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Que dire de tous ces intellectuels qui se révèlent être un groupe fort élitiste? Le premier pan sur leurs préférences nous apprend que dans l’ensemble, ils sont férus de lecture. Ainsi, dans le cadre de la fiction romanesque, ce sont les auteurs égyptiens tels que Taha Houssein ou Najib Mahfoud qui les passionnent le plus. Mais les Marocains ne sont pas en reste. D’ailleurs, le cinéaste Hicham Lasri affirme que Khair Eddine est son auteur fétiche alors que Moftakir Mohammed opte plutôt pour Abdelfattah Kilito.
Quant au cinéma, ils en font certes, mais cela ne les empêche pas d’apprécier celui des autres. Un œil critique de professionnels avertis. Bien évidemment, aucun d’entre eux ne conteste la qualité des œuvres des grands cinéastes internationaux tels qu’Alfred Hitchcok ou Ingmar Bergman. Paradoxalement, aucun cinéaste arabe ne trouve grâce à leurs yeux. Du côté des interprètes, leurs cœurs balancent entre le jeu sublime de la divine Eva Gardner et celui de Meryl streep. L’incontournable grande dame du cinéma arabe Faten Hamama n’a pas à se plaindre non plus. Son talent est très apprécié. Mais leur admiration est sans limites pour Marlon Brando ou Robert de Niro, les monstres sacrés du cinéma! Les Marocains Mohammed Habachi et Mohammed Skalli sont bien présents eux aussi.
S’ils n’étaient pas cinéastes, quel métier auraient-ils pu exercer? C’est incontestablement une vocation, car ils ont du mal à s’imaginer dans la peau d’un autre. A la rigueur, des métiers les rapprochant pourraient éventuellement les intéresser (les médias, les lettres, les arts…). Ils sont très attirés par la musique et ont de ce fait une oreille musicale. Toute une palette. Les belles mélodies d’Abdelhalim Hafed et de Mohammed Abdelwahab les emportent loin. Cela ne les empêche pas pour autant d’apprécier Nass el Ghiwane voire gnaoua qu’ils rejoignent parfois dans leurs transes.
Décidément, rien n’arrête Narrais qui n’hésite pas à pousser toutes les portes et s’efforce de sonder les moindres replis de leur âme. Du coup, les questions deviennent fort pertinentes. Leur rêve? A quoi ressemble-t-il ? S’il est la plupart du temps prosaïque comme faire un film ou adapter un livre au cinéma, il pourrait s’avérer parfois étrange comme celui de Narjiss Nejjar qui rêve de «rencontrer des humains». Très philosophique comme quête.
Et l’amour dans tout cela? En parler, c’est toucher une corde sensible. Un sentiment sublimé par la plupart d’entre eux qui vont jusqu’à le confondre avec la vie. Il n’en demeure pas moins que le parcours est jalonné de souffrances, de revers et de blessures. Il pourrait se conclure par un mariage qui est «…le plus sûr moyen d’étouffer l’amour» voire qui impliquerait «une complicité difficile». Preuve que les sondés ne se font pas une haute idée du mariage. Pire, il pourrait créer une situation «anormale» ou «instable».
Quelle relation entretiennent nos cinéastes avec l’argent? La plupart, sans pour autant le vénérer, en font un usage utile. D’autres le perçoivent comme un moyen pour accéder au bonheur et non comme une fin. Nabil Ayouche, pour sa part, regrette même qu’il soit hissé au rang de «valeur».
Rêver, aimer, se marier, c’est bien beau mais la mort est au bout du chemin. Une fin inéluctable que nos cinéastes n’appréhendent guère. Abdelkrim Derkaoui illustre admirablement cette façon de voir en déclarant qu’ « elle (la mort) est la bienvenue, quand elle veut, là où elle veut ». Elle est conçue également pour abréger les souffrances des humains, les rendre égaux voire permettre leur passage vers une autre existence.
Bref, à chacun sa mort, mais tous la voudraient douce !