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Ce dernier précise que compte tenu des tendances actuelles de développement de la densité du personnel soignant et des projections de croissance démographique, le déficit en nombre du personnel de soins (médecins, infirmiers et techniciens de santé) devrait, sur le plan global, continuer à augmenter dans les années à venir.
De plus, et par rapport aux prévisions des flux des diplômés, l’aboutissement à une bonne couverture de la population (4,45 agents de santé pour 1.000 habitants selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé) reste difficile à atteindre. Cela est conditionné, d’une part, par la capacité du système de formation à maintenir le rythme actuel des diplômés, et d’autre part, par la capacité de rétention des ressources humaines, notamment les médecins, dans le système national de santé.
Légère évolution
De manière générale, précisent les rédacteurs dudit rapport, l'analyse des données relatives au personnel soignant des secteurs public et privé (personnel médical, infirmiers et techniciens de la santé) a révélé une légère évolution de la densité des agents de santé, au cours de la dernière décennie, en passant de 1,51 agent pour 1.000 habitants en 2011 à 1,64 en 2020. « Cette légère amélioration de la couverture de la population est principalement due à l’augmentation de la densité des médecins, notamment celle des médecins du secteur privé.
A l’inverse, une baisse de la densité des médecins du secteur public a été constatée. En outre, l’évolution de la densité n’a pas profité de manière équitable aux différentes régions du Royaume », indiquent-ils.
Disparités territoriales
Concernant la répartition et l’évolution du personnel soignant du département de la Santé et de la Protection sociale, l’absence de normes préétablies, sur la base du panier de soins des structures et selon leurs niveaux de référence, rend difficile de statuer de manière précise sur le niveau d’adéquation des effectifs disponibles de médecins, avec les besoins sanitaires des populations desservies mais aussi avec les besoins des structures sanitaires.
« De plus, la répartition des cadres de santé entre réseaux de soins, entre milieux et entre établissements ne repose pas sur des critères objectifs. Il en résulte des disparités territoriales, des déséquilibres de couverture de la population ainsi que des inadéquations entre les structures de soins et les ressources humaines affectées. A cela s’ajoute l’utilisation non optimale des ressources humaines disponibles » note le rapport.
Couverture peu efficace
En outre, la méconnaissance de la dynamique des évolutions des ressources humaines de la santé a conduit à leur évolution, sur la période 2011-2021, selon des tendances peu propices à leur développement et à la réduction des disparités à plusieurs niveaux. « Bien que les effectifs aient globalement augmenté, les tendances vont vers une couverture peu efficace des besoins de la population et des structures de soins.
Cela se manifeste, notamment, à travers le développement de spécialités non prioritaires, la baisse de la part de certaines spécialités prioritaires, ainsi qu’à travers une évolution de la répartition des ressources en défaveur des soins de proximité.
De surcroît, les mécanismes de redistribution du personnel, susceptibles de rétablir les équilibres des ressources humaines, restent peu efficaces et accentuent même les disparités et les déséquilibres », constate le document de la Cour des comptes.
Problèmes structurels
Pour ce qui est de la politique de planification des ressources humaines de santé, le rapport souligne que ces ressources ont connu, depuis des décennies, des problèmes structurels liés notamment au manque de personnel soignant, aux disparités dans leur répartition, ainsi qu’à la baisse de l’attractivité du secteur public et par conséquent la difficulté croissante à retenir les ressources humaines dans le système de santé national.
« Ces contraintes majeures dépassent le cadre d’intervention du ministère chargé de la santé, et nécessitent l’implication des différents secteurs gouvernementaux concernés en matière de formation, de planification et de gestion des professionnels de la santé, ainsi que d’assurer la convergence de leurs actions.
Ainsi, l’absence d’une véritable politique gouvernementale en matière de ressources humaines de santé et les actions stratégiques limitées du ministère dans ce domaine, conjuguées aux difficultés liées à la planification, ne font qu’accentuer les problèmes majeurs qui impactent négativement la disponibilité des ressources humaines », constate le rapport.
L’impératif d’une politique multisectorielle
Pour faire face à ces difficultés et en raison de la transversalité des problématiques liées aux ressources humaines dans le secteur de la santé, et dans le cadre de la convergence des politiques sectorielles en la matière, la Cour des comptes a recommandé de mettre en place une politique gouvernementale multisectorielle dédiée aux ressources humaines dans le secteur de la santé, en tenant compte des différents paramètres impactant leur disponibilité et en veillant au renforcement de l’attractivité de l’hôpital public.
La Cour a recommandé, également, au ministère chargé de la santé de mettre en place des mesures efficaces en faveur du renforcement du corps des médecins généralistes, et de veiller au développement des spécialités prioritaires et leur répartition pour correspondre aux besoins réels de la population et aux spécificités des différents territoires du Royaume.
La Cour a aussi recommandé d’adopter une politique de recrutement et de mobilité du personnel soignant, dans l’objectif de compenser les départs prévisionnels, d’assurer une répartition équilibrée des ressources entre les régions et de corriger les disparités et les déséquilibres de façon continue.
Hassan Bentaleb