Depuis fin août, plus de 600.000 réfugiés rohingyas qui vivaient en Etat Rakhine dans l'ouest de la Birmanie se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir une campagne de répression de l'armée birmane.
Le retour de ces réfugiés est au cœur de discussions commencées il y a plusieurs semaines entre les pays et l'un des points sur lesquels insiste la communauté internationale.
Le Bangladesh a toujours dit que tous les Rohingyas ayant trouvé refuge sur son territoire avaient vocation à rentrer en Birmanie.
Mais pour le chef de l'armée birmane, qui est à la manœuvre dans cette région, "l'accent doit être mis sur le souhait de l'ethnie Rakhine (bouddhiste) car ce sont les véritables citoyens birmans".
"Il est impossible d'accepter le nombre de personnes proposées par le Bangladesh", a-t-il affirmé dans un post publié sur son compte Facebook.
En visite dans le pays, mercredi, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a salué l'engagement de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi à permettre le retour des personnes qui ont fui.
Les Rohingyas représentent la plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire.
Victimes de discriminations, ils n'ont pas de papiers d'identité, ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux dans ce pays à majorité bouddhiste où les musulmans sont largement vus comme une menace à l'identité nationale.
Le prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi doit composer avec une armée sur laquelle elle n'a pas réellement de pouvoir et une opinion publique largement xénophobe et antimusulmane.
Arrivée au pouvoir en 2016 après un triomphe lors des premières élections libres depuis des décennies, la dirigeante birmane n'a pas la main sur certains ministères cruciaux - Intérieur, Défense et Frontières - toujours dirigés par l'armée birmane.
Par ailleurs, Human Rights Watch accuse jeudi les forces de sécurité birmanes d'avoir systématiquement violé des femmes et jeunes filles dans le cadre de leur campagne de répression contre la minorité musulmane rohingya ces trois derniers mois.
Le rapport publié par l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York conforte les accusations déjà formulées dimanche par Pramila Patten, représentante spéciale des Nations unies chargée de la question des violences sexuelles en période de conflit.
Pramila Patten a estimé que les violences sexuelles contre les Rohingyas avaient été "ordonnées, orchestrées et perpétrées par les forces armées birmanes". Elle a annoncé son intention de saisir la Cour pénale internationale.