Le Maroc a besoin de toutes ses potentialités


Par Khadija El Yamlahi
Vendredi 16 Septembre 2011

Les femmes et les jeunes représentent une richesse qui, sans conteste, constitue une force  pour façonner le présent et préparer l’avenir de la société marocaine. Du coup, investir de manière rationnelle dans ces potentialités dont regorge notre pays, demeure la pierre angulaire pour jeter les bases de la société démocratique, c'est-à-dire une société de l’égalité, de la justice sociale et de la dignité.
En harmonie avec les nouvelles perspectives ouvertes sur l’avenir, la nouvelle Constitution représente une approche de qualité  tant au niveau de la vision que de son essence. La loi fondamentale a de ce fait insisté sur les engagements du Maroc, aussi bien internationaux que nationaux, concernant l’opérationnalisation  des droits humains en général, notamment  les droits des femmes auxquels  la nouvelle Constitution a accordé une place importante. Elle a mis l’accent sur l’égalité dans tous les domaines et stipulé le principe de la parité.
A ce sujet, il faut rappeler l’article 19  qui énonce dans ses dispositions le principe de l’égalité  entre l’homme et la femme au niveau des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental. De même qu’il met l’accent sur la responsabilité de l’Etat qui doit œuvrer à la réalisation de la parité et à la création d’une Autorité pour cette parité et la lutte contre toutes formes de discrimination. L’article 30 annonce également que la loi prévoit des dispositions de nature à favoriser l’accès paritaire des femmes et des hommes aux fonctions électives. 
Inscrire des dispositions avancées  dans la nouvelle Constitution  qui répondent aux  attentes des femmes marocaines  et aux défis à relever par l’Etat et la société est le couronnement et le résultat des luttes de près de quatre décennies du mouvement féministe. Les femmes marocaines, à travers le dynamisme de leur mouvement et le soutien des forces démocratiques progressistes, sont parvenues au cours de ces années à obtenir plusieurs acquis  dont les plus importants sont  le Code de la famille et le droit à la nationalité.
Parmi ces acquis figurent aussi l’élargissement de la représentativité des femmes au Parlement à travers l’adoption de la liste nationale des femmes en tant que mécanisme de la discrimination positive instaurée en 2002 et l’octroi de  10% des sièges du Parlement aux femmes, soit 30 sièges. En 2007, la situation a nettement régressé, puisque l’Etat et les partis ont préféré garder les mêmes taux. De ce fait, les prochaines échéances soulèvent plusieurs enjeux dont  la réforme et la rationalisation du champ politique à même de donner lieu à un pouvoir législatif fort et un gouvernement responsable et crédible auprès  des citoyennes et citoyens.
L’approche irrationnelle adoptée par le gouvernement et une majorité des partis politiques concernant la représentativité politique  féminine prouve qu’il y a une volonté politique à minimiser le rôle des femmes à tous les niveaux et dans tous les domaines.
A partir de là,  et après de multiples concertations entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques sur le projet de loi organique de la Chambre des représentants, les deux  parties sont parvenues à un consensus pour une liste nationale  commune des femmes et des jeunes, soit 60 sièges pour les femmes et 30 sièges pour les jeunes de sexe masculin qui ont moins de 40 ans.
Devant cette situation exceptionnelle,  en contradiction avec les principes de la démocratie stipulés par la Constitution, le retour à la normale relève de la responsabilité du Parlement. Celui-ci doit se référer aux dispositions de la Constitution, laquelle met l’accent sur l’égalité et la parité permettant aux femmes une participation politique responsable.  Il est sans rappeler aux décideurs que notre pays passe par une conjoncture politique et sociale très complexe qui s’inscrit dans un contexte arabe de crise, marqué par les tensions et l’instabilité et une grave crise mondiale qui a eu des répercussions sur le monde entier.
 Dans cette étape historique où toutes les composantes de la société s’apprêtent à passer la première épreuve pour la mise en œuvre des contenus démocratiques de la nouvelle Constitution  à travers l’adoption de plusieurs lois régissant les partis politiques et les prochaines échéances législatives dont la loi organique relative à l’élection de la Chambre des représentants, les tractations et la polarisation des positions se multiplient sans prendre en considération les droits des femmes leur garantissant une représentativité politique conséquente qui traduit leur rôle  réel et leur position avancée dans les différents domaines et au sein da la famille.
Toutes les composantes politiques et civiles  du mouvement féministe marocain défendent avec fermeté le droit des jeunes à l’accès à la Chambre des représentants. Le mouvement féministe  s’attache  également  à la liste nationale  des femmes, sans pour autant être contre la représentativité des jeunes.  La liste nationale est un mécanisme transitoire pour l’élargissement de la représentativité politique des femmes à même de mettre fin à l’exclusion  et aux préjudices dont elles sont victimes. Le mouvement féministe n’est nullement contre une liste des jeunes ou tout autre mécanisme à condition  d’inclure les deux genres.  
Pour faire face à ces dysfonctionnements dont pâtit notre société, cela exige que le Maroc se réconcilie avec ses jeunes et ses femmes. De là, permettre aux jeunes d’accéder aux  fonctions de représentativité est une action qui ne peut être ajournée. Si la représentativité des jeunes est incontestable et bénéficie de l’appui du mouvement féministe, l’augmentation du taux de la représentativité politique  des femmes est une priorité  que l’on doit soutenir à travers l’acquis de la discrimination positive concrétisée par la liste nationale  qui comporte 90 sièges outre 20% des listes locales des femmes têtes de listes. 


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