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Mais desquels s’agit-il? De ceux qui savent que la vie, depuis longtemps déjà, n’est plus un long fleuve tranquille. Cette quinzième édition du
Festival international du film de Marrakech
apporte la démonstration
que le cinéma est un langage universel, une
«fabrique du Commun », qui ne retire rien
à la beauté des différences… Et s’il est bien un
lieu, un moment qui célèbre ce que la diversité
peut avoir de plus essentiel, de plus grand, c’est bien ici. Humanité, partage, diversité...
de magnifiques valeurs célébrées à Marrakech.
Ainsi le Maroc est-il ce pays qui croit, comme on croit en son histoire et en
son avenir, que la liberté, la création, la joie
d’inventer ensemble le cinéma de demain,
ne sauraient trouver
plus promise que la terre marocaine! Ici, à
Marrakech, nous célébrons ce que le cinéma produit de plus beau, le voir-ensemble. Le vivre ensemble.
Quel merveilleux spectacle!
Le Festival international du film de Marrakech qui s'est ouvert vendredi dans la cité ocre, est "ce qui permet la fusion du cinéma et de l'humanité", souligne SAR le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du Festival, assurant que ce rendez-vous mondial du 7ème art continuera de donner au cinéma, l'espace où se côtoient, dans une harmonie et une richesse incomparables, le rêve, l'art et l'engagement citoyen. Ainsi la 15ème édition du Festival international du film de Marrakech est, selon Melita Toscan du Plantier, présidente du festival, porteuse de valeurs universelles qui vont au-delà du cinéma.
"C'est une édition particulière, faite d'échange et de solidarité", a-t-elle confié dans un entretien à la MAP, relevant qu'en dehors du cinéma, le festival se doit de promouvoir encore plus les valeurs universelles "surtout en ce moment avec tous ces actes de violence qu'on est en train de vivre un peu partout dans le monde". Car, à ses yeux, "l'enjeu est de taille : il est question de représenter la vraie image du monde musulman et d'en parler d'une façon autre que celle que l'on entend depuis des semaines à la télévision avec tous ces événement tragiques. "
C'est important de révéler ces vérités et de montrer à travers ce festival qu'en terre musulmane on accueille 36 nationalités de toutes religions, et que ces gens viennent échanger, partager et défendre des valeurs universelles", a-t-elle souligné. L'ambiance qui règne depuis le début du festival sur la place Jemaâ El Fna, avec toutes les stars nationales et internationales, et non des moindres à l'instar du grand comédien américain Bill Murray, qui s'y rendent pour rencontrer le public, illustre bien cet esprit, a-t-elle ajouté.
Elle a mis en avant à cet égard l'impact en communication que cela a sur le monde, comme en témoignent les images relayées à travers de grands titres de la presse internationale comme "Variety", un magazine très lu en Amérique, d'un Bill Murray ravi devant quelque 26.000 personnes l'accueillant en dansant et en chantant sur la célèbre place de la cité ocre. "C'est la preuve que le cinéma est un langage universel, un vecteur important qui rassemble", a souligné la directrice du festival.
Outre les projections sur la place mythique de Jemaâ El Fna, patrimoine culturel immatériel de l'humanité, Mme Toscan du Plantier cite d'autres moments forts du festival qui est d'abord doté d'"un très beau jury présidé par l'un des plus grands metteurs en scène du monde : l'Américain Francis Ford Coppola dont "Le parrain" reste l'un des films les plus vus au monde". "On est fier de l'avoir ainsi que les autres membres de ce jury magnifique", a-t-elle affirmé.
Autre temps fort, la section des hommages reste un moment incontournable de cette édition qui a honoré pour une première l'immense Bill Murray qui "n'a jamais accepté d'hommage auparavant dans sa vie", l'acteur américain Willem Dafoe, le cinéaste coréen Park Chan-Wook, la star indienne Madhuri Dixit, ou encore le directeur photo marocain Kamal Derkaoui.
S'y ajoute l'hommage rendu cette année au cinéma canadien, avec la présence d'une délégation impressionnante d'acteurs et de réalisateurs, conduite par un grand maître du cinéma, Atom Egoyan qui "nous montre aussi son dernier film en avant-première, Remember" (projeté dimanche soir au Palais des congrès après la cérémonie d'hommage).
Un évènement à l'accent canadien
Ainsi le pays du Soleil levant, le Japon, cède le tapis rouge cette année au Canada et à son cinéma célébré avec pas moins d'une trentaine de films projetés en hors compétition, confortés en cela par la présence d'une impressionnante délégation de comédiens et cinéastes du Pays de l'Erable. Conduite par l'incontournable Atom Egoyan, ce contingent éclectique et représentatif de la vivacité d'un cinéma canadien en perpétuelle évolution, a été accueilli par une standing ovation au Palais des congrès où le cinéaste Egoyan a reçu l'inestimable Etoile d'Or du Festival des mains de la réalisatrice marocaine Farida Bel Yazid. S'adressant à l'assistance, Atom Egoyan n'a pas caché son émotion pour cet hommage qui consacre la dynamique du 7ème art canadien et l'héritage unique du pays qui est d'ailleurs très bien retracé dans une rétrospective diffusée pour la circonstance.
Une richesse qui émane des différentes cultures composantes de l'identité canadienne, a-t-il poursuivi. Pour sa part, le vice-président du Festival et directeur du Centre cinématographique marocain (CCM), Sarim Al Haq Fassi-Fihri, a passé en revue les différentes étapes et l'évolution du cinéma canadien qui a vu le jour en 1897, au lendemain de la projection parisienne des frères Lumière.
Considéré comme l'un des réalisateurs ayant valu au cinéma canadien d'acquérir ses lettres de noblesse, Egoyan a su s'attirer les faveurs d'une audience internationale, avec des chefs-d'œuvre tels que "De beaux lendemains", "Exotica" ou encore "Le voyage de Felicia". L'enfant prodige du cinéma canadien y explore brillamment les thèmes de la solitude d'individus aux prises avec une société aliénante. Bien que voisin d'Hollywood et profondément ancré dans la culture nord-américaine, le jeune cinéma canadien a su imposer sa griffe grâce à l'intégration de la pluralité linguistique et ethnique du pays et à un développement cinématographique porté notamment par le documentaire. Et ce sont des cinéastes de renom qui y ont contribué : James Cameron (Titanic, Avatar), David Cronenberg (Les Promesses de l'Ombre, La Mouche, Crash, Existenz), les Paul Haggis (Collision) et Sarah Polley (Take this waltz), pour ne citer que ceux-là.
Quant à l'avenir du festival, Melita Toscan du Plantier le voit continuer sur sa lignée, avec le souci de faire revenir les invités de marque qui sont déjà venus, et convaincre d'autres à faire de même, "ce qui demande beaucoup de travail car on veut les meilleurs et ceux-ci sont souvent occupés", reconnaît celle qui rêve encore de faire voir à Marrakech Meryl Streep, Robert De Niro ou encore Al Pacino. "Ce sont de grandes personnalités que je crois que les Marocains ont envie de voir aussi", a-t-elle conclu.