Le gouverneur qui voulait vendre le siège d’Obama

L'accusation dévoile mardi des dizaines d'enregistrements secrets au procès de Rod Blagojevich, tentant d'établir la culpabilité de l'ancien gouverneur de l'Illinois (nord), accusé d'avoir voulu monnayer le poste de sénateur laissé vacant par Barack Obama.
Le procès de l'ancien gouverneur s'est ouvert jeudi par la sélection du jury et les travaux devaient entrer mardi dans le vif du sujet à Chicago, troisième métropole des Etats-Unis et principale ville de l'Illinois.
Les douze jurés et leurs six suppléants ont pris place dans la salle d'audience pour ce procès qui s'annonce haut en couleur, compte tenu de la personnalité du principal accusé.
Le juge James Zagel a défendu à quiconque d'envoyer des messages "twitter" durant l'audience à l'aide d'un téléphone portable. Précaution vraisemblablement pas inutile: depuis sa démission forcée début 2009, l'ancien gouverneur s'est répandu dans les médias pour clamer son innocence.
M. Blagojevich, 53 ans, est accusé d'avoir abusé de son pouvoir pour obtenir de l'argent et des faveurs pour lui-même et ses proches et cela avant même qu'il soit élu gouverneur en novembre 2002 et jusqu'à son arrestation en novembre 2008.
Confondu par des écoutes téléphoniques autorisées par la justice, M.Blagojevich avait été destitué par les sénateurs de l'Illinois. Le scandale avait surtout entouré l'attribution du siège laissé vacant par M. Obama après son élection à la Maison Blanche, que M. Blagojevich est accusé d'avoir voulu offrir au plus offrant.
En cas de vacance d'un siège de sénateur, c'est au gouverneur de l'Etat concerné de nommer un remplaçant jusqu'à la prochaine élection sénatoriale.
M.Blagojevich est accusé d'avoir voulu monnayer le siège de Barack Obama, en réclamant en échange de son choix des postes haut placés ou très bien rémunérés pour lui ou son épouse.
"J'ai cet atout en mains et c'est un putain de truc en or et je ne vais pas le laisser filer pour de la merde", avait déclaré le gouverneur à propos du siège de M. Obama, selon l'enregistrement d'une écoute téléphonique.
Une des procureurs, Carrie Hamilton, a estimé mardi que l'ancien dirigeant s'était rendu coupable de plusieurs tentatives d'extorsion pendant son mandat.
"Lorsqu'il aurait dû se demander ce qui était bon pour les gens de l'Illinois, il se demandait ce qui était bon pour lui", a-t-elle dénoncé.
A son arrivée jeudi au tribunal, l'ancien gouverneur s'était fait fort de sortir blanchi du procès. "La vérité sera libératrice", avait lancé le quinquagénaire, connu pour ses saillies parfois surprenantes et confuses.
Au cours des 18 mois suivant son arrestation, M. Blagojevich a multiplié les interventions sur les chaînes de télévision américaine. L'homme politique, dont la coiffure insolite a été raillée par la presse, a récemment participé à "Celebrity Apprentice" (Apprenti connu) l'émission de téléréalité d'une autre icône capillaire, le milliardaire Donald Trump.
L'Illinois et Chicago en particulier sont connus pour les liens incestueux entre argent et politique.
Cinq des neuf derniers gouverneurs de l'Etat ont été soit inculpés soit arrêtés pour corruption ou fraude et le prédécesseur de M. Blagojevich, le républicain George Ryan, purge actuellement une peine de six ans et demi de prison.
Le scandale n'a pas eu de conséquence pour l'image de Barack Obama, qui a toujours maintenu ses distances vis-à-vis de la machine démocrate de l'Illinois, a noté le politologue Michael Mezey, de l'Université DePaul à Chicago.