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Rien ne prédestinait ce fils d'immigrés marocains à se frotter- le temps d'un slalom et d'un géant - aux cadors du ski alpin venus de Suisse, de France ou d'Autriche.
Né à Levallois (Hauts-de-Seine) il y a 32 ans d'un père mécanicien et d'une mère femme de ménage, Samir Azzimani sera le seul représentant de la délégation marocaine à Vancouver, ce qui lui offrira le luxe d'être porte-drapeau durant la cérémonie d'ouverture, le 12 février courant. Il a grandi à Colombes, dans le quartier de l'Europe-Ile-Marante, où il vit encore chez sa mère une partie de l'année, lorsqu'il n'est pas à Courchevel, l'une des stations les plus huppées des Alpes françaises, pour dispenser des cours de ski. Colombes et sa cité, Courchevel et ses milliardaires russes: un grand écart dont Samir Azzimani s'accommode tant bien que mal. "Parfois, lorsque je suis invité par un client dans un resto quatre étoiles, je suis complexé face à tant de luxe. Et puis je me dis: 'Samir, profite! Des plats à la truffe, t'en manges pas tous les jours, vas-y, régale-toi!'", raconte-t-il à Reuters. Sa première expérience au ski a pourtant failli le dégoûter à jamais. Il a six ans lorsqu'il part en classe de neige à la Chapelle d'Abondance (Haute-Savoie): "C'est un très mauvais souvenir. Je n'avais pas l'équipement adéquat. J'avais eu froid, j'étais trempé. C'était horrible." Trois ans plus tard, le garçon repart en colonie avec les pieds de plomb. Mais, à sa grande surprise, il apprécie la sensation de glisse, se montre dégourdi et passe sa "flèche". "Ce jour-là est née l'envie de faire de la compétition." Rivé devant sa télévision, il ne rate pas une seconde des Jeux olympiques d'Albertville en 1992 et s'enthousiasme pour les athlètes marocains. Il se promet de les imiter un jour. Pour parvenir à ses fins, Samir a essuyé des déceptions, emprunté quelques chemins de traverse et surmonté bien des obstacles. "Je peux dire que tout a été dix fois plus dur pour moi que pour un athlète de l'équipe de France. Sur la piste, on est égaux, mais en dehors, ce sont deux mondes aux antipodes." Sa passion du ski devient vite un "gouffre financier" et, les petits boulots ne suffisant plus à se payer voyages et matériel, Samir décide de devenir professeur de ski. Ce sera à Courchevel, donc, où il apprend le russe seul dans les livres pour côtoyer la clientèle aisée de la station. Son rêve olympique est une première fois brisé en 2002 lorsqu'il ne réussit pas à satisfaire les critères de qualification pour les Jeux de Salt Lake City. Il y parvient en 2006 pour Turin mais, cette fois, il doit déclarer forfait à quelques jours de la compétition en raison d'une luxation d'une épaule. "J'étais à ramasser à la petite cuillère, ce fut une déception terrible", se souvient-il.
Il se lance alors comme défi d'être présent à Vancouver mais, nouveau coup dur, il est opéré des deux pieds en 2008. ""Je n'arrivais plus à enfiler mes chaussures de ski à cause d'une déformation. Soit je me faisais opérer, soit j'arrêtais tout.
" Rétabli et en quête d'une qualification olympique, Samir Azzimani multiplie les épreuves internationales de deuxième et troisième niveaux et se retrouve à skier dans des "décors surréalistes" en Grèce, en Ecosse, en Nouvelle-Zélande ou en Chine. La dernière étape, le 14 janvier dernier, l'emmène en Iran où il décroche enfin le précieux sésame.
Il vit depuis "avec un stress pas possible", dans la crainte de se blesser à nouveau si près du but. "Tous mes amis me disent: 'Arrête de skier, Samir, c'est bon, t'es qualifié'. Du coup, je ne m'entraîne presque plus." Pour les Jeux, où il sera accompagné par une dizaine d'enfants d'un quartier défavorisé de Woippy, en Moselle, mais par aucun préparateur, Azzimani s'est fixé un objectif modeste: terminer dans les 50 premiers. Il en avoue un autre, pour l'honneur: "J'aimerais bien finir champion d'Afrique et battre les concurrents ghanéen ou sénégalais."
Avec l'idée, aussi, d'éviter le ridicule. "Je voudrais montrer que les Africains ne skient pas tous en chasse-neige."