Le Maroc à l’ère UBER

Après avoir suscité des remous en Europe et en Amérique, l’application à problèmes met le cap sur Casablanca


Hassan Bentaleb
Mercredi 22 Juillet 2015

UBER a suscité la colère des taximen européens.
UBER a suscité la colère des taximen européens.
UBER la fameuse application qui met en contact passagers et propriétaires de voitures dans le cadre d’une solution de transport, s’installe au Maroc. Elle est en test dans la ville de Casablanca depuis hier avant son lancement officiel  dès la rentrée prochaine. La société américaine compte également étendre, dans un second temps, son réseau à Rabat, Marrakech et Tanger. Les éventuels clients casablancais d’UBER peuvent  désormais commander une voiture et la suivre sur une carte. Ils pourront également préciser leur  destination pour avoir une estimation du prix de la course dont le règlement se fera par carte bancaire, via ladite application.
Reste à savoir maintenant quel accueil lui sera réservé par les autorités et les professionnels du secteur. Ceci d’autant plus qu’UBER a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours partout à travers le monde.  En France, en Allemagne, en Espagne comme en Belgique  et au Canada,  les chauffeurs de taxis n’ont pas vu d’un bon œil son arrivée et la concurrence déloyale qu’elle leur livrait. En France surtout, mais aussi à Bruxelles, une opposition farouche et musclée a fait pendant au combat mené sur le terrain légal par les juristes mandatés par les sociétés de taxis qui ont qualifié d’« illégaux » les services d’UBER et forcé la police à saisir les véhicules utilisés à leur insu et leurs  conducteurs. Et pas plus tard qu’avant-hier, Bill de Blasio, le maire de New York,  a annoncé qu’il comptait, lui aussi,  suspendre les services d’UBER dans sa ville.  Le conseil municipal de la plus grande ville américaine pourrait au cours de cette semaine adopter une loi limitant le nombre de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), le temps d'étudier leur impact sur la qualité de l'air et les embouteillages.
Au Maroc, si on n’en est pas encore là, la résistance s’organise déjà. «Notre position est identique à celle observée par nos  collègues en France », nous a lancé Ahmed Saber, coordinateur national du secteur de professionnels des petits et grands taxis au Maroc avant de poursuivre : «L’arrivée d’UBER dans notre pays signe la mort de ce secteur déjà moribond. Mais nous ne comptons pas rester les bras croisés. La procédure sera la même qu’ailleurs : des plaintes seront déposées et des actions coups de poing seront menées »
Ces actions pourront-elles aller jusqu’à l’utilisation de la force comme à Marseille ou dans d’autres villes de l’Hexagone ? «Tout est possible. C’est de notre survie qu’il s’agit», nous a-t-il déclaré.
Une situation qui est appelée à s’envenimer  davantage d’autant plus que les autorités locales casablancaises croient que l’arrivée du nouvel opérateur va moderniser le secteur et améliorer les services de transport. «Le service de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) offert par UBER est une prestation entre un fournisseur de service et un client via Internet et n’a pas besoin d’autorisation. Il s’agit plutôt d’une solution destinée à fournir un service de qualité. Notre mission à nous consiste uniquement à contrôler que les prix ne doivent pas être excessifs», nous a confié une source de la wilaya du Grand-Casablanca sous le sceau de l’anonymat.  
Même son de cloche de la part de la direction d’UBER installée au Maroc qui estime que, légalement, cette start-up est une société de service qui «  travaille en partenariat avec les sociétés de transport touristique en offrant une solution technologique aux sociétés qui mettent leurs véhicules à son service ».  
Meryem Belkziz, directrice générale d’UBER Maroc, citée par le portail de l’hebdomadaire Telquel, a déclaré: « Nous ne lançons pas UBERPop mais UBERX avec des partenaires agréés qui se conforment parfaitement à la loi. Aussi, nous n’anticipons pas de blocage au niveau des autorités. De manière générale, UBER est pro-régulation et s’est engagé à travailler avec les villes qui le souhaitent pour améliorer la mobilité de leurs citoyens via l’utilisation des nouvelles technologies et du “big data”. » 
Ainsi les autorités locales casablancaises et les responsables de ladite société semblent avoir tranché avant l’heure une question qui divise encore les pays européens et qui a même atterri devant la Cour de justice de l’UE. En fait, les avis divergent : UBER est-elle une entreprise de transport ou un fournisseur de services ? Suite à une demande du tribunal de Barcelone concernant l’interdiction en Espagne des services de cette société, la Cour devra déterminer prochainement si UBER doit ou non bénéficier de la libéralisation du marché des services au sein de l’Union européenne. La Cour devra aussi dire si la loi espagnole invoquée pour interdire UBER est conforme aux normes européennes. 
Mais au-delà de ce débat juridique et réglementaire, l’arrivée de la société américaine sera-t-elle bénéfique aux usagers casablancais ou pas ?  Difficile de trancher puisqu’il s’agit d’un service qui s’adresse d’abord aux jeunes actifs qui disposent de smartphones et de cartes bancaires pour le paiement en ligne. Ceci d’autant plus que les prix sont chers puisqu’il faut compter un tarif de base de 20 dirhams, majoré de plus de 5 dirhams par kilomètre. Le prix minimum d'une course est de 30 dirhams. Pour annuler une commande, il faudra débourser une somme similaire.  Des contraintes dont  les chauffeurs des grands et petits taxis qui dictent leur loi et n’en font qu’à leur tête ne manqueront pas de profiter. 
Alors UBER ou pas UBER ?





 


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1.Posté par youness le 21/07/2015 19:03
Quand vous voyez tout ceux qui volent les taxis passant par les triporteurs , les automobilistes sans agréments ect....
Nous allons directement a l anarchie sans droits ni lois , les autorités devraient apprendre des européens qui ont chassés cette société aux profits sans scrupules. ..

2.Posté par mourade le 22/07/2015 18:11
Ça commence mal pour Uber Maroc! A peine installée au Maroc, la société américaine de transport s’attire les foudres des internautes. Et pour cause, dans l'appli marocaine, une carte mentionnant "le Sahara occidental".
Opérationnelle depuis mardi 21 juillet à Casablanca, Uber Maroc fait déjà parler d'elle. Dans l'application WorldWild qui liste les pays où la start-up américaine opère, le “Sahara occidental” figure sur la liste de ces pays.
 
 Sa commence déjà mal avec cette société ....




3.Posté par Aziz le 24/07/2015 12:42
UVÉE a été chassé par tout les pays européens ,je me demande ce qu il est venu faire au MAROC...!!!
Après sa bourde sur le Maroc, Uber s’excuse et rectifie sa carte
23 juillet 2015 - 22h00 - Economie
Après sa bourde sur le Maroc, Uber s'excuse et rectifie sa carteTweeter

La mobilisation des internautes marocains a payé. Le service de chauffeur privé Uber
, qui vient de lancer sa plateforme au Maroc en commençant par Casablanca, a édité la carte du Maroc dans laquelle il intégrait le Sahara Occidental
.
Interrogé par le HuffPost, la directrice générale d’Uber Maroc s’explique : « c’est la même application partout dans le monde ». Les plaintes des internautes marocains ont été remontées et des mises à jour des applications Android et Apple seront disponibles dans une dizaine de jours.
« Suite à la mobilisation de la team Maroc, Uber HQ valide la suppression du Sahara occ. : la modif sur l’App worldwide nécessitera 10 jours », écrit Uber Maroc
 sur son compte Twitter.
Casablanca
 est la première ville a être desservie par le nouveau service. L’équipe marocaine d’Uber se donne quelques mois avant d’étendre le service à d’autres villes marocaines. Pour l’instant, aucune réaction de la part des représentants des chauffeurs de taxis marocains. Gageons que si le service est une réussite, ils ne resteront pas les bras croisés.

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