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Claude Viallat a, au cours des trois expositions qu’il a déjà réalisées au Maroc, montré qu’il y avait, dans l’utilisation de sa forme répétitive ou de la couleur, un dialogue étroit entre son travail et ce pays. Il le disait lui-même dans un entretien qu’il avait accordé en avril 2004 à la revue Horizons Maghrébins à l’occasion de son exposition au Musée de Marrakech : «Mon séjour ici est suffisamment riche pour que mon travail le prenne en compte et que des choses soient modifiées. » L’exposition à venir, dont les œuvres ont été sélectionnées par Bernard Collet et qui montrera un travail plus récent, essaiera de rendre compte aussi de cette influence.
Claude Viallat est né à Nîmes en 1936. Membre fondateur du mouvement Supports/Surfaces en 1966, il en devient la figure emblématique. Son travail se développe autour de la répétition d’une forme simple ; forme sans charge symbolique, autre qu’anthropomorphique. Véritable « organisme vivant qui se multiplie en exposant à la fois les propriétés de la forme matricielle et ses propriétés propres de forme unique», comme le dit le conservateur et critique d’art Bernard Ceysson. Elle devient sa marque de reconnaissance mais surtout lui permet de revenir aux origines même de la peinture, et l’on pense bien sûr à ces mains peintes que les hommes des premiers âges apposaient sur les parois des grottes magdaléniennes. Marque-empreinte qui joue avec le support de toile libre en fonction de sa texture ou de son tissage mais se sert aussi de la couleur du support ou de ses motifs pré-existants.
Il s’agit donc d’un travail de déconstruction du tableau, puisqu’il s’est libéré de la contrainte du cadre, et de répétition d’un même motif dans une tentative de s’affranchir aussi des contraintes du sujet. Un travail qui montre la seule puissance de la peinture, sa violence, pourrait-on dire, dans des jeux de forme et de contre-forme déclinés à l’infini, dans la présence très affirmée de la couleur. Une couleur travaillée aux limites, dans des assemblages audacieux ou insolites, parfois euphorisants.
Peinture provocante et somptueuse, rigoureuse et ironique, sur ce fil entre sa puissance éminemment décorative et ce qu’elle dit aussi de manière métaphorique. La répétition toujours. Nos jours ne sont-ils pas un peu les mêmes et pourtant si différents ? Une peinture qui montre le geste de peindre et le temps de ce geste. La couleur qu’il en reste, seulement la couleur, dans une rare perfection.
Mais il faudrait dire aussi ce qu’il y a de liberté et de goût pour le nomadisme dans le choix des supports, dans l’assemblage de bouts de parasols et de tentes, de ces tissus rapiécés et raboutés, parler encore de la force des formes répétitives, de la puissance lyrique de la couleur utilisée par ce très grand coloriste, peut-être un des plus grands de sa génération, dans une proximité revendiquée avec Matisse ou Picasso, dire ces choses qui, dans ce pays ou dans cette ville de Marrakech, trouvent un écho particulier.
L’artiste peintre Claude Viallat expose à la Galerie Matisse du 13 au 27 mai 2009 à Marrakech. Le vernissage aura lieu mercredi 13 mai à partir de 18h.