Sa victoire 3-1 à Milan à l’aller aura donc permis à l’Inter de faire le grand saut. Il s’était arrogé le droit de perdre de peu au Camp Nou. Car le but de Piqué, qui tel un avant-centre mettait Lucio et Julio Cesar dans le vent, avait ranimé la flamme barcelonaise (84e), mais elle a fini par tomber dans le gouffre des deux buts d’écarts de San Siro. Le champion d’Europe en titre ne sera pas le premier à se succéder à lui-même depuis l’AC Milan 1989-1990.
Alors bien sûr, le Barça a encore eu la mainmise sur le match, le jeu, le ballon, tout ce qu’on voudra. Une possession de balle de 75%! Mais la défense intériste résistait encore et toujours.
Cambiasso-Thiago Motta en premier rideau, Samuel-Lucio en second, outre les milieux latéraux Eto’o et Chivu assistant leurs arrières latéraux Zanetti et Maicon: seuls Sneijder et D. Milito s’autorisaient, parfois, à franchir la ligne médiane! Et Eto’o a même joué arrière gauche les trois quarts du match! Tension. Alors bien sûr, l’exclusion de Thiago Motta dès la 28e minute, pour une main s’égarant sur le cou de Busquets, allait accroître la pression barcelonaise. Mais Ibrahimovic demeurait inhibé, entre mauvais choix et bêtes pertes de balle. Messi? Quoique plus entreprenant qu’à l’aller, il n’en était pas pour autant plus efficace.
Sa frappe enroulée, concluant un petit show très +messique+, était détournée par Julio Cesar en corner (32e). Après un relais avec “Ibra”, il était déséquilibré par Chivu en pleine surface, sans que l’arbitre ne bronche (60e). Et son centre précis trouvait la tête de Bojan, qui manquait le cadre (82e).
Alors Pedro peut-être? Deux frappes non cadrées (3e, 23e). Et la lumière des passes était éteinte chez Xavi. Henry, lui, n’est même pas entré en jeu.
Et le temps qui s’égrène. Avec cette impression que ce match peut durer 900 minutes et que l’étanchéité milanaise ne cèderait pas plus d’une fois aux tentatives d’infiltrations du Barça. D’ailleurs, le tableau d’affichage du stade est tombé en panne dès la deuxième minute de jeu, comme pour inviter les Catalans à ne pas s’énerver devant ce temps qui passe.
De la tension, il y en avait. Une question d’enjeu, mais épicé par quelques déclarations. Avec lundi une première pique signée Piqué, qui souhaitait “qu’au moment où les joueurs de l’Inter Milan entrent sur la pelouse, ils se mettent à haïr leur profession de footballeur pendant 90 minutes”.
“Psychologue de pacotille”. Et la couche rajoutée mardi par Jose Mourinho, opposant le noble “rêve” de son Inter à la basse “obsession” barcelonaise d’atteindre, plus que la finale, le stade Santiago-Bernabeu de son rival du Real Madrid. Avant que le président du Barça, Joan Laporta, ne le qualifie de “psychologue de pacotille”.
Dans ce match où il fallait s’attendre à tout, les entraîneurs jouèrent à la surprise dès le coup d’envoi. Même quelques minutes avant pour Mourinho, qui envoyait ostensiblement Chivu faire des longueurs de terrain, alors qu’il venait d’inscrire Pandev sur la feuille de match...
Pep Guardiola pour sa part innovait avec une défense Piqué-Touré dans l’axe et G. Milito à gauche. Pour finir avec le pilier Piqué derrière, et tous les autres devant.
Le “rêve” de l’Inter de Jose Mourinho, de remporter une troisième C1 (après 1964 et 1965) se poursuit. “L’obsession” du Barça, selon son mot, de jouer au stade Santiago-Bernabeu s’évapore. Et c’est le Real Madrid qui respire.
Déclarations présidentielles
Massimo Moratti (président de l’Inter Milan): “Quand on s’est retrouvé à dix, c’était quasiment impossible de résister à cette pression et cette ambiance. Mais on le mérite. Je suis heureux du caractère, pas de la beauté, du caractère, héroïque.”
Joan Laporta (président du FC Barcelone): “Aujourd’hui c’était notre tour de subir le côté cruel du football. Il faudra retrouver le moral pour la Liga. Maintenant plus que jamais il faut soutenir cette équipe. Je m’attendais à ce que l’Inter soit si défensif. C’était très dur de passer ses deux lignes défensives. Ils nous ont beaucoup compliqué les choses”.
Ils ont dit
Mourinho :
«Ma plus belle défaite»
José Mourinho (entraîneur de l’Inter Milan): “Le match a mal commencé. J’ai dû remplacer Pandev par Chivu et sans Pandev, nous perdons du poids offensivement. A 10, nos chances de marquer ont presque été réduites à zéro. Une équipe sans organisation tactique prend quatre ou cinq buts ici. C’est toujours difficile de jouer à 10 contre 11 face au Barça, c’est la meilleure équipe du monde au niveau de la possession du ballon. Nous avons été très compacts, jouant bien la zone, fermant les espaces. C’est la plus belle défaite de ma vie. C’est quelque chose d’historique. Nous avons fait un match spectaculaire au niveau de l’organisation et défensivement. Nous avons bien joué les deux matches. A domicile, nous avons joué pour gagner, et ici avec nos moyens. Je ne voulais pas du ballon. J’avais dit à mes joueurs de le rendre. Ce sont eux (les joueurs du Barça) qui voulaient le ballon. J’ai été fair-play quand j’ai perdu ici (2-0, le 24 novembre, en phase de poules). C’est leur tour maintenant. Il n’y aura aucun problème si on se croise de nouveau l’année qui vient. Valdés (le gardien du Barça) a cru que j’entrais sur la pelouse pour provoquer le public du Camp Nou, mais je voulais juste aller saluer les supporteurs de l’Inter. Je respecte beaucoup le Barça. Je n’oublierai jamais ce que le Barça m’a apporté pendant quatre ans (1996-2000). Mais je suis devenu l’ennemi. Le Bayern est un grand club, avec une grande histoire. Ce sera une grande finale. Dommage que Ribéry ne puisse pas jouer.”
Guardiola :
«Félicitations à l’Inter»
Josep Guardiola (entraîneur du FC Barcelone): “Nous avons tout tenté. Merci beaucoup à tout le monde. Et félicitations à l’Inter pour sa finale. Nous avons essayé de percer dans l’axe, de passer par les côtés... mais ils ont très bien défendu. Eto’o et Milito ont presque joué latéraux, ce qui faisait une ligne défensive de six. Ils se sont beaucoup repliés et ils dégageaient loin le ballon. Nous n’avons pas pu avoir cette continuité dans le jeu que nous voulions. J’ai dit aux joueurs qu’ils avaient fait un très bon parcours en Ligue des champions. Nous sommes arrivés en demi-finale avec des possibilités d’aller en finale. Maintenant, il faut réagir en Liga, il nous reste quatre matches pour finir la saison. Les joueurs qui ont joué (mercredi) ont tout donné.”