Le Premier ministre au Parlement : Le bilan de mi-mandat du gouvernement Abbas El Fassi divise la classe politique


M’Hamed Hamrouch
Lundi 17 Mai 2010

Les esprits se chauffent à gauche comme à droite, et surtout chez l’opposition, à la veille de la sortie attendue du Premier ministre Abbas El Fassi, lundi et mardi respectivement à la Chambre des représentants et à la Chambre des conseillers. Du côté du Parti de la justice et du développement (opposition), c’est en quelque sorte la veillée d’armes. Contacté par «Libé», le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, préfère parler en «off». «De quel gouvernement voulez-vous que je vous parle?», lance ni plus ni moins le numéro 1 du parti islamiste. La tendance dans l’état-major de ce parti est également au calme. Mais un calme qui annonce la tempête. Au-delà de l’opposition, les impressions positives recueillies à gauche et à droite n’en restent pas moins critiques. Le malaise est là. Les raisons, également. Interrogé sur le bilan de mi-mandat de l’actuel Exécutif, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, Moulay Ismaïl Alaoui, affirme que le principal volet sur lequel il trouverait à redire est bel et bien le volet social. C’est sur le front social que les attentes de cet ex-parti communiste n’auront pas été satisfaites. «Le gouvernement a certes envoyé dernièrement des signaux positifs, que l’on peut résumer principalement à la création d’un Fonds contre les cataclysmes et au projet de mise en place d’un Fonds pour les allocations de chômage. Mais ce n’est pas suffisant. Mon espoir est que l’on pourra aboutir à un Accord Matignon, une sorte de Pacte social qui permettra de cerner tous les aspects de la problématique sociale nationale », exhorte le premier responsable du PPS. Ce dernier dit enregistrer avec enthousiasme que ce genre de Pacte commence à être accepté par le gouvernement, mais il faut jouer la montre pour le mettre sur pied et surtout en œuvre pour juguler ce malaise social réel qui habite l’esprit du citoyen marocain. Un son de cloche partagé par la présidente du Groupe USFP à la Chambre des conseillers, Zoubida Bouayad. «Il y a des secteurs sociaux où le déficit est flagrant», diagnostique Mme Bouayad, connue et reconnue pour ses grandes compétences en tant que médecin et pour son dynamisme remarquable à la tête du Groupe socialiste à la deuxième Chambre. Trois secteurs vitaux sont pointés du doigt, soit l’enseignement, la santé et l’emploi. «Ces secteurs touchent directement au social», fait-elle remarquer, relevant également «un déficit patent de communication» de la part du gouvernement. La conseillère en chef du Groupe USFP appelle le gouvernement à changer d’approche pour mieux communiquer et expliquer au citoyen ce qui est en train de se réaliser dans le pays. Et ce n’est pas tout. Le manque de suivi des décisions prises en amont est également pointé. «Il faut des instances de surveillance et de suivi pour évaluer le degré de réalisation des mesures prises par l’Exécutif.
Changement de cap. Mais voilà, la même tendance à la critique est relevée chez les responsables du Mouvement populaire. Mohamed Fadili, secrétaire général adjoint de la mouvance harakie, réserve le plus gros des critiques aux dysfonctionnements de l’action politique nationale. «Nous n’avons pu réussir à restructurer le champ politique de manière à installer une véritable alternance et dégager une majorité à partir des urnes», regrette ce vice-premier président de la deuxième Chambre. L’ancien secrétaire général de l’Union démocratique (UD) en veut pour preuve (et exemple) la présence de ministres technocrates au sein du gouvernement. Il met également le doigt sur «l’incohérence» criante au sein de l’actuel gouvernement. Un patchwork à donner le vertige tant les divergences idéologiques et politiques sont grandes entre les partis de la majorité. «C’est la raison principale de la désaffection des citoyens pour la chose politique en général et pour les élections en particulier», estime ce responsable haraki, appelant à une véritable refonte de la scène politique, à l’instar de ce qui se fait actuellement sur d’autres fronts. « A l’heure des grands chantiers économiques, dont les retombées ne seront que bénéfiques au citoyen marocain, et des succès diplomatiques remportés par le Royaume sur la scène internationale, en ce qui concerne notamment la question de notre intégrité territoriale, il est désolant de constater que le champ politique national soit resté à la traîne», fait remarquer Mohamed Fadili.
De tout cela, il ressort que le social et le politique restent les parents pauvres de l’action de l’actuel gouvernement. Et c’est sur ces deux questions précises que le Premier ministre Abbas El Fassi est appelé à apporter des réponses. Les bonnes réponses.


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