Le fort tangage de l’Observatoire de la compétitivité des ports marocains

A quoi bon un Observatoire de la compétitivité des ports marocains alors que Marsa Maroc est seul maître à bord


Hassan Bentaleb
Mardi 7 Février 2017

Qu’en est-il aujourd’hui de l’Observatoire de la compétitivité des ports marocains (OCPM) lancé en 2014 ? Qu’en est-il aussi de la phase de tests effectués sur les sites portuaires pilotes, à savoir Mohammedia, Casablanca et Jorf Lasfar ? L’OCPM sera-t-il opérationnalisé cette année comme annoncé par l'Agence nationale des ports (ANP) lors de son dernier conseil d’administration ? Rien n’est moins sûr selon Najib Charfaoui, enseignant et expert en questions maritimes, qui estime qu’il ne faut pas s’attendre à grandchose de cet observatoire qui manque d’une véritable identité et qui n’a pas d’objectifs clairs. D’après lui, la dénomination même de cet observatoire pose problème. «Comment peut-on parler de compétitivité dans des ports où il y a monopole ? Marsa Maroc gérant seul l’ensemble des ports marocains, de quelle compétitivité peut-il s’agir ? », s’est-il interrogé. Et de préciser : «Cette notion de compétitivité n’a aucun sens puisqu’elle dépasse les seules performances des ports et qu’elle est fortement liée à celles de l’économie nationale. Il aurait fallu créer un Conseil national portuaire et maritime qui n’aurait pas pour seule ambition de jauger la compétitivité des ports mais aussi d’établir une carte des navires en circulation dans le monde et se poser des questions sur la capacité de nos infrastructures à les accueillir». Notre source considère aussi que la dé- finition de la compétitivité sur laquelle se base ce projet d’observatoire est erronée et que ses initiateurs ne savent pas de quoi il s’agit. « Ces derniers comptent uniquement comparer les coûts de passage portuaires alors que l’essentiel réside dans l’évaluation du coût économique de ces passages pour notre pays. En d’autres termes, on doit d’abord mettre en place un tel outil pour évaluer les coûts du transport maritime des exportations et des importations du et vers le Maroc et les comparer avec ceux pratiqués dans d’autres pays », nous a-t-elle indiqué. Et de poursuivre : « C’est une question des plus cruciales puisque le transport maritime coûte annuellement 2 milliards de DH au Royaume selon l’Office des changes du fait que notre pays ne dispose pas de son propre armement. L’ANP ne se fait pas de soucis concernant les prix des marchandises importées ou exportées. Pour elle, l’essentiel est de faire payer chaque navire ayant accosté dans les ports marocains sans prendre en considération le fait que l’Etat doit mettre la main à la caisse lui aussi et puiser dans l’escarcelle des transferts des MRE et des recettes du tourisme et des phosphates ». Najib Charfaoui estime, par ailleurs, que si l’idée de créer l’OCPM a été envisagée dans l’objectif d’augmenter les recettes de l’ANP sans prendre compte de l’intérêt national, ce serait une erreur monumentale. «Le Maroc importe du blé, du pétrole, etc. via des navires qui imposent leur prix et du coup, il est légitime de se demander combien notre pays paie réellement pour chaque tonne de céréales importée ou pour l’exportation de chaque tonne de phosphate et combien il pourrait économiser en réduisant les coûts logistiques de ses importations et exportations», a-t-il précisé. Et d’ajouter : « C’est de l’argent public que l’on est en train de jeter par la fenêtre » Notre source est catégorique : le rôle que l’OCPM doit jouer consiste d’abord à réfléchir sur la possibilité de réduire les coûts d’un 1 milliard de DH par an. « L’ANP ne fait qu’augmenter les tarifs puisqu’elle détient le monopole mais le problème est que ce sont les opérateurs étrangers qui tirent profit de cette situation car chaque dollar dépensé les pousse à augmenter du double les prix des prestations qu’elles fournissent aux opérateurs marocains. Est-ce ainsi que l’on compte améliorer la compétitivité de l’économie nationale? », a-t-il conclu.


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