Le bilan implacable du tourisme au Maroc dressé par le Groupe socialiste-Opposition ittihadie : Appel à une réforme profonde


Mehdi.O.
Jeudi 30 Janvier 2025

Le bilan implacable du tourisme au Maroc dressé par le Groupe socialiste-Opposition ittihadie :  Appel à une réforme profonde
Lors de la séance consacrée aux questions orales mensuelles au sujet de la politique générale, tenue lundi sous le thème "Les grandes orientations de la politique touristique au Maroc", Fadel Beras, député du Groupe socialiste – Opposition ittihadie à la Chambre des représentants, a pris la parole pour livrer un diagnostic percutant et sans concession sur l’état du secteur touristique marocain.

En dressant un tableau riche en  détails et données, il a mis en lumière les multiples dysfonctionnements qui freinent l’essor d’un secteur pourtant stratégique pour l’économie nationale.  

Le député ittihadi a notamment interpellé le gouvernement sur le rôle de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), une institution clé chargée de piloter les études stratégiques et de promouvoir les investissements touristiques.

Mais après 17 ans d’existence, cette entité ne serait qu’une coquille vide, selon Fadel Beras. «Elle ne porte d’ingénierie que le nom», a-t-il déclaré, fustigeant des résultats jugés modestes et une exploitation limitée des études réalisées, loin de répondre aux défis réels du secteur. Il a, à cet égard, appelé à inscrire la SMIT et d’autres institutions publiques dans le cadre du chantier de réforme structurelle du secteur public.

D’après lui, il est impératif de revoir leur modèle économique et leur gouvernance pour leur permettre de jouer un rôle moteur dans la vision stratégique du tourisme marocain.
Fadel Beras a également dénoncé l’absence de stratégies marketing adaptées aux nouvelles tendances.

Alors que les touristes modernes recherchent des expériences uniques et originales, le Maroc s’appuie encore sur des outils traditionnels, sous-exploitant les possibilités offertes par la digitalisation. Ce retard constitue une occasion manquée pour positionner le Maroc comme une destination attractive et innovante, affirme le député qui a aussi mis l’accent sur la sous-valorisation du patrimoine historique et culturel.

Malgré l’existence d’une carte nationale des monuments historiques, celle-ci reste peu exploitée, privant le pays d’une opportunité de diversifier son offre touristique et de mieux intégrer sa richesse culturelle dans son image de marque. «Combien de visiteurs potentiels passent à côté de nos médinas et de nos sites historiques faute de mise en valeur efficace ?», s’est-il interrogé.

Le parlementaire usfpéiste n’a pas manqué de souligner les insuffisances criantes en matière d’infrastructures. Bien que la feuille de route 2023-2026 ait été dévoilée avec ambition, les projets qu’elle annonce peinent à voir le jour. Une lacune particulièrement problématique à l’approche de la Coupe du monde 2030, où le Maroc sera sous les feux des projecteurs.

Le manque de connexions intérieures est une autre pierre d’achoppement. Si des partenariats ont été conclus avec des compagnies aériennes low cost pour renforcer l’accessibilité, les infrastructures de transport terrestre restent inadéquates.

Cette situation entrave non seulement l’expérience des touristes étrangers, mais également le développement du tourisme intérieur, victime de tarifs élevés et de prestations souvent jugées insatisfaisantes, estime le parlementaire.

Le Groupe socialiste – Opposition ittihadie, par la voix de Fadel Beras, a identifié plusieurs dysfonctionnements majeurs. Selon lui, la formation des ressources humaines se révèle largement insuffisante, les programmes adaptés pour les professionnels du tourisme faisant cruellement défaut.

Cette lacune impacte directement la qualité des services offerts, notamment par les guides touristiques qui, pour le député, devraient incarner de véritables ambassadeurs culturels.
Or, ils pâtissent d’un déficit de formation linguistique et culturelle qui limite leur capacité à répondre aux normes internationales. Fadel Beras a également dénoncé l’absence de soutien à la créativité artisanale, un domaine pourtant emblématique du Maroc sur la scène internationale.

Les artisans peinent à bénéficier d’une stratégie de promotion cohérente et manquent d’accès aux foires internationales, ce qui réduit considérablement la compétitivité des produits artisanaux marocains à l’échelle mondiale.

Parmi les lacunes profondes, le membre du Groupe socialiste – Opposition ittihadie a aussi mis en lumière le manque criant de diversification de l’offre touristique, encore largement dominée par le tourisme balnéaire.

Cette dépendance néglige des segments pourtant prometteurs, tels que le tourisme culturel, écologique, saharien ou encore sportif. Selon lui, une diversification stratégique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives et attirer une clientèle variée, contribuant ainsi à la résilience et à la compétitivité du secteur.

En outre, la question de l’iniquité territoriale a été soulevée avec vigueur. Fadel Beras a pointé du doigt le faible taux de réalisation des projets phares tels que le «Plan Azur», destiné à créer six stations balnéaires. En vingt ans, les capacités d’hébergement prévues dans ces projets n’ont été réalisées qu’à hauteur de 15%, un taux alarmant qui témoigne des retards accumulés.

Ce constat a conduit le député à s’interroger sur le potentiel inexploité de certaines destinations, telles qu’Al Hoceïma, qui ne fonctionnent véritablement que deux mois par an, avant de sombrer dans une léthargie totale le reste de l’année.

Le député ittihadi a conclu sur une note alarmante : les dépenses des Marocains relatives aux voyages à l’étranger, atteignant 14 milliards de dirhams au premier semestre 2024, sont symptomatiques d’un secteur incapable de retenir ses propres citoyens.

Cette fuite des devises pourrait être enrayée, selon lui, par des incitations fiscales et des réformes visant à rendre le tourisme local plus attractif. «Si le Maroc aspire à accueillir 26 millions de touristes d’ici 2030 et à se hisser parmi les 15 premières destinations mondiales, il faut cesser de tergiverser», a-t-il martelé.

Mehdi.O.


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