Le maté prospère au Liban, bien loin des champs argentins


AFP
Vendredi 21 Mars 2014

Le maté prospère au Liban, bien loin des champs argentins
Assis au milieu des montagnes libanaises, Wissam al-Halabi approche ses lèvres de sa gourde fumante avant d’avaler une gorgée de maté, une boisson traditionnelle d’Amérique du Sud devenue une institution au Liban.
Depuis longtemps, les Libanais vivant dans les montagnes se délectent de cette boisson légèrement amère, rapportée par leurs aïeux émigrés au cours du XIXe siècle en Argentine, en Bolivie ou en Uruguay.
“Le maté est originaire d’Argentine et on raconte qu’il a été rapporté ici par des migrants qui en sont revenus”, explique Samah Halawi, un cheikh druze.
Ce thé, fabriqué à partir d’une espèce particulière de houx, est particulièrement populaire parmi cette minorité religieuse dispersée entre la Syrie, Israël et le Liban.
Drapé dans les habits traditionnels des religieux druzes, le cheikh considère d’ailleurs sa gourde et sa paille en argent comme une partie intégrante de son habillement.
“Le maté, c’est quelque chose avec lequel on a grandi. C’est une boisson sociale, on se retrouve souvent en groupe pour en boire”, explique-t-il. Le Yerba maté est cultivé dans différents pays d’Amérique latine, mais celui que l’on trouve au Liban vient presque exclusivement d’Argentine. En 2012, elle en a exporté près de 1.500 tonnes vers Beyrouth, son troisième plus gros client.
Le premier client est la Syrie, où l’Argentine a exporté 24.000 tonnes de Yerba maté en 2012. Et le conflit qui ravage le pays n’a pas affecté la consommation: rebelles et soldats continuent à boire cette boisson stimulante.
Dans les montagnes libanaises, près de l’hôtel où il travaille à Barouk, Wissam al-Halabi ne sacrifierait pour rien au monde sa pause maté.
“Après quelques heures de travail, on prend une pause, on fait bouillir de l’eau et on boit du maté pendant une demi-heure, une heure”, explique-t-il par une fraîche après-midi, assis avec trois de ses amis autour d’un petit feu. 
“Quand je sais qu’ils sont dans le coin, je les appelle pour leur dire que je prépare du maté, qu’ils viennent pour qu’on le boive ensemble”, ajoute-t-il.
Tous les quatre échangent biscuits et douceurs en comparant leurs marques préférées et en vantant les bénéfices de la boisson, qui “nettoie les reins”.
Wissam préfère la marque argentine Amanda, au goût léger, et qui peut être bue avec ou sans sucre, mais il recommence de boire une préparation plus amère après les repas.
Ghada al-Halawi, une autre habitante de Barouk, boit son maté dès le réveil, à la place du café. 
“On n’est pas vraiment réveillé tant qu’on a pas bu de maté!” dit-elle dans un rire, tout en préparant deux versions, une douce et une amère, de sa boisson préférée. Comme certains Libanais, elle fabrique certaines de ses gourdes traditionnelles, à partir de courges séchées, mais préfère utiliser sa gourde en céramique pour les jours où elle infuse son maté dans du lait. Wissam Hamdan a bu du maté toute sa vie. En 2005, il a décidé d’ouvrir un restaurant à Aley, baptisé “The Mate factory”.
“Une grande partie de nos clients sont des gens qui veulent découvrir la boisson. Elle n’est populaire que dans certaines zones du pays”, explique-t-il à l’AFP.
Le restaurateur, qui importe environ 5 tonnes de maté argentin par an, offre à ses clients une version “classique”, et quelques innovations, comme le maté à la pêche ou au citron.
Pour un peu moins de 5 euros, les clients peuvent s’offrir un plateau avec le thé, de l’eau chaude et des snacks.
La formule marche bien, se félicite Wissam Hamdan, qui propose aussi le week-end des nuits “maté-karaoké”, où il sert des cocktails à base de maté.
A quelques kilomètres de là, dans les montagnes, Ghada al-Halawi se livre à un rituel bien différent. Elle préfère servir le maté avec des figues séchées, des raisins et des noix, l’accompagnement traditionnel. Mais y ajoute parfois des chips et des biscuits. 
Dès que quelqu’un passe la porte de sa maison, elle met de l’eau à bouillir.
“Quand quelqu’un entre chez vous, vous devez lui faire du maté”, insiste-t-elle. “Si vous ne leur en servez pas, c’est comme si vous ne leur servez rien”.
 


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