Le Kremlin accuse les Etats-Unis d'embrouiller les enquêtes concernant l'utilisation d'armes chimiques en Syrie

Damas qualifie de mensonges les accusations américaines


Jeudi 25 Janvier 2018

Le Kremlin a accusé mercredi les Etats-Unis d'"embrouiller" les enquêtes concernant l'utilisation d'armes chimiques en Syrie après que Washington a désigné la Russie comme responsable d'une telle attaque.
Mardi, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a estimé que la Russie "porte, en dernier ressort, la responsabilité pour les victimes de la Ghouta orientale", où 21 personnes, notamment des enfants, sont morts lundi de suffocation, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
"Nous sommes en désaccord catégoriquement avec l'approche américaine, qui de facto a embrouillé l'enquête sur les cas précédents" d'attaques chimiques, a rétorqué mercredi lors d'un point de presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
La veille, l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia avait déjà qualifié les propos de M. Tillerson d'accusations "à l'emporte-pièces".
Le secrétaire d'Etat était à Paris pour lancer avec une trentaine de pays une initiative visant à poursuivre les responsables d'attaques chimiques en Syrie.
Cette réunion débutait alors que le régime de Bachar al-Assad était accusé d'avoir perpétré une attaque chimique meurtrière contre une enclave rebelle de la Ghouta orientale, à l'est de Damas.
Lors d'une réunion du Conseil de sécurité organisée mardi au pied levé à la demande de Moscou, M. Nebenzia a estimé qu'il était "étrange" que des informations "non confirmées" sur cette nouvelle attaque présumée sortent juste avant la réunion de Paris.
La Russie, alliée du régime syrien, a exigé lors de cette session la création d'un "nouvel organe international d'enquête" sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie afin de remplacer les experts internationaux actuels du groupe JIM, dont le mandat n'a pas été renouvelé en raison de veto russes.
Moscou a fait circuler un projet de résolution préconisant la création de ce nouveau mécanisme qui, contrairement aux experts du JIM dont Moscou a contesté pendant des mois la légitimité, serait "vraiment impartial, indépendant, professionnel et crédible".
Ces vifs échanges interviennent alors qu'un nouveau cycle de négociations pour la paix doit se tenir les 25 et 26 janvier à Vienne sous l'égide de l'ONU, juste avant que la Russie ne réunisse un Congrès de dialogue intersyrien le 30 janvier à Sotchi.
Par ailleurs, le gouvernement syrien a rejeté mercredi les accusations des Etats-Unis et de la France selon lesquelles il aurait eu recours récemment à des armes chimiques.
Damas a dénoncé des "mensonges".
Dans un communiqué, le ministère syrien des Affaires étrangères a déclaré que de telles allégations visaient à "faire obstacle aux efforts pour trouver une issue à la crise en Syrie".
Sous la pression d'une intervention militaire des Occidentaux, la Syrie a officiellement renoncé à son arsenal chimique en 2013.
Mais au cours des deux dernières années, l'Onu et l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) ont accusé Damas de plusieurs attaques au gaz sarin et au chlore.
L'armée syrienne nie systématiquement ce genre d'accusations.
"La Syrie a toujours fait preuve de coopération et fourni les conditions nécessaires à une enquête impartiale, objective et professionnelle sur l'utilisation des armes chimiques", a affirmé le ministère cité par l'agence de presse officielle Sana.
La conférence de Paris a été suivie d'une réunion à huis clos sur la Syrie entre les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de deux pays de la région, Jordanie et Arabie Saoudite.
Cette réunion avait pour but de "remettre le processus (de paix) de Genève et les Nations unies dans le jeu" avant le Congrès intersyrien organisé par la Russie le 30 janvier à Sotchi, a-t-on précisé dans l'entourage de Jean-Yves Le Drian.
Les ministres ont tenté de définir "la meilleure manière de soutenir" ce processus onusien en matière de "réforme constitutionnelle et préparatifs en vue de la tenue d'élections", avant une série de réunions sur la Syrie, a ajouté un haut responsable du département d'Etat américain, tout en prévenant que cela prendrait "du temps".
Concrètement, lors de la conférence contre l'impunité de l'utilisation d'armes chimiques, 24 pays se sont engagés à partager des informations et à établir des listes de personnes impliquées dans leur utilisation, en Syrie, où la guerre a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.


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