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Cette année encore, le Festival ose les mélanges les plus audacieux à travers des fusions entre la culture gnaouie et des musiques de tous les continents. Le Maâlem Mustapha Baqbou et des musiciens de Bob Maghrib venus du Maroc revisiteront le patrimoine de Bob Marley. Quant à Sylvain Luc Trio, excellent guitariste français reconnu internationalement, il viendra partager ses accords avec le Maâlem Abdeslam Alikane et Tyour Gnaoua. Autre union, aux sonorités 100% marocaines : le Maâlem Mohamed Kouyou (Marrakech) et des musiciens de Mayara Band (Casablanca), jeunes artistes émergents sur la scène marocaine.
Parmi les concerts en solo, on compte sur Oumou Sangaré, grande dame malienne, fervente défenseuse des droits des femmes et Carlou D, jeune Sénégalais dont la musique est un mariage entre le blues, la salsa et la variété. Le Maâlem Mahmoud Guinea est l’un des plus emblématiques ambassadeurs de la musique gnaoua. Présent à la 13ème édition, il revient enflammer les foules pour l’anniversaire du Festival. A cette occasion, la manifestation entend rappeler à tous les racines africaines de cette musique : «Nous, Marocains, avons tendance à oublier ces origines sur le plan culturel surtout. Le Festival veut rappeler notre appartenance à ce continent. Le concert d’ouverture est d’ailleurs une fusion entre les gnaoua et une formation africaine, Djembe New style : un bel effet de sonorités, percussions et chants. Le son de l’Afrique sera mis à l’honneur dès le 21 juin», souligne Neila Tazi, directrice d’A3 communication qui a créé le Festival d’Essaouira.
Cette année, le début des festivités coïncide avec la Fête de la musique. Une manière de dire que les gnaoua ont leur place dans le patrimoine mondial de l’humanité. La musique, langage universel, est un biais par lequel on communique en préservant nos différences dans un écrin de tolérance. C’est pourquoi Essaouira milite pour que la culture gnaouie soit inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
Découverte, audace et réflexion
Les résidences d’artistes seront en nombre. La programmation est comme à son habitude riche en découvertes. Une rencontre entre le latin-jazz et la musique gnaoua, c’est ce que proposent les musiciens du groupe new-yorkais Querencia et le très charismatique Maâlem Abdelkebir Merchane. L’électro s’invite dans la danse et c’est une première. Ce sera le fruit du Mix Up Maroc, entre le Maaâlem Hassan Boussou, Nasser, groupe marseillais psychédélique et Mobidick, rappeur rbati. Essaouira peut se féliciter de marier tradition et technologies, bien plus complémentaires qu’il n’y paraît.
Mais s’il est une nouveauté cette année, c’est bien la place de la réflexion au sein du Festival. Parce que la musique est un chant qui véhicule des idées, des opinions, une table ronde aura lieu les 22 et 23 juin : «Société en mouvement, cultures en libertés». «Beaucoup d’artistes s’engagent dans leurs sociétés ou à travers le monde. Nous pourrons discuter de ce qui les pousse à entrer en politique pour changer les choses à un autre niveau», explique N. Tazi. Et un invité de marque viendra s’exprimer : Youssou N’Dour, artiste et ministre de la Culture au Sénégal. Mohamed Amine Sbihi, son homologue marocain, a également répondu présent, ainsi que le président du Conseil national des droits de l’Homme, Driss Yazami. Mais qui de mieux placés pour évoquer les liens entre culture et engagement que les artistes eux-mêmes : historiens, comédiens, journalistes et écrivains. Cette réflexion sera un des temps forts des rencontres d’Essaouira. Car c’est aussi par le dialogue, l’échange et la visibilité que la culture gnaouie a pu regagner ses lettres de noblesse.
«Il y a 20 ans, c’était une musique un peu boudée, on avait peur des gnaoua. On les disait dangereux. Aujourd’hui, ils ont un statut de musiciens et sont reconnus par les pays magrébins. Essaouira a donné un coup de pouce à cette culture qui le mérite. Le Festival a réhabilité l’image des gnaouis», conclut Karim Ziad, directeur artistique de l’évènement.