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Le championnat turc attractif plus que jamais pour les footballeurs marocains

Après Dirar et Boutayeb, Belhanda et El Kaoutari dans le viseur de Galatasaray

Mercredi 21 Juin 2017

Cet été, Khalid Boutayeb et Nabil Dirar ont quitté la Ligue 1 française pour poser leurs valises dans le championnat turc. Si ce choix de destination peut surprendre à première vue, il recèle une logique autant sportive qu’économique. Décryptage
S’il a été secoué par un scandale sans précédent, qui a mis sous les projecteurs une vaste affaire de corruption en 2011, le football turc est parvenu en 5 ans, à s’extirper des méandres de ce cauchemar. Surtout, il a réussi à développer un pouvoir d’attractivité magnétisant les stars étrangères, alors qu’il était jusque-là étiqueté comme une compétition synonyme de dernier défi pour les vétérans ou une quête de rachat pour les grands espoirs déchus. Les joueurs africains, aussi, sont de plus en plus nombreux  à suivre les pas du Nigerian «Jay-Jay» Okocha, une des premières grandes stars du football africain à avoir choisi la Turquie, où il est devenu une célébrité. La présence de 6 joueurs marocains, dont l’emblématique Aatif Chahechouhe, meilleur buteur lors de la saison 2015-2016, auxquels il faut ajouter les récentes arrivées de Nabil Dirar dans le club stambouliote de Fenerbahcé et Khalid Boutayeb à Yeni Malatyaspor, en attendant les probables signatures d’Ahmed El Kaoutari et Younes Belhanda, tous deux pressentis à Galatasaray, ont participé à grossir le contingent de joueurs marocains dans le pays d’Atatürk et donc apparaître dont le top 10 des pays qui comptent le plus de joueurs marocains, classement dominé par les Pays-Bas (55 joueurs). Les causes de cette subite attractivité posent question. Tient-elle son origine dans les stades blindés, l’ambiance de dingue, la culture foot ou les meilleurs kebabs du monde ? Peut-être. Parce que le championnat, contrairement à ce que l’on peut penser, est relativement homogène et en nette progression? Peut-être aussi. Mais davantage, parce que l’économie turque affiche une croissance rare et un taux d’imposition avantageux. C’est indéniable.

Marché croissant
et salaires abondants

Epargné par la fameuse crise économique du nouveau millénaire, le pays affiche une croissance affolante depuis quelques années. 8,9% en 2010, 8,5% en 2011. En 2016, elle était en net recul, avec «seulement» 2,9%. À titre de comparaison, la France, elle, affiche en 2014 et 2015, des chiffres de 1,5 ; 1,7 et pour 2016… 0,3%. Une tendance maussade, se situant à peu près dans la moyenne européenne. L’impact sur le football est simple à observer. La consommation du football par les Turcs (télé, merchandising, billetterie) est en plein boom. Les clubs peuvent ainsi profiter d’offres plus lucratives de la part de leurs sponsors et des distributeurs. Notamment les droits télévisuels, récemment décrochés par Digiturk, bouquet de télévision payant par satellite, dont les prix se sont envolés, en passant de 160 (2008-2010) à près de 600 millions d’euros (2017-2022). Des sommes astronomiques qui profitent particulièrement aux grands clubs stambouliotes. Ils rassemblent plus de 20 millions de fans rien que sur Facebook et sont dirigés par des hommes fortunés, qui n’hésitent pas à réinvestir cet argent sur le marché des transferts. La fiscalité avantageuse est, elle aussi,  le moteur du nouvel essor que connaît le championnat turc. En effet, depuis 2003, les footballeurs profitent d’un taux d’imposition imbattable qui ponctionne seulement 15% de leurs revenus annuels (la France est à 46%). Voilà qui donne du sens aux 4 millions d’euros investis par le Fener’ dans le rachat de la dernière année de contrat de Nabil Dirar, assorti d’un salaire annuel de 3 millions d’euros net par an jusqu’en 2021. De même pour Khalid Boutayeb, qui aurait vu son salaire triplé d’un promu, Strasbourg (Ligue 1), à un autre, Yeni Malatyaspor.

Allègement des quotas
de joueurs étrangers en Süper Lig

Une histoire de quota a freiné pendant de longues années l’afflux des joueurs étrangers, africains et en l’occurrence marocains dans la Süper Lig. Les clubs turcs de l’élite ne pouvaient pas abriter plus de huit joueurs étrangers dans leurs groupes professionnels. Mais la pression de plus en plus pesante opérée par les grands clubs, soucieux d’accroître leurs compétitivités sur la scènes européenne, a forcé la fédération turque à prendre en 2015-2016, la décision d’accorder aux équipes la possibilité de posséder dans leurs effectifs jusqu’à 14 joueurs étrangers. Mais encore, 11 éléments étrangers pourront être inclus sur la feuille de match.

Un challenge sportif séduisant
L’aspect sportif présente aussi des avantages. La ligue turque est connue pour ses stades blindés, ses ambiances folles à toutes les rencontres, surtout pour les géants stambouliotes que sont Besiktas, Fenerbahçe et Galatasaray, trois clubs qui participent régulièrement aux joutes européennes (Champions League et League Europa). Puis il y a la qualité du championnat. Une compétition dominicale qui tord le cou aux idées reçues et ne se limite pas aux géants d’Istanbul. Bien que ces dernières aient trusté 54 des 61 derniers couronnes de champions, plusieurs équipes mènent constamment la vie dure aux mastodontes du Bosphore : Kasimpasa, Antalyaspor, Bursapspor ou l’historique Trabzonspor. En somme, une hégémonie qui se mue petit à petit en homogénéité et féroce concurrence.
Un argument supplémentaire pour expliquer la nouvelle tendance des footballeurs marocains, à sérieusement considérer cette opportunité footballistique. On pourrait définir le championnat turc ainsi : il possède l’attractivité sportive d’un championnat d’Europe de l’ouest, et l’attractivité économique d’un championnat du Moyen-Orient,  parce que la Turquie, à l’image de sa position géographique est entre les deux. Qui plus est, en associant tous ses avantages à celui d’une pratique commode de la religion musulmane, car les lieux de culte fleurissent dans Constantinople l’historique (2 mosquées au m²), il tient de l’évidence que la Turquie soit devenue une destination adoubée par les footballeurs marocains.

Chady Chhabi (Stagiaire)

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