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“Le monde après nous”: Un film dénué de prétention mais non de talent et de romantisme

Vendredi 17 Juin 2022

Dans le cadre de la compétition officielle du 27ème Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan, le long métrage «Le monde après nous» du réalisateur Louda Ben Salah-Cazanas a été projeté, mercredi dans la mythique salle Avenida.

Le film raconte l’histoire de Labidi, un jeune écrivain fauché, fils d’immigrés algériens. Originaire de Lyon où ses parents tiennent un café, il décide de s’installer à Paris pour publier son roman. C’est là, entre petits boulots et brouillons déchirés, qu’il tente de concilier rêve de reconnaissance, vie conjugale et débrouille financière.

Confronté à des enjeux romanesques, Labidi a tout d’un personnage balzacien, le cynisme en moins. L’installation à Paris, la rencontre amoureuse, l’écriture d’un roman : le jeune homme est lancé dans une fuite perpétuelle dont on ressent l’urgence et la sincérité. Bien entouré par des comédiens formidables, Louda Ben Salah-Cazanas raconte les galères d’une vie parisienne exorbitante qui a le parfum du vécu.

«Le point de départ, c’est un peu de l’autofiction parce que je me suis retrouvé dans une situation similaire. Je réalisais des courts métrages qui avaient plus ou moins de succès, je vivotais dans le milieu du cinéma et je faisais des petits boulots à côté jusqu’au jour où j’ai rencontré celle qui est devenue ma femme», explique le réalisateur.

«Une sorte de sacrifice s’est alors installé : ma femme était étudiante et il fallait que l’un d’entre nous puisse subvenir aux besoins du couple. J’ai donc fait un peu n’importe quoi comme Labidi, en prenant notamment un appartement que je ne pouvais pas payer. J’ai alors décidé de faire une parenthèse avec le cinéma et j’ai pris des petits jobs, avec ce sentiment compliqué de se dire que c’était peut-être pour la vie et que j’abandonnais ce que j’avais vraiment envie de faire», ajoute-t-il.

Le film retrace en quelque sorte le quotidien des générations actuelles, dont les rêves se heurtent souvent de plein fouet à la précarisation et la pression sociétale grandissantes qui résonnent dans toutes les grandes métropoles du monde.

«J’ai essayé d’être le plus vrai possible. J’aime beaucoup Paris, mais c’est une agression permanente, aussi bien pour le coût de la vie que pour la représentation sociale. Le chemin de l’acception de la brutalité de la ville et de la violence de l’argent est au cœur du film», explique Louda Ben Salah-Cazanas. «Je ne voulais pas faire un film de mise en scène. Les premiers films ont une forte tendance à vouloir montrer beaucoup de choses car on a besoin de se donner de la légitimité, de se prouver à soi-même qu’on sait faire. J’étais dans une démarche opposée : je voulais faire un film très simple, sans prétention, précise-t-il.

Il faut dire que le sujet du dur passage à l’adulte est un classique maintes fois revisité, mais c’est justement sur ce terrain volontairement non ostentatoire que Louda Ben Salah-Cazanas démontre une vraie profondeur de sensibilité, de finesse et de bienveillance, réussissant à faire rire et s’attendrir des efforts et des déboires de son personnage sans jamais tomber dans l’hyper-dramatisation, mais sans dévier non plus de son fil d’implacable miroir sociétal.

Un premier long à très petit budget dénué de prétention, mais non de talent et de romantisme, et qui sait discrètement et parfaitement cultiver sa différence. «Je tenais à ce qu’on flirte entre les genres, et à mettre de la comédie dans ce qui est quand même globalement un drame. Je connaissais très bien Aurélien Gabrielli qui joue le rôle de Labidi et c’est lui qui a donné ce ton singulier, grâce à sa personnalité très particulière puisqu’il est à la fois pince-sans-rire, blasé, dépressif et un peu joyeux», estime le réalisateur.

Si le film aborde les difficultés à changer de classe sociale, il s’intéresse également, par petites touches, aux problématiques de l’identité. «Je suis métis comme le personnage, mais dans une situation inversée : mon père est Tunisien et ma mère est Française», souligne Louda Ben Salah-Cazanas. «Je suis Français pour les Tunisiens et Tunisien pour les Français.

C’est une forme de souffrance qu’on met du temps à comprendre et que je trouve très connectée aux mouvements de transfuge de classe sociale, aux changements de milieux. J’ai le sentiment que c’est très contemporain», admet-il, avant de noter que les deuxièmes générations d’immigration comme lui ou Labidi dans le film ne savent pas vraiment à qui ils appartiennent.

Libé

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