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Le SNPM est pessimiste quant à la situation de la liberté de la presse. Son président, Younès Moujahid, a déploré, lors d’une conférence tenue vendredi au siège du syndicat à Rabat, portant sur le rapport annuel sur la liberté de la presse au Maroc à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la lenteur dans l’adoption des lois par l’actuel gouvernement en dépit de la réforme constitutionnelle de 2011 qui a octroyé à l’Exécutif des prérogatives importantes.
« Le bilan à ce niveau est modique. Pis encore, on remarque qu’il y a régression », a souligné le président du SNPM lors de cette rencontre à laquelle ont également pris part l’ancien président du syndicat et ancien ministre de la Communication, Larbi Messari et d’autres membres du bureau exécutif du SNPM, notamment Ali Khala, Nour El Yakine Benslimane et Fatima Hassani.
Certes le syndicat n’a reçu du gouvernement que deux projets de loi concernant le statut des journalistes professionnels et le Conseil national de la presse. Mais toutes ces lois « n’ont pas encore été tranchées ». Les dirigeants du syndicat attendent toujours le projet concernant la presse et la publication malgré le travail important effectué par la Commission scientifique ad hoc.
Le président du SNPM a déploré également le contenu du projet de loi relatif à l’accès à l’information. « Nous avons travaillé sur ce sujet avec nos partenaires notamment Transparency Maroc et je peux vous affirmer que ce projet est creux, car il ne précise pas les garanties de la transparence et les mécanismes de pratique de ce droit ».
Quant à la situation dans les médias publics, le président du SNPM a souligné que ces médias travaillent avec une logique des années 90 comme si le Maroc n’avait connu aucune évolution. « A ce niveau, rien n’a changé, en dépit du tapage qui a accompagné la discussion concernant ce secteur », a souligné le rapport annuel. Et de préciser que « l’approche adoptée n’a pas pris le bon chemin tracé par les dispositions de la Constitution et par les expériences démocratiques qui considèrent ces médias comme propriété de la société, ce qui exige qu’ils soient indépendants, professionnels et de qualité ».Younès Moujahid a critiqué les agressions répétées des forces de l’ordre contre les journalistes et notamment les photographes. « Ça devient comme un sport que pratiquent les forces de l’ordre à chaque évènement », a constaté le président du SNPM. Et d’ajouter que celui-ci a saisi à maintes reprises le ministre de la Justice et des Libertés, en tant que président du ministère public, en vue de prendre les mesures nécessaires contre les agresseurs et donner l’exemple pour que ce genre de violences ne se reproduise plus. En vain. Moujahid a également évoqué le cas du directeur du site « Lakome », Ali Anouzla qui a été poursuivi l’année dernière dans le cadre d’une loi autre que celle régissant la presse. Il a déploré que la justice n’ait été ni « indépendante » ni « intègre » dans cette affaire, précisant que la loi sur la presse peut ne pas comporter de peines privatives de liberté, mais que la justice a les coudées franches en recourant au Code pénal pour mener des poursuites contre les journalistes. Ce qui adviendra sera donc « comme un cadeau empoisonné », a-t-il conclu.
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