-
Les dimensions historiques de la présentation du Manifeste de l’Indépendance
-
La famille de la résistance à Marrakech commémore le 81ème anniversaire de la présentation du Manifeste de l’Indépendance
-
PCNS : Présentation d’un ouvrage sur le Sahara marocain de l’expert japonais Shoji Matsumoto
-
Droits humains: Amina Bouayach reçoit en Italie le Prix de la Fondation Méditerranée 2025
-
Abdelkader El Ansari : Le partenariat Maroc-Chine, un reflet d'une vision commune de la coopération Sud-Sud
En harmonie avec les nouvelles perspectives ouvertes sur l’avenir, la nouvelle Constitution représente une approche de qualité tant au niveau de la vision que de son essence. La loi fondamentale a de ce fait insisté sur les engagements du Maroc, aussi bien internationaux que nationaux, concernant l’opérationnalisation des droits humains en général, notamment les droits des femmes auxquels la nouvelle Constitution a accordé une place importante. Elle a mis l’accent sur l’égalité dans tous les domaines et stipulé le principe de la parité.
A ce sujet, il faut rappeler l’article 19 qui énonce dans ses dispositions le principe de l’égalité entre l’homme et la femme au niveau des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental. De même qu’il met l’accent sur la responsabilité de l’Etat qui doit œuvrer à la réalisation de la parité et à la création d’une Autorité pour cette parité et la lutte contre toutes formes de discrimination. L’article 30 annonce également que la loi prévoit des dispositions de nature à favoriser l’accès paritaire des femmes et des hommes aux fonctions électives.
Inscrire des dispositions avancées dans la nouvelle Constitution qui répondent aux attentes des femmes marocaines et aux défis à relever par l’Etat et la société est le couronnement et le résultat des luttes de près de quatre décennies du mouvement féministe. Les femmes marocaines, à travers le dynamisme de leur mouvement et le soutien des forces démocratiques progressistes, sont parvenues au cours de ces années à obtenir plusieurs acquis dont les plus importants sont le Code de la famille et le droit à la nationalité.
Parmi ces acquis figurent aussi l’élargissement de la représentativité des femmes au Parlement à travers l’adoption de la liste nationale des femmes en tant que mécanisme de la discrimination positive instaurée en 2002 et l’octroi de 10% des sièges du Parlement aux femmes, soit 30 sièges. En 2007, la situation a nettement régressé, puisque l’Etat et les partis ont préféré garder les mêmes taux. De ce fait, les prochaines échéances soulèvent plusieurs enjeux dont la réforme et la rationalisation du champ politique à même de donner lieu à un pouvoir législatif fort et un gouvernement responsable et crédible auprès des citoyennes et citoyens.
L’approche irrationnelle adoptée par le gouvernement et une majorité des partis politiques concernant la représentativité politique féminine prouve qu’il y a une volonté politique à minimiser le rôle des femmes à tous les niveaux et dans tous les domaines.
A partir de là, et après de multiples concertations entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques sur le projet de loi organique de la Chambre des représentants, les deux parties sont parvenues à un consensus pour une liste nationale commune des femmes et des jeunes, soit 60 sièges pour les femmes et 30 sièges pour les jeunes de sexe masculin qui ont moins de 40 ans.
Devant cette situation exceptionnelle, en contradiction avec les principes de la démocratie stipulés par la Constitution, le retour à la normale relève de la responsabilité du Parlement. Celui-ci doit se référer aux dispositions de la Constitution, laquelle met l’accent sur l’égalité et la parité permettant aux femmes une participation politique responsable. Il est sans rappeler aux décideurs que notre pays passe par une conjoncture politique et sociale très complexe qui s’inscrit dans un contexte arabe de crise, marqué par les tensions et l’instabilité et une grave crise mondiale qui a eu des répercussions sur le monde entier.
Dans cette étape historique où toutes les composantes de la société s’apprêtent à passer la première épreuve pour la mise en œuvre des contenus démocratiques de la nouvelle Constitution à travers l’adoption de plusieurs lois régissant les partis politiques et les prochaines échéances législatives dont la loi organique relative à l’élection de la Chambre des représentants, les tractations et la polarisation des positions se multiplient sans prendre en considération les droits des femmes leur garantissant une représentativité politique conséquente qui traduit leur rôle réel et leur position avancée dans les différents domaines et au sein da la famille.
Toutes les composantes politiques et civiles du mouvement féministe marocain défendent avec fermeté le droit des jeunes à l’accès à la Chambre des représentants. Le mouvement féministe s’attache également à la liste nationale des femmes, sans pour autant être contre la représentativité des jeunes. La liste nationale est un mécanisme transitoire pour l’élargissement de la représentativité politique des femmes à même de mettre fin à l’exclusion et aux préjudices dont elles sont victimes. Le mouvement féministe n’est nullement contre une liste des jeunes ou tout autre mécanisme à condition d’inclure les deux genres.
Pour faire face à ces dysfonctionnements dont pâtit notre société, cela exige que le Maroc se réconcilie avec ses jeunes et ses femmes. De là, permettre aux jeunes d’accéder aux fonctions de représentativité est une action qui ne peut être ajournée. Si la représentativité des jeunes est incontestable et bénéficie de l’appui du mouvement féministe, l’augmentation du taux de la représentativité politique des femmes est une priorité que l’on doit soutenir à travers l’acquis de la discrimination positive concrétisée par la liste nationale qui comporte 90 sièges outre 20% des listes locales des femmes têtes de listes.