Le Venezuela au bord de l'explosion

Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive


Mardi 17 Mai 2016

Le Venezuela semble au bord de l'explosion : le pays, possédant les plus importantes réserves de pétrole du monde, est en état d'exception, décrété par le président Nicolas Maduro, qui doit faire face au mécontentement croissant de la population dû à la situation économique.
"Nous savons qu'une crise est sur le point d'arriver", a commenté un membre du renseignement américain cité vendredi par le Washington Post. Voici ce qui se passe et ce qui pourrait arriver:
Nicolas Maduro a annoncé l'"état d'exception et d'urgence économique" dans la nuit de vendredi à samedi, affirmant qu'il entrait en vigueur pour 90 jours et qu'il le prorogerait jusqu'en 2017.
Il n'a pas détaillé le contenu du décret qui devrait être publié lundi et qui prolonge un "décret d'urgence économique" en vigueur depuis la mi-janvier et qui expirait samedi.
Il a toutefois annoncé des manœuvres militaires la semaine prochaine pour affronter ce qu'il dénonce comme une "menace extérieure", faisant référence aux Etats-Unis, qui justifie selon lui l'état d'exception.
L'armée vénézuélienne a publié samedi un communiqué pour exprimer son "rejet le plus ferme et catégorique de la campagne systématique qui consiste à discréditer et provoquer, orchestrée depuis l'étranger".
Nicolas Maduro a également ordonné samedi la saisie des usines "paralysées par la bourgeoisie" et l'emprisonnement des entrepreneurs accusés de "saboter le pays".
Le Venezuela, autrefois riche producteur pétrolier grâce à ses réserves, les plus importantes au monde, est plongé dans une grave crise avec la chute des cours du brut, qui apporte 96% de ses devises.
Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive. Un recul similaire et une inflation atteignant les 700% sont anticipés pour 2016.
Coupures d'électricité quotidiennes, services publics opérationnels uniquement deux jours par semaine, pillages de commerces, protestations, lynchages : la situation devient chaque jour un peu plus chaotique. L'Etat pourrait être en défaut de paiement d'ici quelques mois.
Des manifestations, aussi bien contre le gouvernement que pour le soutenir, ont eu lieu. Des pillages ont aussi été rapportés, et le rationnement de l'électricité imposé pour faire face à la crise énergétique alimente un énorme mécontentement.
Pour le moment, il n'y a pas de conflit ouvert dans les rues, mais les craintes d'une explosion sociale augmentent. Pour maintenir l'ordre, Nicolas Maduro compte sur la police et l'armée.
Le président vénézuélien est impopulaire : selon l'institut Datanalisis, sept Vénézuéliens sur dix désapprouvent sa politique.
Le bras de fer entre chavistes et anti-chavistes s'est accentué depuis que l'opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus d'un référendum pour révoquer le président, qu'elle espère organiser d'ici fin 2016.
Mais le gouvernement a rejeté dimanche le référendum exigé par l'opposition, majoritaire aux trois cinquièmes au Congrès depuis les élections législatives de décembre.
Les autorités électorales doivent encore se prononcer officiellement sur la recevabilité d'un référendum
Nicolas Maduro a martelé qu'il irait jusqu'au bout de son mandat, qui se termine en 2019. Il n'y a pas de signe d'une perte de l'appui au président des forces armées, qui ont soutenu son prédécesseur et mentor Hugo Chavez, mort en 2013.
Les Etats-Unis, avec une histoire entachée par les manipulations politiques en Amérique latine pendant la Guerre froide, ont évité de commenter publiquement la crise vénézuélienne.
Mais d'après le Washington Post, des responsables des services de renseignement américains estiment que le gouvernement vénézuélien pourrait être renversé par une insurrection populaire cette année.
Maduro perpétue une rhétorique anti-américaine, utilisée avant lui par Chavez, et impute les difficultés du pays à des conspirations orchestrées par Washington. L'opposition a averti que l'état d'exception et les mesures répressives pour éviter un référendum révocatoire nourrissaient encore plus l'exaspération sociale et que l'absence de référendum pourrait provoquer une explosion.
Analystes et observateurs anticipent les scénarios suivants : une rébellion publique, un coup d'Etat militaire, ou un gouvernement toujours plus autoritaire pour tenir à distance un éventuel conflit et se maintenir au pouvoir.


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