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« Ces augmentations datent d’avant le mois sacré et même s’il y avait certains réajustements des prix, la tendance reste jusqu’aujourd’hui à la hausse », nous a indiqué un commerçant de détail casablancais avant d’ajouter : « Par conséquent, notre marge bénéficiaire s’est beaucoup rétrécie. Elle ne dépasse pas aujourd’hui les 10, 15 ou 20 DH ». Selon lui, cette montée des prix s’explique par la sécheresse et les mauvaises conditions métrologiques qui ont entraîné une très mauvaise récolte. Un constat que ne partage pas cet autre commerçant casablancais qui estime que la récolte de cette année n’a pas été si mauvaise. « Il faut observer le rythme d’approvisionnement des halles de blé à Casablanca pour s’en rendre compte. On n’a jamais constaté la moindre rupture de stocks. S’il y a tension sur les prix, cela est dû aux spéculateurs », nous a-t-il expliqué.
Des propos qu’Aatifi Baydoun, un agriculteur de Safi, juge infondés. Pour lui, il ne faut pas se voiler la face. La campagne agricole de cette année a été plutôt déficitaire. A preuve, sur cinq régions agricoles (Chaouia, Abda-Doukala, Tansift, Souss), seule Abda en est sortie indemne. En effet, elle a enregistré une récolte plus ou moins bonne. « On arrive à atteindre 40 quintaux/hectare. Des chiffres qui restent en dessous des potentiels de la région», a-t-il regretté.
Pourtant, notre source a tenu à préciser que même à Abda, les stocks de blé manquent. Selon lui, un kilogramme de blé se vend aujourd’hui à 3,5 DH contre 2 DH auparavant. Aux minoteries, il coûte 6 DH/kg.
Faut-il s’attendre à d’autres hausses des prix ? « Rien n’est moins sûr», nous ont répondu certains commerçants casablancais vu l’incertitude qui plane sur les cours de blé au niveau international.
Des inquiétudes que ne partagent pas Marcel Mazoyer, ingénieur agronome et professeur émérite à AgroParisTech, qui a affirmé sur le site Atlentico, qu’il n’y a pas d’envolée des prix mais une variation interannuelle normale. D’après lui, on parle d’une envolée des prix quand le cours d’une denrée double ou triple. « En 1972-73 par exemple, le prix du blé, du maïs et du soja est passé de 200 euros la tonne à 600 euros. Plus récemment, en 2007-2008, le prix du blé est passé de 100 euros la tonne à 300. Le prix a été multiplié par trois. Là, on fait face à une augmentation des prix comme il s’en produit quasiment une année sur trois. L’amplitude est beaucoup plus faible, de l’ordre de 20 à 30 % du prix de l’année dernière. Le prix au mois de juillet d’une tonne de blé était de 200 euros, contre 250 au mois d’août », a-t-il expliqué.
Selon lui, le monde connaît une baisse historique du prix des produits agricoles depuis la Seconde Guerre mondiale. Le coût de revient des denrées produites par les entreprises les plus compétitives, seules capables d’exporter sur un marché international limité (10% de la production mondiale), a été divisé par plus de 6. Et, par conséquent, le prix international réel de ces mêmes denrées a aussi été divisé par 6.
Au lendemain de la guerre, la tonne de blé était à 600 euros ; au début des années 2000, on est parfois tombé à moins de 100 euros la tonne sur le marché international.
Cette chute des prix s’explique par la modernisation de l’agriculture qui approvisionne le marché international. Au cours des années 80, le prix à la tonne baisse à nouveau malgré la crise de 72. De nombreux investisseurs venus de tous les horizons, ont profité de la libéralisation des politiques agricoles et des échanges agricoles internationaux pour installer de grandes entreprises agricoles dans les pays peu ou pas exploités, où les prix de la terre et de la main-d’œuvre sont extrêmement bas.