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Après trois mois de longues et douloureuses tractations, la nouvelle équipe ministérielle est enfin aux commandes du pouvoir sous la direction d’un Abdelilah Benkirane plus affaibli que jamais. Pour composer sa nouvelle majorité, le chef du gouvernement a dû composer et surtout accepter des compromis qui vont peser lourd dans son avenir politique. Il a fallu négocier pied à pied avec un Mezouar qui peut se targuer aujourd’hui d’avoir rendu et bien rendu justice au Rassemblement national des indépendants qui se retrouve avec 8 portefeuilles en plus de la promesse de la Présidence de la Chambre des députés, en avril, et qui reviendrait au député de Tétouan Rachid Talbi Alami. Il a fallu, aussi, gérer les appétits des Harakis tout en délogeant Mohand Laenser du ministère de l’Intérieur. Il a fallu également accepter de nouveaux technocrates –ultime constat d’échec- dans un gouvernement qu’il se faisait fort de « vendre » comme politique car issu des urnes. Il lui faut maintenant affronter sa propre famille politique. Le sacrifice de « frères » islamistes, ministres dans le gouvernement sortant, risque de coûter cher, très cher au chef du gouvernement. Le limogeage de Saadeddine El Otmani de son poste de ministre des Affaires étrangères -un départ inattendu pour les Pjdistes- restera un lourd caillou dans la babouche de Benkirane. Au-delà des déclarations d’usage –« je sers mon parti que je sois dans le gouvernement ou que je n’y sois pas »- comment l’ancien SG du PJD et actuel président du conseil national de ce parti, va-t-il vivre l’affront ? C’est toute la question qu’a dû se poser le patron de l’Exécutif et leader du PJD avant d’accepter le sacrifice de l’une des figures de son parti.
Les dernières 48 heures ont été déterminantes. Un marathon pour aller jusqu’au bout d’une liste qui se faisait et se défaisait et des négociations qui ne se sont achevées que dans la soirée de mardi. Et au final un remaniement dont Abdelilah Benkirane devrait en principe tirer tous les enseignements.
Un constat s’impose. Le Rassemblement national des indépendants est le grand gagnant de cette nouvelle mouture de l’Exécutif. Le parti a obtenu gain de cause sur toutes les revendications de …l’Istiqlal. Si Salaheddine Mezouar n’a pas eu les Finances mais les Affaires étrangères, c’est un RNIste qui est désormais Argentier du Royaume. Il s’agit de Mohamed Boussaid, le wali de Casablanca, ancien ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics sous le gouvernement de Driss Jettou puis du tourisme avec Abbas Al Fassi comme premier ministre. Deux anciens ministres RNI font également leur retour, Anis Birou à l’immigration et RME –il devra mettre en musique la nouvelle politique migratoire du Maroc- et Mohamed Abbou au Commerce extérieur. Le RNI a fait mieux que le PPS et le MP en proposant deux femmes M’barka Bouida qui travaillera aux côtés de son président aux Affaires étrangères et Fatima Marouane –l’épouse d’un membre fondateur du RNI, Mohamed Bentaleb- en charge de l’Artisanat et de l’Economie sociale. On parlait de surprise dans le nouveau gouvernement. Elle est signée du Rassemblement national des indépendants. Dans son escarcelle, le ministère du Commerce et de l’Industrie qu’occupait le PJD Abdelkader Amara et qui reviendra à l’ancien patron des patrons, Moulay Hafid El Alamy qui intègre l’équipe Benkirane sous les couleurs –tout à fait nouvelles pour lui- du RNI. Si la pratique politique, à l’ombre de la nouvelle Constitution en prend un coup, la communauté des affaires, elle, applaudit des deux mains. Le PPS gagne un portefeuille et une femme ministre et perd un ministre et des prérogatives. L’économiste Abdesslam Seddiki succède à son pair du bureau politique, Abdelouahad Souhail, au ministère de l’Emploi. La députée Charafat Afilal présidera aux destinées du département de l’Eau. Ce qui est loin d’être un parachutage pour cette jeune femme ingénieur, membre du bureau politique du parti des anciens communistes qui a fait carrière à l’ONEP. Amine Sbihi à la Culture et Houcein El Ouardi à la Santé rempilent de même que le leader du PPS qui reste à son poste mais avec un problème de prérogatives. Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville sera très probablement exposé à un problème de compétences qu’il devra régler avec Mohand Laenser désormais ministre de l’Aménagement du territoire.
Et si justement le Mouvement populaire perd l’Intérieur –la mère des ministères est désormais entre les mains des technocrates Cherki Dris et Hassad qui, lui, signe son retour aux Affaires gouvernementales- il gagne deux portefeuilles dont celui des Transports qui reviendra au parlementaire Mohamed Moubdii. Avec la Harakie Hakima Al Haiti, le gouvernement Benkirane comptera cinq femmes à bord.