-
Débat constitutionnel initié par l’opposition ittihadie concernant le projet de loi relatif aux médicaments et à la parapharmacie
-
Le Maroc, un acteur clé dans le renforcement de la coopération africaine en matière de cybersécurité
-
Le Maroc, acteur clé dans la construction d'un avenir plus résilient et durable
-
Christophe Lecourtier : La France aspire à accompagner le développement soutenu du Maroc dans le domaine maritime
-
SM le Roi félicite M. Ahmed Al-Charaa à l'occasion de son accession à la présidence de la République arabe syrienne durant la période transitoire
Critique
Dans son intervention à la Chambre des représentants, le président du Groupe socialiste-Opposition ittihadie a sévèrement critiqué le projet de loi organique 97.15 relatif au droit de grève. Selon lui, ce texte est incompatible avec les principes d’un « Etat social ».
Pis, il estime que ledit projet peut être perçu comme une trahison des engagements gouvernementaux, notamment ceux inscrits à la page 59 de son programme, prévoyant la mise en œuvre des recommandations du nouveau modèle de développement (loi sur les syndicats, droit de grève, droits fondamentaux au travail, etc.). A ce propos il accuse le gouvernement d’avoir manqué une opportunité historique pour renforcer les droits des travailleurs et instaurer une législation équilibrée.
Absence
En outre, Chahid critique « l’absence de consultation réelle des partenaires sociaux (syndicats, travailleurs) dans l’élaboration de la loi » et souligne « le fossé entre les positions du gouvernement et celles des syndicats, qui rejettent unanimement ce projet ». D’après lui, « le gouvernement est accusé de privilégier une logique de majorité numérique plutôt qu’un dialogue démocratique inclusif » et d’«avoir renié ses promesses, notamment en ne respectant pas les recommandations du nouveau modèle de développement ».
L’intervenant dénonce également « un alignement du gouvernement sur les intérêts du patronat, au détriment des droits des travailleurs ». Il rappelle que « le droit de grève est un droit constitutionnel et le projet de loi actuel ne garantit pas son exercice dans un cadre équitable et juste ».
Manquements
Par ailleurs, Chahid affirme que « le gouvernement, malgré son slogan d’«Etat social», mène des politiques résolument libérales favorisant le capital au détriment des classes populaires ». Il ironise «sur l’incapacité du gouvernement à convaincre les acteurs sociaux et politiques, y compris les forces de gauche et les syndicats, qui ont tous voté contre le projet ». Le gouvernement est décrit même comme manquant de courage politique pour défendre les droits des travailleurs et garantir la primauté du droit.
Chahid déplore aussi « le manque de considération du gouvernement pour les 112 amendements proposés par l’opposition ». Il critique « les réponses hésitantes et isolées du gouvernement, qui confirment, selon lui, la prédominance d’une logique autoritaire et non démocratique ».
Le président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants tourne en dérision les réalisations du gouvernement, affirmant que celui-ci a « brassé du vent » pendant sept mois sans parvenir à convaincre qui que ce soit.
A la fin de son discours, Chahid a réaffirmé « l’engagement de l’opposition ittihadie en faveur d’un équilibre entre le droit de grève et la continuité du service public » et souligné « la nécessité de préserver les acquis démocratiques et les avancées en matière de droits et libertés tout en précisant que ledit projet de loi n’est pas à même de consacrer la justice sociale ou de refléter un véritable esprit de dialogue démocratique ».
Réussite
Des critiques que partagent plusieurs composantes de la société qui se sont mobilisées dans un mouvement de grève qui a été fortement réussi. Ainsi et selon un communiqué de l’UMT, « la participation de la classe ouvrière et des salariés au premier jour de cette grève syndicale a dépassé toutes les attentes, dans toutes les régions, provinces et villes du Maroc, et dans tous les secteurs professionnels, les administrations publiques et les établissements ».
Ledit communiqué précise que « dans toutes les régions, provinces et villes du Maroc, les employés et les salariés ont participé au premier jour de la grève générale nationale de 48 heures au cours de laquelle plusieurs secteurs économiques se sont arrêtés, y compris ceux des services, de l'agriculture et du commerce, ainsi que dans toutes les institutions, les départements et les bureaux du service public et des secteurs ministériels ».
« Ainsi, poursuivent les rédacteurs dudit communiqué, une paralysie totale a été enregistrée dans le secteur de l'éducation, toutes catégories et filières confondues, dans les universités, les écoles, les instituts supérieurs, les campus universitaires et les centres de formation, et dans toutes les institutions, centres et départements de formation professionnelle, ainsi que dans les hôpitaux universitaires, les centres de santé, les cliniques et de nombreuses cliniques médicales, le secteur des finances et les bureaux des impôts. L’activité a également été paralysée dans les différents services et bureaux des autorités locales des villes ainsi que des villages et des bourgades sur l'ensemble du territoire national ».
La grève a touché également les secteurs vitaux et stratégiques, la production et les services, tant publics que privés. «Toutes les installations portuaires, y compris le chargement et le déchargement, le remorquage et l'assistance aux navires, les camions porte-conteneurs, les entrepôts de céréales, la sécurité sociale, les entreprises de construction automobile, les institutions et administrations de sécurité sociale et de mutualité, l'énergie et l'Office national de l'électricité, les postes et télécommunications, le pétrole, le gaz et les matières assimilées, les banques et les établissements bancaires, l'immobilier, Royal Air Maroc et les aéroports, les compagnies régionales multiservices à l'échelle nationale, le textile et le cuir, les industries chimiques, le secteur de la construction et du ciment, les industries alimentaires, le commerce et les services, les mines, le phosphate et les métaux, les produits pharmaceutiques et l'industrie pharmaceutique », liste le communiqué.
Remise en cause
Pourtant, une question demeure : le gouvernement va-t-il tirer la leçon et revenir dans le droit chemin en ouvrant des négociations sincères et responsables sur les aspirations et les attentes légitimes de la classe ouvrière marocaine, et en délibérant de manière sérieuse et responsable avec l'UMT sur les dossiers et les questions qui nécessitent un traitement immédiat sans atermoiement ni tergiversation ?
A noter que ledit projet de loi a été approuvé par 84 voix pour et 20 voix contre, sans aucune abstention. Sachant que deux tiers des parlementaires étaient absents. Ce qui soulève des questions majeures sur le processus démocratique et la légitimité de cette décision.
Pour certains analystes, « cette absence est révélatrice d’un désintérêt ou d’un manque de priorité accordée à cette question. Elle remet en cause la représentativité du vote. Les décisions prises par une minorité de parlementaires ne reflètent pas nécessairement la volonté de l’ensemble des élus, et donc du peuple qu’ils sont censés représenter.
D’autres observateurs soutiennent que « cette absence massive peut être interprétée comme un manque d’engagement des parlementaires envers les questions sociales et les droits des travailleurs, pourtant fondamentales dans un Etat qui se veut social.
«Bien que le projet de loi ait été approuvé par 84 voix, ce chiffre semble faible au regard du nombre total des parlementaires. Cela soulève des doutes sur la légitimité démocratique du texte, d’autant plus que les absents n’ont pas exprimé leur position », nous a confié un syndicaliste. Et d’ajouter : « Une participation aussi faible suggère que le débat parlementaire n’a pas été suffisamment approfondi ou inclusif, ce qui est problématique pour un texte aussi sensible que celui sur le droit de grève.
Les 20 voix contre, bien que minoritaires, représentent une opposition significative. Leur position mériterait d’être entendue et prise en compte, d’autant plus que les syndicats et les forces de gauche ont exprimé leur rejet catégorique du projet ».
Hassan Bentaleb