Le Forum international des oasis a tenu ses promesses


Mustapha Elouizi
Jeudi 1 Mars 2018

S’il est une recommandation que tous les participants à la cinquième édition du Forum international des oasis ont proposée, c’est bien celle d’accélérer l’approvisionnement des populations en eau potable depuis les barrages de Tiwiyin et Tamchtout. Une action qui traduirait l’aspiration des populations, dont une partie était restée à court de cette matière vitale, l’été dernier. L’on ne pouvait effectivement tenir un débat ouvert sur le développement sans souligner cette revendication consistante et vitale.
La recommandation de la mise en synergie et la convergence des actions et programmes des politiques publiques et privées dans les zones oasiennes sont revenues aussi de manière récurrente dans les différentes interventions. Experts, chercheurs et acteurs associatifs, ainsi que d’autres représentants des administrations agissant dans le territoire oasien ont déploré la multitude d’actions non coordonnées. Une défaillance qui aggrave les manques à gagner sur le plan de développement de ces zones déjà fragiles vu la faiblesse des investissements publics, mais aussi la non implication des populations dans des programmes projetés unilatéralement et par ricochet sans retombées.
Les participations ont, également, souligné la nécessité de promulguer un code urbain spécifique aux zones oasiennes et respectueux des normes culturelles, architecturales et socioéconomiques. L’existence de modes architecturaux non conformes aux tissus ancestraux et traditionnels cause, en effet, une hybridité altérant l’image et l’identité d’un espace menacé de manière permanente par la désertification et l’ensablement. Encourager l’agriculture oasienne passe en particulier par la mise en valeur des produits locaux et la promotion des filières de production pour créer une valeur ajoutée à même d’attirer l’attention des jeunes potentialités humaines et de les convaincre de s’investir dans les oasis.

Pour un
«Bani Géopark»
La vision à adopter est dès lors globale et nécessite, selon les participants à cette édition, la prise en considération de facettes négligées,  du moins mal-exploitées par les décideurs locaux et nationaux. Et c’est dans ce cadre que le conseil provincial de Zagora s’est porté partenaire dans un projet scientifique relatif au patrimoine géologique « Bani Géopark », alors que le conseil provincial de tourisme soutient pour sa part le projet de préservation des gravures rupestres dans la région.  Dans ce même contexte, il a été recommandé la création d’un noyau universitaire spécialisé dans les disciplines scientifiques en relation avec le développement des zones oasiennes, notamment l’aménagement du territoire, l’agriculture oasienne, le patrimoine culturel et architectural, ainsi que des industries alimentaires et transformationnelles.
Préserver le patrimoine géologique et mettre en valeur les produits locaux ne peut réussir sans la formation des ressources humaines et la sauvegarde des expressions culturelles oasiennes (Ahidous, Ahwach, Gnaoua, Rokba, Melhoun, Chamra…), les capacités matérielles, ainsi que les savoir-faire locaux (monuments patrimoniaux, architecture locale et plateaux naturels). Sans nul doute, soulignent les participants, la pluralité ethnique, linguistique et culturelle enrichira davantage les potentialités naturelles et  sociales oasiennes. C’est pourquoi, les décideurs régionaux et nationaux sont appelés à soutenir et à veiller au perfectionnement des rencontres culturelles des zones oasiennes, afin qu’elles jouent au mieux leur rôle dans la promotion, la mise en valeur et la préservation de leurs richesses.

Sides Event
et approche pays
Toute une province en mouvement ! Des activités en tout genre, à partir du programme sportif qui a permis aux passionnés du cyclisme et du foot de briller lors de cette édition, en passant par des matinées récréatives en faveur des enfants et des soirées musicales qui ont été suivies par des milliers de personnes.
Mais c’est la fantasia qui a pu attirer le plus grand nombre de visiteurs avoisinant les 30 mille personnes, quatre jours durant.
Quant au Salon des produits du terroir et de l’artisanat, il a connu  un important flux qui a permis aux producteurs et artisans de commercialier, mais et surtout de promouvoir leurs produits.

Les collectivités locales et
la démocratie participative
En marge des actes scientifiques du Forum international des oasis et du développement local, les collectivités locales ont tenu à marquer cette édition par un débat ouvert et décliné sous forme d’ateliers, où les élus de la province de Zagora ont porté leurs réflexions sur la gestion territoriale et la démocratie participative.
Ils ont, à cet effet, appelé les collectivités de la province à parachever les mécanismes de démocratie participative et mettre en œuvre ses structures à travers l’implication et l’interpellation des concernés.  Pour ce, les élus comme les acteurs associatifs devraient faire l’objet de sessions de formation pour un renforcement des compétences à même de hisser les indicateurs de la bonne gouvernance et d’une gestion territoriale efficiente. Par ailleurs, les participants n’ont pas omis de souligner l’urgence de la création d’une entreprise de développement locale pour la mise en valeur des produits spatiaux, pour les aider en termes de concurrence, de positionnement et de commercialisation.
Outre la demande d’approvisionner les quartiers en eau potable, les participants ont aussi appelé à l’aménagement de décharges publiques intercommunales et la réalisation de projets relatifs à l’assainissement dans les centres en nette extension.

Abdellatif Kacem : La justice spatiale est une revendication des acteurs associatifs qui remonte à deux décades

Le chercheur et acteur associatif Abdellatif Kacem  revient dans cet entretien express sur la justice spatiale au niveau des zones oasiennes, ainsi que sur les contraintes qui empêchent sa réalisation.

Vous réclamez une justice spatiale au niveau  des zones oasiennes. Pouvez-vous expliquer votre idée?
La justice spatiale est une revendication des acteurs associatifs qui remonte à près de vingt années d’action sur le terrain, dans la région de Draa-Tafilalet pour favoriser un développement spatial et territorial. Ceci fait appel à une approche où les intervenants font converger leurs actions et visions stratégiques vers la constitution d’un réseau.

Quels sont les handicaps et contraintes à la réalisation de cette idée ?
Il y a d’abord la faiblesse des investissements publics, la marginalisation des populations locales en rapport avec les projets à mettre en œuvre et l’absence de toute convergence, sans oublier parfois l’inexistence de tout projet. Il est donc nécessaire de prévoir un projet répondant à un écosystème et à un réseau social assez complexes.

Mais vous aviez en tant que RAZDED, réseau associatif de développement pour la démocratie et le développement, initié un projet baptisé Dra-Maidar ?
Effectivement, mais deux ans après, il y a eu subdivision au sein du département partenaire, à savoir ménagement du territoire, pour se retrouver à la case départ, après un travail de diagnostic assez important. La continuité de l’administration et l’aspect intégré des projets montés sont incontournables pour tout projet de développement.
Propos recueillis par M.E

Le Forum en chiffres

- Près de 40 mille visiteurs aux différents espaces de la manifestation
- 600 participants aux colloques scientifiques dont 25% de femmes
- Intervention de près de quarante chercheurs, experts et acteurs associatifs et institutionnels
- Cinq ministres et un SG d’un ministère ont répondu présent lors de ce Forum.


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