Et encore cette estimation ne tient-elle compte que des apatrides enregistrés comme tels dans les Etats où ils vivent. Mais Adrian Edwards, porte-parole du HCR, a précisé lors d'une conférence de presse que le véritable nombre était plutôt de dix millions d'apatrides, y compris des populations vivant sans statut en Indonésie, en Côte d'Ivoire, au Liban ou en République démocratique du Congo (RDC).
Dans ce rapport intitulé "Les minorités apatrides et leur quête de citoyenneté", le HCR demande aux Etats de mettre fin à cette pratique discriminatoire d'ici 2024.
Le HCR recommande de naturaliser les personnes nées sur leur territoire qui seraient sinon susceptibles de se retrouver apatrides. L'agence onusienne souhaite aussi que les gouvernements facilitent la naturalisation des apatrides qui résident de longue date sur leur sol.
"Si vous vivez dans ce monde sans nationalité, vous êtes sans identité, sans papiers, sans les droits que nous considérons comme acquis : travailler, recevoir une éducation, savoir que ses enfants ont leur place quelque part", a déclaré Carol Batchelor, la directrice de la division Protection internationale du HCR, lors d'une conférence de presse.
Si le rapport souligne une évolution positive, avec notamment les naturalisations de 30.000 apatrides en Thaïlande depuis 2012 et les Makondés reconnus comme tribu au Kenya l'an dernier, il estime que ces progrès sont toutefois insuffisants pour atteindre l'objectif de 2024.
Parmi les apatrides comptabilisés par les Nations unies, figure la communauté musulmane des Rohingyas, dont 600.000 membres ont fui la répression en Birmanie depuis la fin du mois d'août et trouvé refuge au Bangladesh. Cette communauté constitue actuellement la plus importante minorité apatride.
Sont également apatrides de nombreux Kurdes syriens, les Karanes à Madagascar ou encore les Roms en Macédoine (ex-Yougoslavie).
Les Rohingyas sont une minorité musulmane apatride du Myanmar. Le tout dernier exode a commencé le 25 août 2017, lorsque des violences ont éclaté dans l'Etat de Rakhine au Myanmar. La grande majorité des réfugiés rohingyas qui arrivent au Bangladesh sont des femmes et des enfants, dont des nouveau-nés. Beaucoup d’autres sont des personnes âgées qui ont besoin d'une aide supplémentaire et de protection. Ils n’ont rien et ont besoin de tout.
Plus de la moitié des nouveaux arrivants ont trouvé refuge dans et autour des camps de réfugiés de Kutupalong et Nayapara, ainsi que dans des sites de fortune qui existaient avant cet afflux. Certains ont rejoint des proches qui s’y trouvaient déjà, tandis que d’autres dépendent de l’assistance et des services – ce qui crée une pression énorme sur les installations existantes.
Le HCR a besoin d’urgence de 83,7 millions de dollars pour faire face aux énormes besoins humanitaires au Bangladesh jusqu’à fin février 2018. Il faut faire encore beaucoup plus pour répondre aux besoins graves des enfants, des femmes et des hommes qui fuient le conflit.