Le cèdre de l’Atlas, remède miracle pour forêts improductives et dégradées


Chady Chaabi
Vendredi 16 Mars 2018

Le cèdre de l’Atlas, remède miracle pour forêts improductives et dégradées
A l’approche du printemps et de la Journée internationale des forêts,
il conviendrait de profiter de cette période verte pour redécouvrir les joyaux aussi rares que magnifiques dont jouit le Royaume et plus précisément
les massifs forestiers. Second volet de notre exploration, le cèdre de l’Atlas.


Si l’on devait désigner, à travers le prisme écologique, un point commun singulier entre l’Himalaya, le Liban, Chypre et le Maroc, nul doute que notre regard se portera sur un arbre d’une rare beauté. Car les massifs montagneux qui ornent ces territoires sont propices à la prolifération d’une espèce qui donne le vertige : le cèdre.
Les cimes marocaines, creuset d’écosystèmes cossus et variés, accueillent cet arbre d’une longévité considérable dépassant allégrement le millénaire. Dans le Rif, son aire, d’une superficie de 15 000 ha est localisée à Targuist et Kétama. Les montagnes de Taza (Bou Iblane, Tazekka) représentent son terrain de prédilection dans le Moyen Atlas (120 000 ha), à l’instar de la partie centrale de cette chaîne où l’on trouve les plus beaux boisements du Maroc (Ifrane, Azrou, Itzer, Khénifra). Pareillement, dans le Haut Atlas oriental, on peut admirer de majestueuses cédraies généralement très âgées, individualisées en petits îlots à Jbel El Ayachi et le Masker (23 000 ha).
Le cèdre est un arbre éminemment capricieux de par sa régénération aléatoire qui demande l’alignement de moult conditions climatiques et écologiques, même s’il peut s’accommoder indifféremment de toutes les formations géologiques. Il trouve son optimum au sein d’un climat méditerranéen humide froid à continentalité légèrement accentuée (850 à 1.200 mm). Il peut également être présent dans l’étage subhumide. Son altitude va de 1.350-1.400 m dans le Rif à 2.600-2.800 m dans le Haut Atlas oriental.
Parfois surnommé cèdre bleu ou cèdre argenté, son imposante allure égale souvent les 30 à 40 mètres. Ses rameaux dressés et ses aiguilles courtes, peu pointues et persistantes, contraste avec celles des autres espèces de cèdre.
Depuis la haute Antiquité (de -3250 à -600), son bois d’œuvre est connu et apprécié. En étant pourvu de toutes les caractéristiques des résineux d’Europe, à l’exception de la résistance au choc, son bois de qualité est utilisé en ébénisterie, menuiserie et charpente. Aussi peut-il l’être dans la fabrication de poteaux téléphoniques, du bois de mine et des perches, mais également en industrie, où sa distillation industrielle donne une gamme de produits pharmaceutiques et aromatiques.
Mais l’intérêt le plus prononcé pour le cèdre est mû par ses possibilités comme essence de base pour la reconstitution et la valorisation des forêts improductives ou dégradées en dehors de son aire.
Heureusement, quand il s’agit de carbonisation en configuration bois de feu, il est peu performant, voire médiocre. Soit en filigrane, un élément de nuisances en moins. Car le cèdre de l’Atlas est guetté par plusieurs ennemis. Outre les incendies qui ravagent les forêts quelle que soit leur nature et sans distinctions, les champignons et les insectes se révèlent de féroces antagonistes, vu qu’ils s’attaquent à son bois et en déprécient un nombre colossal.  
Il y a près de 30 ans, en 1987 plus précisément, dans l’optique de préserver ce joyaux naturel, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a mis en place un réseau de recherche sur le cèdre dans le cadre de la commission des questions forestières méditerranéennes "Silva mediterranea".  Depuis, ce dernier a établi un programme d'action et développé de nombreuses activités qui ont contribué au progrès de la connaissance du cèdre et des cédraies dans les pays du pourtour méditerranéen, dont on peut citer, la poursuite de la collecte des graines des différentes espèces et provenance et leur distribution à tous les membres du réseau, la publication d'un catalogue des régions de provenances, très utile pour les reboiseurs et les scientifiques de la région, la réactivation de l'inventaire des travaux de recherche en cours dans la région et la création d'une base de données pour consolider les informations et permettre des échanges entre les membres du réseau, mais aussi la création d'une page d'accueil sur Internet pour améliorer la communication, l’échange d'informations et mettre en commun les résultats de la recherche.
Comme la nature ne fait rien en vain, le cèdre de l’Atlas dont elle nous a fait don est sans aucun doute, une aubaine pour approfondir nos liens affectifs avec notre environnement. Car, en paraphrasant un écrivain Canadien, l’espoir de l’avenir, il est dans la nature et les hommes qui y restent fidèles.


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