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Le contribuable condamné à payer le prix de la mauvaise gouvernance de l’ONEELe gouvernement prépare un plan de sauvetageMercredi 21 Mai 2014
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Comme partout dans le monde, les Marocains, en tant que citoyens, paient leurs impôts et taxes et leurs factures, mais aussi le prix de la mauvaise gouvernance de certaines entreprises et administrations publiques. A la tête de ces entreprises symbole de mal gouvernance, on trouve le célèbre Office national de l’électricité et de l’eau (ONEE) qui continue à courir vers la banqueroute. Cela fait des années que tout le monde sait que la situation financière de cet établissement stratégique s’aggrave de jour en jour. Face à ce statu quo qui dure depuis des années mais qui s’est révélé au grand jour, le gouvernement est resté indifférent, avant que les premières indiscrétions sur un plan de sauvetage de l’Office ne commencent à tomber. En effet, le gouvernement est en train d’étudier les pistes envisageables pour un plan de sauvetage, présenté sous forme d’un contrat-programme entre l’Etat et l’Office pour quatre ans. Une réunion interministérielle qui devait avoir lieu lundi (19 mai) en présence du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, devait trancher sur ce dossier qui pèse sur la stratégie énergétique du pays. Jusqu’à l’écriture de ces lignes, rien n’a filtré sur ce qui a été décidé lors de cette réunion. Mais une chose est sûre : pour assainir cette situation et permettre à l’Office de retrouver son équilibre au bout de 4 ans, il a besoin de la mobilisation de plus de 40 milliards de DH. Cet effort sera supporté à hauteur de 50% par l’Etat et autant par l’Office et les usagers. Les usagers paieront double pour recevoir des services dont la qualité reste à relativiser. Premièrement, c’est par l’argent du contribuable que l’Etat supportera les 20 milliards de dirhams qui serviront à recapitaliser l’établissement, sans parler de la prise en charge du fuel utilisé par l’ONEE. Deuxièmement, il sera également victime d’une autre vague d’augmentations des prix des services offerts par l’Office. Les prix de l’électricité seront très prochainement augmentés. C’est au moins ce qu’a affirmé le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohammed Louafa. Ce dernier qui intervenait, récemment, lors d’une rencontre sur les mécanismes de stabilisation des prix pétroliers, à l’ISCAE à Casablanca, a annoncé qu’une nouvelle tarification sera appliquée à la tranche de consommation dépassant les 100 kwh. Notons, par ailleurs, que ce qui a permis d’envisager cette hausse est la situation financière on ne peut plus alarmante de cet établissement. Accumulant des années de dégradation progressive, l’Office est arrivé au point de tabler en 2013 sur des résultats d’exploitation qui ont été négatifs, (-923 millions de dirhams et -1,4 milliard de dirhams (MMDH) pour le secteur électrique). Les résultats nets négatifs se sont accumulés au cours des dernières années au point d’impacter le solde du capital devenu négatif de -4,26 MMDH dès le début de 2013. L’endettement n’est pas mieux loti puisqu’il a atteint 70 MMDH dont 18 MMDH comme dettes relatives à la Caisse interne de retraite. Ce qui a grossi le service de la dette qui a atteint 6,68 MMDH en 2013. Cela représente une grande part du chiffre d’affaires de la même année. Le déficit de la Caisse interne de retraite s’est aggravé pour totaliser -1,14 MMDH à la fin de 2013. De même, le déficit de trésorerie s’est alourdi pour atteindre -7,5 MMDH. Ce qui a impliqué l’accumulation des dettes des fournisseurs qui a dépassé à fin janvier dernier 2,3MMDH. Elles concernent 1.422 entreprises marocaines et 181 étrangères. La gabegie financière ayant conduit à cette situation catastrophique a été, pendant des années, cachée par le mécanisme de la compensation. Une réalité qui a été dévoilée au grand jour par les inspecteurs de la Cour des comptes dans leur dernier rapport. On comprend donc pourquoi le gouvernement aura finalement pris la mauvaise décision concernant le système de compensation. Au lieu de s’attaquer à l’essentiel et d’affronter les vrais problèmes, il a préféré faire payer aux contribuables et aux secteurs de l’économie nationale le prix de la mauvaise gestion de ce gouffre financier que sont les entreprises publiques. Dédié à l’origine aux couches les plus défavorisées, ce système «a dévié de sa vocation pour devenir un instrument de soutien à la compétitivité des entreprises, voire un palliatif à leur non-compétitivité, masquant ainsi la vérité des coûts de production de certaines industries ou même un substitut à la révision des tarifs de l’électricité », relève le dernier rapport de la Cour des comptes.
Mohammed Taleb
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