Le portail officiel du Maroc mériterait d’être mis à jour : “Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés”


Par Ahmed Benseddik
Samedi 15 Janvier 2011

Le portail officiel du Maroc mériterait d’être mis à jour : “Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés”
Etre présent sur la toile est devenu un véritable enjeu pour les entreprises comme pour les Etats. Le web procure une vitrine, de la visibilité et bien d’autres choses. Il est aussi un outil de communication à fort enjeux politiques, économiques et sociaux. Il est donc logique que les pouvoirs publics, les institutions et les entreprises l'investissent.
Cependant, créer un bon site institutionnel qui soit capable d'assurer cette présence sur Internet de manière efficace est un réel travail, aussi bien intellectuel que technique car, il faut le maintenir en vie. Des mises à jour régulières, un référencement soigné et renouvelé sont un minimum pour que le site web ne passe pas à la trappe.
Pourtant au Maroc, l'actualisation de sites institutionnels  fait encore défaut.  Les sites de certains ministères, administrations et organismes publics décrivent généralement  des activités anciennes et donnent des chiffres et des informations vieilles de quelques jours voire des mois. La mise à jour des sites web ne semble pas être à l’ordre du jour.  Et l’exemple le plus édifiant nous provient du portail officiel du Royaume (www. Maroc.ma) mis sur la Toile par le ministère de la Communication.
Le site affiche certains emails de directeurs des Centres régionaux d’investissements qui ont soit quitté leur poste depuis belle lurette, soit passé l’arme à gauche il y a fort longtemps. C’est le cas pour le CRI de Casablanca dont le patron n’est autre que Mouad Jamaï qui a quitté cette fonction en septembre 2005 ou celui de Fès qui  affiche le nom de Fouad Ouzzine, décédé en novembre 2008.
La version française des adresses est légèrement meilleure que l’arabe, alors que dans la version anglaise la liste des wilayas et préfecture a totalement disparu. Seules sont affichées les coordonnées de l’agence de Presse MAP, le Centre cinématographique marocain, Radio Médi 1, la chaîne TV  Médi 1 Sat, la SNRT, la HACA, des journaux francophones, etc.
La page d’accueil du site comporte à gauche une rubrique alléchante : vidéothèque. Cela donne envie de cliquer et d’accéder aux documents audiovisuels relatifs à la géographie, à la civilisation, au patrimoine, aux réalisations, à la société et à ses préoccupations, ainsi qu’aux  documentaires mis à la disposition de l’investisseur, chercheur ou journaliste étranger qui souhaiterait comprendre les enjeux du conflit du Sahara par exemple… La déception est grande quand on découvre que la vidéothèque comprend un seul film de 45 secondes sur l’hospitalité marocaine et la beauté des paysages. A côté de cette précieuse vidéothèque, on trouve une photothèque totalisant exactement 26 clichés.
Poursuivons notre navigation dans cet immense océan de savoir et allons découvrir  la rubrique «Société et la culture » et ses 14 chapitres. Dans la version arabe, le cinéma est introduit comme suit : « Comme en Algérie, il y a une histoire  de la production cinématographique au Maroc. En 1919 a été réalisé le premier film au Maroc sous le Protectorat, le nombre de films a ensuite dépassé la cinquantaine avec la mise en place d’une infrastructure réelle de production de films ».
Par ailleurs, il y a une rubrique « Portrait du Maroc » avec six chapitres dont l’histoire, la géographie, la démographie. Celui relatif à l’économie regorge de statistiques sur le transport, le tourisme, les mines, l’énergie, le commerce extérieur et même l’enseignement. Les chiffres les plus récents remontent à l’année 2004.
Dans la version arabe, le chapitre histoire est divisé en deux parties: l’histoire ancienne (depuis l’âge de pierre à l’époque romaine) et l’histoire du Maroc subdivisée en huit époques : de la dynastie idrisside au règne de S.M le Roi Hassan II. La septième époque, consacrée à la colonisation, est décrite en 183 mots, le nom de S.M. le Roi Mohammed V étant répété sept fois.
La version française adopte une division différente avec trois parties, en l’occurrence la préhistoire du Maroc, l’histoire contemporaine du Maroc et les faits marquants de l'Histoire du Maroc.
La première (préhistoire) comporte elle-même onze paragraphes : la première traite de la préhistoire et le dernier va de l’émergence de la dynastie alaouite à 1906.
La deuxième partie traite de la colonisation, cite la résistance d’Abdelkrim Khattabi et couvre le règne d’Hassan II.
La troisième  relative aux faits marquants commence en 1927 et s’achève en 2005 avec l’initiative nationale pour le  développement humain.
Par ailleurs, la rubrique consacrée aux institutions (version arabe) nous apprend que « la justice est indépendante des pouvoirs exécutif et législatif et que le Roi nomme les juges par Dahir sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature. Le système judiciaire puise ses lois du droit (charia) islamique et quelques lois françaises.» On apprend également que «l’organisation judiciaire comporte la haute cour qui examine les délits et crimes commis par les membres du gouvernement lors de l’exercice de leurs fonctions, les tribunaux communaux et d’arrondissements, les tribunaux de première instance, les Cours d’appel, la Cour suprême, la Cour spéciale de justice et le Tribunal militaire. »
Pour mémoire : la Cour spéciale de justice a disparu en 2004, les juridictions administratives et commerciales ne sont pas citées et l’actuel ministre de la Communication, Khalid Naciri, y est cité comme professeur de droit, mais n’insistons pas !
Avant que je ne demande pardon à mon ordinateur qui m’a accompagné dans ce rude voyage, j’ai jeté un coup d’œil au site du ministère de la Communication www.mincom.gov.ma pour apprendre que ce département est chargé de sept missions dont deux lui imposent de promouvoir l'image institutionnelle du Maroc et de mettre en place un service d’information publique destiné à l’opinion publique,  notamment aux leaders d’opinion à l’intérieur et à l’extérieur du  pays, afin de faire connaître les institutions  du Maroc, ses grandes réformes, ses réalisations  et ses potentialités. L’organigramme de ce ministère  comporte en particulier une Direction du portail national et  de la documentation, une Division du portail  national, un  Service de Conception et  de Mise à jour du Portail, une Direction de la communication et des relations publiques et surtout un Service de veille…

Quid de
la mise à jour ?

La mise à jour d'un site Internet est-elle indispensable ?
 Oui, absolument. C'est l'élément essentiel pour une communication active sur le web et la seule garantie  pour que le site ne passe pas à l’oubliette. Car, une fois qu’un  site est publié et référencé, il faut le maintenir en vie
Quels prestataires choisir ?
Pour mettre  à jour un site web,  deux solutions se présentent : une agence web ou un développeur indépendant.
Une agence web est une société spécialisée dans la conception et la réalisation de sites Internet. Elle prend généralement en charge tout le projet en partant d'un cahier des charges fourni par son client. C'est la solution la plus sécurisante, mais elle peut aussi être la plus chère en fonction de la demande. Certaines agences vendent des forfaits comprenant la conception/réalisation du site, l'achat du nom de domaine et l'hébergement. Cette solution permet de déléguer entièrement la création de son site et sa mise à jour.
Quant à un développeur indépendant, il s’agit de faire appel à un développeur indépendant pour créer un site web. Cette solution offre l'avantage d'être plus flexible. Il est parfois plus facile de dialoguer avec une seule personne.
Comment ça marche ?
Il faut savoir qu’un site web est un ensemble de fichiers HTML, liés par des liens hypertextes, stockés sur un serveur web, connecté en permanence à Internet, hébergeant les pages web. Et sa mise à jour passe par quelques outils (éditeur HTML, éditeur WYSIWYG, outil CMS_). il n’est pas rare de voir des sites Internet combinant plusieurs outils de mise à  jour (pour des rubriques bien spécifiques).
Par exemple, on peut utiliser un éditeur HTML classique pour la partie institutionnelle du site (c’est celle, en général, qui requiert le moins de mise à  jour), un outil CMS (SPIP, par exemple) pour une rubrique de publication d’articles, un outil dédié blog (Wordpress, Dotclear, Typepad…) pour la partie blog.
D’autres sites web sont intégralement conçus avec un seul et même éditeur, soit HTML, soit CMS ou autre.
Combien ça coûte ?
Les coûts de mise à jour sont très variables en fonction de la nature du projet tout d'abord, mais aussi du prestataire choisi. Dans tous les cas, ils sont moins chers et ne coûtent pas beaucoup.


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