près de 600 millions d'euros pour "soutenir l'application de l'accord de paix" tandis que les Etats-Unis devaient apporter 400 millions de dollars destinés au plan "Paix Colombie" sur le post-conflit.
A présent, "il y a une incertitude très grande. Tout cela va rester gelé jusqu'à ce que l'horizon s'éclaircisse. Tout va dépendre de ce que seront prêtes à céder les trois parties, le gouvernement, les Farc et les représentants du +non+", explique à l'AFP l'économiste César Ferrari, professeur de l'université Javeriana.