Un enthousiasme que cet étudiant de 24 ans du nord de la France relaie depuis un an via Facebook avec son groupe, "Les Français avec Trump", qui compte environ un millier de membres. "Il y a un réveil un peu partout dans le monde, un réveil des Nations, un réveil de l'idée de patrie. Le fait que ça se passe aux Etats-Unis, c'est quand même un symbole fort", ajoute-t-il.
En Europe, les prises de positions nationalistes, anti-étrangers, anti-élites, anti-mondialisation, font écho au discours de Trump et illustrent une montée des courants populistes dans les démocraties occidentales.
En France, à l'extrême droite de l'échiquier politique, le parti Front National a le vent en poupe : les sondages voient sa présidente, Marine Le Pen, au second tour de l'élection présidentielle, le 7 mai 2017. Cette dernière a été l'une des premières à féliciter le futur nouveau président américain.
"La France à la sauce américaine?" s'interrogeait mercredi la Une du journal gratuit "20 minutes".
En Grande-Bretagne, nombre de citoyens ayant voté en juin pour la sortie de l'Union européenne (Brexit) ont entendu l'appel du parti europhobe Ukip à "récupérer leur pays".
En Allemagne, le parti de droite populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui surfe sur le mécontentement anti-migrants, enchaîne les succès électoraux ces derniers mois.Comme en Autriche, aux Pays-Bas ou en Scandinavie, où l'extrême droite progresse également. "Votre victoire est historique pour nous tous!", a twitté le Néerlandais Geert Wilders, chef du parti d'extrême droite.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président tchèque Milos Zeman, souvent épinglés pour leurs discours populistes et anti-migrants, ont aussi apporté leur soutien au milliardaire américain.
"C'est une histoire de peur du changement, peur de l'autre, peur de la contamination culturelle", commente pour l'AFP Jeremy Shapiro, directeur de recherches au European Council on Foreign Relations.
Tous ces partis dits populistes se retrouvent sur bien des points: la critique du "politiquement correct", leur détestation des "élites" politiques et financières et un ennemi commun, la mondialisation, est à leurs yeux un jeu de dupes inventé par les riches de ce monde.
John Judis, auteur de "L'explosion populiste" estime que la situation économique depuis la crise financière mondiale a été le terreau du repli : "Le ralentissement combiné à la montée des inégalités crée beaucoup de ressentiment" dirigé contre ceux qui gouvernent, explique-t-il à l'AFP.
Et ce ressentiment se double des craintes des citoyens face aux flux migratoires et à la menace terroriste : "L'immigration est le facteur numéro un", notamment pour "les risques qu'elle fait peser sur les systèmes de santé et l'éducation", souligne M. Shapiro.
Or un isolationnisme exacerbé pourrait menacer les fondations mêmes de l'Union européenne, ainsi que les institutions internationales. Le président du Conseil européen Donald Tusk s'en était inquiété quand il avait averti que le Brexit pourrait conduire à la "destruction non seulement de l'Union européenne mais aussi de la civilisation politique occidentale".
Donald Trump a déjà décoché ses flèches en direction de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) et de de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) tandis que plusieurs pays africains, à commencer par l'Afrique du Sud, se sont retirés de la Cour pénale internationale.
Pour autant quelle est l'influence effective de ces populistes, d'extrême droite comme d'extrême gauche ? Le populisme, "en général, c'est un avertisseur; partis et institutions se rendent compte qu'il faut faire quelque chose...", dit M. Judis.
En France, la droite a durci ses positions sur l'immigration et la lutte contre la criminalité pour adopter un discours se rapprochant de celui du Front national. L'extrême gauche essaie aussi de surfer sur un discours "anti-système".
Pas de quoi apaiser Marc, l'étudiant français: la classe politique "est dans le déni. (Son) idée du monde n'est pas la nôtre".