Le fondateur de Pegida jugé pour avoir insulté les réfugiés

Cinq membres présumés d'une organisation d'extrême droite arrêtés


Mercredi 20 Avril 2016

Le fondateur de Pegida jugé pour avoir insulté les réfugiés
Le procès du fondateur du mouvement islamophobe allemand Pegida, qui avait traité les réfugiés de "bétail", s'est ouvert mardi dans son fief de Dresde (est), dans un contexte de forte poussée de l'extrême droite au niveau national.
 Déjà condamné pour braquages, violences et trafic de cocaïne, détenu 14 mois en Allemagne après s'être enfui en Afrique du Sud, Lutz Bachmann, 43 ans, encourt de trois mois à cinq ans de prison.
 L'audience a débuté à 08H00 GMT pour ce procès, sous haute sécurité, étalé sur trois jours jusqu'au 10 mai.
Sourire aux lèvres, pantalon moutarde et lunettes sous forme de bandeau noir pour ironiquement masquer son visage face aux caméras, le fondateur de Pegida s'est présenté avec une centaine de partisans brandissant des panneaux "Merkel au tribunal" ou "Relaxe pour Lutz Bachmann !", pendant que des contre-manifestants scandaient, à bonne distance: "Bachmann en prison !". La justice reproche à Bachmann des propos postés en septembre 2014 sur sa page Facebook, décrivant les "réfugiés de guerre" comme du "bétail" ou de la "racaille", soit une "incitation à la haine" et une "atteinte à la dignité" aux yeux de l'accusation.
Lundi soir, lors du traditionnel rassemblement hebdomadaire de Pegida à Dresde, cet ancien cuisinier devenu patron d'une agence de communication n'a fait aucune allusion au procès mais a ironisé sur l'émoi suscité ces derniers jours en Allemagne par la menace de poursuites contre l'humoriste Jan Böhmermann, pour un poème traitant le président turc Recep Tayyip Erdogan de zoophile et de pédophile.
Les "Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident" (Pegida) avaient lancé leur mouvement à l'automne 2014 à Dresde, avec quelques centaines de personnes. Ils ont pris rapidement de l'ampleur avant de culminer après les attentats contre Charlie Hebdo, en janvier 2015.
 Mais le mouvement, après avoir tenté d'essaimer dans toute l'Allemagne et chez ses voisins, avait subi un coup d'arrêt avec la publication par le journal Bild de photos de M. Bachmann grimé en Adolf Hitler puis l'implosion de sa direction, avec le départ des plus modérés.
 Malgré un sursaut à l'automne dernier, porté par les inquiétudes suscitées par l'afflux des demandeurs d'asile en Allemagne, Pegida n'a pas renoué avec ses sommets et reste principalement cantonné à son berceau dans la capitale de l'Etat régional de Saxe, en ex-RDA.
En février, la présidente du parti Frauke Petry, venue elle aussi de Saxe, a suggéré que la police pouvait "en dernière instance" "avoir recours aux armes" pour protéger les frontières de l'afflux de migrants. Elle a aussi prôné le dialogue avec Lutz Bachmann.
 Ces accointances sont toutefois contestées en interne. Le chef de file de l'AfD dans le Bade-Wurtemberg, région prospère du Sud-Ouest, refuse ainsi tout rapprochement avec Pegida et se distancie des positions les plus islamophobes de son parti qui seront débattues dans dix jours lors d'un congrès.
 Par ailleurs, cinq membres présumés d'une organisation violente d'extrême droite, notamment soupçonnée d'avoir attaqué des foyers de réfugiés en Saxe (est de l'Allemagne), ont été arrêtés par la police, a annoncé mardi le parquet fédéral.
Tous de nationalité allemande et âgés entre 18 et 39 ans, les suspects sont soupçonnés d'avoir fait partie d'une organisation baptisée "Gruppe Freital" (du nom d'une commune de la proche banlieue de Dresde) menée par deux autres Allemands identifiés comme Timo S., 27 ans, et Patrick F., 24 ans.
 Ces deux hommes ainsi qu'un autre membre présumé du groupe avaient déjà été interpellés.
 Les membres du "Gruppe Freital" sont mis en cause pour tentative de meurtre, coups et blessures ainsi que fabrication d'engins explosifs.


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