Arrivé il y a une semaine à Tripoli, le gouvernement d'union soutenu par l'ONU a engrangé depuis d'importants ralliements dont celui de la Banque centrale, de la compagnie pétrolière et de plusieurs villes libyennes.
Après la décision des autorités de Tripoli de lui céder le pouvoir, la Libye dispose maintenant de deux "gouvernements" au lieu de trois auparavant: celui d'union nationale siégeant à Tripoli et l'autorité basée dans l'Est du pays que la communauté internationale appelle aussi à céder le pouvoir à l'exécutif d'union.
Ce dernier, pour renforcer son pouvoir, a ordonné mercredi à la Banque centrale de "geler" tous les comptes appartenant à des ministères et des institutions publiques, que ce soit celles de l'Est du pays ou de Tripoli.
Ces derniers devront obtenir le feu vert du gouvernement d'union pour leurs dépenses.
Les salaires des fonctionnaires continueront toutefois à être payés normalement.
La Banque centrale libyenne à Tripoli a rallié le gouvernement d'union, un soutien financier de poids car celle-ci administre les ressources budgétaires et elle alimentait les comptes des deux autorités rivales jusqu'à présent.
Livrée aux milices depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, riche en pétrole, a sombré encore un peu plus dans le chaos quand deux autorités rivales ont commencé à se disputer le pouvoir en 2014.
Profitant de ces divisions, le groupe jihadiste Etat islamique s'est implanté dans le pays où il contrôle aujourd'hui la ville de Syrte, à l'est de Tripoli.
Inquiète du renforcement des jihadistes, la communauté internationale a fait pression pour la création d'un gouvernement d'union qui puisse restaurer un pouvoir central.
Ce dernier est né d'un accord signé sous l'égide de l'ONU au Maroc en décembre 2015.
Depuis son arrivée mercredi à Tripoli, le gouvernement d'union a reçu le soutien d'institutions clés comme la Banque centrale et la compagnie nationale pétrolière ainsi que celui de municipalités de villes de l'ouest et du sud libyens.
A l'étranger, la Tunisie voisine a annoncé lundi sa décision de rouvrir son ambassade à Tripoli, fermée en 2014 quand la ville était tombée aux mains de Fajr Libya.
Les pays européens avaient fait de même face au chaos grandissant mais mardi la France a également dit étudier un retour.
"La question du retour de nos ambassades est, évidemment, d'actualité", a déclaré mardi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.
Pour sa part, l'émissaire de l'ONU pour la Libye Martin Kobler a effectué mardi une visite à Tripoli où il a rencontré le Premier ministre désigné, un nouveau signe de l'autorité grandissante du gouvernement d'union appuyé par la communauté internationale.
Empêché à deux reprises récemment de venir dans la capitale libyenne par la coalition de milices qui a pris le contrôle de Tripoli à l'été 2014, M. Kobler a pu s'offrir une promenade dans les rues de la médina, discutant avec les habitants et posant pour des selfies, a constaté un journaliste de l'AFP.
Dans une déclaration à l'AFP, il s'est félicité de l'accueil "très chaleureux" reçu dans les rues de la capitale.
"Il reste beaucoup de questions sur le niveau de soutien populaire dont bénéficie le gouvernement d'union nationale, que ce soit à Tripoli ou dans l'Est", note toutefois une analyse du cabinet de consultants Soufan Group spécialisé dans le renseignement.