Le message du Premier secrétaire de l’USFP en commémoration du tournant historique du 25 janvier 1959 : Vers une gauche alternative

Aujourd’hui, l’on peut être fier que le patrimoine pour lequel l’Ittihad a été combattu, soit devenu un patrimoine national commun.


Jeudi 28 Janvier 2016

Le 25 janvier 1959 est un anniversaire de commémoration. Démocrates et progressistes le célèbrent, en ces moments difficiles que traverse le pays, comme un jalon fondateur de l’UNFP, d’émergence politique ayant marqué le Maroc moderne. S’en rappeler aujourd’hui n’émane nullement d’un esprit passéiste ni nostalgique, mais bel et bien d’une réappropriation d’une étape fondatrice, riche de ses rêves, de son apport et de sa grandeur.
Ittihadis et Ittihadies sont appelés, à cette occasion, à méditer les étapes franchies par leur parti, avec tous ses tournants et ses revers, mais aussi avec toutes ses constantes stratégiques et les acquis qu’ils ont pu et pourront réaliser en faveur de leur pays.
Nous repensons notre passé et poursuivons notre futur. Pour cela, nous estimons que l’USFP, qui s’évertue à mettre en œuvre les principes fondateurs mis en place par les précurseurs de la pensée progressiste et de la lutte démocratique, était fonctionnel, grâce aux circonstances historiques : la continuation vitale du mouvement de libération populaire qui défend les principes théoriques et pratiques du modernisme.
En dépit de la plateforme commune, visant la lutte nationale pour l’indépendance du pays, et qui a fait du parti de l’Istiqlal, le premier parti national, les ittihadi(e)s avaient estimé à l’aube de l’indépendance que la clarté politique et idéologique est une nécessité vitale pour le développement démocratique et la concurrence sociétale, et est du coup une condition incontournable pour édifier un Maroc pluriel basé sur la polarisation politique au sein de la société, dans l’objectif de renforcer la société et lutter contre les tendances  despotiques au sein de l’Etat en cours de formation, à l’époque.
A l’origine, l’USFP était la voix des paysans, des ouvriers, des jeunes révoltés, des résistants, des syndicalistes et cadres intellectuels… et partant la voix de toute une société et l’expression fidèle de sa vitalité. Une société qui a accumulé un capital en matière de résistance et de libération et valeurs nobles qu’une partie de la classe au pouvoir entendait mystifier et enterrer.
Les observateurs objectifs se mettent tous d’accord sur l’apport civilisationnel et le rôle joué par Al Ittihad sur les plans politique, intellectuel, culturel et syndical. Le résultat était l’ancrage des valeurs de modernité et de démocratie.
L’Ittihad a subi des attaques virulentes et de vilaines guerres, sous prétexte d’importation d’idées occidentales étrangères à la société. D’abjectes campagnes ont été menées en parfaite convergence des sectes, une partie de l’Etat et ses élites, ainsi qu’une partie des féodaux et conservateurs.
Sauf qu’aujourd’hui l’on peut être fier que le patrimoine pour lequel l’Ittihad a été combattu, soit devenu un patrimoine national commun. Tout le monde, y compris le discours officiel, fait l’éloge aujourd’hui des droits humains, de l’égalité, de la modernité et de tout l’arsenal conceptuel et aspire à un Maroc cohérent, vivant au diapason de son ère.
Il s’agit d’acquis civilisationnels de taille et les Ittihadi(e)s doivent en être fier(e)s. Leur révolution intellectuelle s’est réalisée en moins de cinquante ans. Même si le tribut a été lourd voire plus lourd que pour d’autres révolutions exagérément médiatisées.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le Maroc a pu remporter la bataille de la réforme, grâce notamment à l’apport de l’Ittihad et ses alliés. Ceci nous pousse à nous interroger de nouveau : Qui sommes-nous? Que voulons-nous?  
Si nous nous identifions en tant que socialistes démocrates, visant à opérer des réformes, cette définition nécessite une réactualisation, à l’aune des batailles actuelles. Les risques de connaître des régressions sont fort probables, étant soutenues par des forces conservatrices et réactionnaires. Et nous savons pertinemment qu’une grande partie du projet des réactionnaires, sinon le projet en totalité, se fonde sur la généralisation de cette tendance à l’ensemble de la société, pour faciliter sa mainmise sur l’Etat, par la suite.
Nous estimons que l’une des tâches de l’Etat au Maroc, en plus de la lutte contre l’extrémisme, la corruption et la défense de l’intégrité territoriale, réside dans la relecture objective de l’Histoire du Maroc actuelle et dans l’avenir. Ceci passe par la consécration des valeurs de démocratie, la réforme politique et l’évolution vers une monarchie parlementaire, garante de la stabilité durable et à même de répondre à une réalité de plus en plus complexe, vu les soubresauts que connaît la région. Le contexte est aussi marqué par le projet caressé par les terroristes d’implanter un Etat dans l’environnement régional, ainsi que l’accentuation de la vague du conservatisme en cette période. Une situation qui s’accompagne bien évidemment d’allégeances transnationales menaçant ainsi le tissu national, et même l’idée du patriotisme.
Il est supposé, par conséquent, que les héritiers de l’école ittihadie fassent preuve d’unité en matière d’analyse et de diagnostic, afin d’unifier les objectifs et les solutions et de mettre en place les passerelles permettant d’aller à la rencontre du peuple marocain épris de justice sociale, d’Etat de droit, de sécurité sous toutes ses formes…
Au sein de l’USFP, nous estimons que les conditions historiques d’unifier les forces progressistes sont réunies, notamment grâce aux sacrifices consentis, bannissant les alignements étriqués ayant prouvé leurs limites, voire leur échec. Il est plutôt recommandé d’immuniser le champ politique marocain, par le renforcement des entités indépendantes, à travers une volonté émanant du peuple et insufflant les valeurs universelles que prône aujourd’hui la gauche.
Nous sommes conscients que la bataille nationale n’est pas encore achevée, dans la mesure où nos frontières impactent grandement nos idées sur les conflits et les rivalités internes. Mais, nous sommes aussi convaincus que le renforcement de la démocratie s’avère indispensable pour consolider l’unité nationale et porter la voix du Maroc à travers les différentes manifestations internationales ainsi que dans les capitales ayant le pouvoir de décision.
Le bloc de gauche auquel nous aspirons est dépositaire de missions dont le changement urgent de la nature de l’Etat, conformément aux dispositions de la Constitution de 2011 et l’élargissement de son creuset réformateur, de telle manière à permettre aux mouvements progressistes de changer les rapports de force, en faveur des courants de la réforme, de la modernisation politique, de la démocratisation et de l’égalité… Cela n’aboutira que si l’on unifiera l’effort intellectuel, politique et culturel et sociétal en général, dans l’objectif de déboucher sur d’autres options que celles d’aujourd’hui sous forme d’un binôme de paupérisation et de réductionnisme de l’héritage politique au Maroc, de par l’expérience du peuple marocain.
Nous ne sommes pas sans savoir que la victoire des forces politiques de gauche, dont fait partie l’USFP, n’aboutira pas par la voie des luttes isolées et marginales. Elle est plutôt conditionnée, ici et là, par le renouvellement du contrat nous liant aux citoyens ; sur la base d’une nouvelle plateforme commune et d’un projet fédérateur de toutes les énergies …
Aussi l’Ittihad réitère-t-il son appel à un dialogue entre les mouvements de gauche dont peut tirer parti tout le monde, par le biais de  propositions alternatives émanant du peuple en perspective d’un projet moderniste et civilisationnel.


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