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Il est un peu plus de 22 heures ce lundi 23 avril lorsque tombe la très salvatrice dépêche MAP sous forme de mise au point du chef de gouvernement. «Mes propos ont été déviés de leur contexte et dénaturés», soutient le leader islamiste avant de s’empresser de préciser que «la démocratie marocaine est une démocratie participative basée sur la coopération entre les institutions constitutionnelles, sous la conduite et les orientations de SM le Roi Mohammed VI, que Dieu le préserve ».
Officiellement, la mise au point est adressée à l’agence de presse Reuters, qui la recevra d’ailleurs par courriel. Elle est aussi et surtout destinée à l’entourage Royal qui s’est estimé égratigné par M. Benkirane, dimanche lors d’une réunion du PJD consacrée à l’amendement du statut de ce parti en plein préparatif de son prochain congrès. Probablement pour galvaniser ses troupes, celui qui préside aux destinées du PJD a évoqué « les fortes poches de résistance qui s’opposent aux réformes parce que leurs intérêts sont en péril ». Le chemin sera long et difficile, a-t-il ajouté avant de mettre en garde contre «le retour du Printemps arabe», qui «n’est pas terminé», une allusion à peine voilée à de nouvelles manifestations qui pourraient de nouveau investir la rue marocaine.
Si ces propos du chef de gouvernement sont rapportés, lundi 23 avril, par «Attajdid», le journal porte-parole des islamistes du gouvernement rend compte de manière plus nuancée de la mise en cause de l’entourage Royal : ce dernier n’est pas clairement désigné mais l’allusion est claire pour ceux qui savent lire entre les lignes. A l’évidence, les propos tenus par Abdelilah Benkirane devant ses militants sont passés par le filtre politique avant publication. « Il y a visiblement un double discours chez ces gens-là : un discours pour une consommation partisane qui s’adresse à des militants que l’on chauffe à blanc, et un autre, plus édulcoré qui est en direction du Pouvoir. Faut-il en conclure que la politique et l’honnêteté intellectuelle ne font pas bon ménage ? », s’interroge un cacique de l’Union socialiste des forces populaires.
Ce même lundi, un quotidien arabophone de la place ne s’embarrasse pas des mêmes précautions pour publier les déclarations du chef de gouvernement. « Dans ce pays, même la monarchie a besoin de citoyens qui réclament des réformes (…) Les rois ne sont pas toujours entourés par les bonnes personnes. Ils peuvent en effet être entourés d’ennemis qui seront les premiers à les abandonner ». A en croire ce journal de la presse privée marocaine, c’est ce qu’aurait déclaré le Premier ministre à ses militants.
Le bureau de Rabat de Reuters s’empare de ces déclarations au sommet et en fait une information qui, en quelques minutes, fait le tour du monde. « Prémices d’une confrontation entre le chef de gouvernement marocain et l’entourage royal », titre la dépêche de l’agence de presse britannique en rapportant que « le Premier ministre marocain est sorti de sa traditionnelle réserve et a critiqué l’entourage du Roi ».
Une rencontre de la majorité sur les cahiers des charges ce soir
Au fil des heures, ce qui était un compte rendu «local» d’une réunion du PJD se transforme en crise politique. Très vite dans la soirée de lundi, les propos de M. Benkirane tournent en boucle dans les médias internationaux, repris par les versions électroniques de RFI, le Nouvel Observateur, le Monde, l’Orient Le jour, etc.
Il est un peu plus de 22 heures lorsque tombe la mise au point du chef de gouvernement sur le fil de la MAP. M. Benkirane s’y adonne à un nouvel exercice, entre mise au point et démenti. Les propos rapportés ont été sortis de leur contexte et dénaturés. A aucun moment, le chef de gouvernement ne dément de manière formelle et solennelle avoir mis en cause le premier cercle du Souverain. La dernière phrase de sa mise au point a de forts accents de rappel à l’ordre : au Maroc, la démocratie n’est pas le fait d’une seule partie mais le fruit de la coopération entre les institutions constitutionnelles « sous la conduite et les orientations de SM le Roi Mohammed VI ». « Autrement dit, le Roi est partie prenante du processus démocratique qu’il conduit et oriente et conformément à la Constitution et aux prérogatives qui sont celles du Souverain, le Roi ne fait pas que régner, il gouverne aussi. Il était bon que le chef de gouvernement s’en rappelle», commente un politologue.
A l’origine de cette crise évitée de justesse avec le palais, les vives réactions suscitées par les nouveaux cahiers des charges de la SNRT et de 2M, élaborés par le ministre PJD de la Communication et visant clairement l’islamisation des médias publics. Un coup de force dénoncé y compris par les partis de la coalition gouvernementale qui en appellent à la tenue d’un débat public sur les médias publics et leur nécessaire indépendance du pouvoir exécutif. Ce mardi soir, la majorité devait tenir une rencontre informelle -48 heures avant le Conseil de gouvernement- pour débattre de nouveaux cahiers auxquels le gouvernement n’a pas été associé.
Lundi, sous la Coupole, la séance des questions orales a été dans une grande partie consacrée à ces cahiers des charges. Interpellé, El Khalfi a multiplié les gages de bonne foi sans convaincre grand monde. Sauf les députés du PJD qui ont réclamé le départ des patrons de 2M et menacé, de nouveau, de sortir manifester dans les rues si leurs cahiers des charges (et leur vision de la société) n’étaient pas appliqués…