La nouvelle version du derby a tenu toutes ses promesses grâce en grande partie d’abord au formidable public, et aux joueurs ensuite qui se sont engagés à fond dans le match. L’enjeu pour une fois n’a pas écrasé le jeu. Quant aux schémas tactiques adoptés par les deux coaches, ils peuvent prêter à discussion. Je persiste à penser que Romao n’a pas encore trouvé la meilleure formule pour mettre le Raja sur la voie de la performance ; je ne dis pas sur la voie du succès…Car dans la bonne tradition de l’école du Raja, le résultat est toujours secondaire par rapport à la qualité du jeu.
Or, les supporters du Raja souffrent depuis belle lurette de la disparition graduelle de ce qui fait la touche verte et qui a fait la gloire du club cher à Derb Soltane. Romao reste un bon tacticien…mais il fait souffrir tout le monde pour aboutir à un résultat minimal. Comme dimanche dernier où toute son intelligence a consisté à réaliser le nul depuis pratiquement la dixième minute. Reconnaissons par contre à Baddou Zaki, la grande évolution opérée dans le style de jeu du WAC. Cette année, le club widadi applique sous la houlette de Zaki un jeu plaisant, ouvert et pas du tout ennuyeux. Ennuyeux : voilà l’ennemi qui fait vider les tribunes. Les gens viennent au stade pour le plaisir du spectacle. Le résultat, c’est une affaire qui vient avec le temps et se construit dans la durée.
Zaki bénéficie en cela d’un effectif riche et varié. Il faut peut-être souligner le rôle clé attribué à Skouma, véritable plaque tournante du milieu de terrain rouge. C’est l’exemple même du joueur discret et efficace. Doté de qualités techniques intrinsèques, il a en outre un grand sens du jeu. Mobile, polyvalent, il a tous les atouts pour être le maître du jeu. En face, le Raja a aligné une équipe traversée de doute. Les joueurs rajaouis sont fidèles ainsi à leurs ainés : hyper-doués, tous les blocages chez eux passent par le mental. Un joueur rajaoui a souvent besoin de motivation ; pour le reste, il s’en charge. Le Raja dispose ainsi d’un joueur qui aurait dû être aujourd’hui l’un des meilleurs de sa génération, c’est Saïd Fettah. Technicien aux multiples facettes, il a été cantonné dimanche dans une fonction défensive alors qu’il est doté d’un grand sens de la relance. Son problème, il regarde du côté des tribunes plus que du côté du banc de touche.
Du coup, il perd souvent son sang froid et se retrouve renvoyé aux vestiaires. Dommage, car il aurait apporté à la ligne médiane rajaouie, la stature qui lui fait défaut jusqu’à présent.
Un point noir dans ce tableau, c’est le commentaire calamiteux des fonctionnaires de la télévision. Je citerai en particulier, le préposé à l’animation de « l’émission » Vestiaire sur Arriadia qui se comporte d’une manière indigne avec ses invités, notamment l’autre soir lorsqu’il recevait les deux supporters des deux clubs bidaouis.
Une arrogance qui frise l’impolitesse. Si la chaîne sportive piétine et tarde à trouver ses marques, on comprend pourquoi. Une autre intervention catastrophique, celle de Hassan Hariri qui n’arrive pas, depuis maintenant des années qu’il sévit sur Aloula, à faire le distinguo entre sa fonction de journaliste astreint à une certaine objectivité et impartialité et ses désirs de supporter : Hassan, on sait que tu es Widadi jusqu’à la moelle, mais tu es sur une télévision publique ; tu as des devoirs et des obligations envers l’ensemble des téléspectateurs. Y a-t-il un arbitre pour le rappeler à l’ordre ?!