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Un couple français, Sophie et David Barlagne, vient d'en faire l'amère expérience.
Arrivés pleins d'espoir il y a cinq ans avec un permis de travail temporaire, bien intégrés avec la création d'une entreprise informatique, ils ont vu leur demande de résidence permanente définitivement rejetée: leur fille de 7 ans, Rachel, atteinte de paralysie cérébrale légère, constitue officiellement un "fardeau excessif" pour le pays.
"Le terme +fardeau+, je ne l'accepte toujours pas, c'est inhumain. Ma fille, parce qu'elle est handicapée, reçoit le même traitement qu'on infligerait à un criminel", a déclaré à l'AFP Sophie Barlagne.
Pour le Canada, Rachel constitue un fardeau excessif car son traitement dépasse de cinq mille dollars par an le coût moyen des services de santé dont bénéficie un Canadien.
Or, ses parents font partie de la seule catégorie d'immigrants - celle des travailleurs qualifiés ou investisseurs - pour laquelle les autorités d'immigration appliquent des critères aussi stricts.
Le Canada, pays immense dont la croissance démographique est aussi faible que celle de la plupart des pays occidentaux, a bien besoin d'immigration massive pour doper son économie. Une politique qui lui réussit bien depuis des décennies.
Son intérêt lui a fait oublier les réserves, jadis fort présentes, à l'égard d'immigrés slaves, asiatiques, juifs ou arabes. Ces dernières années, ceux venus de Chine et d'Inde ont créé des communautés fortes et prospères.
Démocratie libérale, le Canada respecte le principe du regroupement familial et accueille généreusement les réfugiés politiques.
Par conséquent, les investisseurs, les travailleurs qualifiés et leurs familles se trouvent être l'unique catégorie scrutée à la loupe pour protéger les intérêts du pays: les candidats doivent être en bonne santé, diplômés et avoir un casier judiciaire vierge.
C'est ainsi, confirme à l'AFP Selin Deravedisyan-Adam, présidente de la section québécoise de l'Institut canadien de la migration qui chapeaute la profession florissante de consultant en immigration.
"Le Canada, pour certaines catégories d'immigrants, ne se pose même pas la question, dit-elle. Lorsque par exemple, un résident veut parrainer une conjointe, un enfant malade, il n'y a aucun problème, ça passe, on ne regarde même pas cet article de la loi".
"Par contre, souligne l'experte montréalaise d'origine turque, si quelqu'un veut s'installer au Canada comme travailleur qualifié, comme résident permanent, ou entrepreneur, là, la question se pose car l'immigration n'est pas un droit, c'est un privilège." Tous les recours judiciaires épuisés, les Barlagne risquent fort de devoir quitter le Canada à l'expiration de leur permis de travail l'année prochaine.
Ils n'ont plus d'autre espoir qu'une sorte de grâce ministérielle.
A savoir une décision discrétionnaire du ministre de l'Immigration, Jason Kenney, qui pourrait revenir, pour raison humanitaire, sur l'inadmissibilité de leur famille.
Ne négligeant aucune piste, le couple a lancé la semaine dernière un appel au président français Nicolas Sarkozy et à la gouverneure générale Michaëlle Jean pour leur demander d'intervenir en leur faveur auprès du ministre.