Pour le gouvernement, qui a toujours tendance à minimiser l'impact des actions de Boko Haram en territoire camerounais, seule une vingtaine de personnes ont été tuées tandis que les sources sécuritaires contactées sur place par l'AFP évoquent vendredi matin au moins 40 morts.
"Nous déplorons une vingtaine de morts et 145 personnes ont été blessées", a affirmé le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication dans une déclaration diffusée vendredi matin sur les antennes de la radio d'Etat.
"La première attaque a eu lieu aux environs de 11H30 locales (10H30 GMT). Une jeune dame qui portait la bombe l'a détonnée au marché de mil et d'arachides" de Kerawa, a-t-il expliqué.
Selon M. Tchiroma, au moment où les autres personnes fuyaient les lieux, "un autre kamikaze" a fait exploser la bombe qu'il portait.
Selon plusieurs sources sécuritaires sur place, il y aurait au moins "40 morts et plus de cent blessés". Ces mêmes sources indiquaient dès jeudi, sous couvert d'anonymat, qu'au moins 30 personnes avaient été tuées par ce double attentat à l'explosif.
"C'est une catastrophe. Les gens sont sous le choc", réagissait vendredi un habitant de Kolofata, ville voisine de Kerawa. "Les gens ont peur, mais il faut rester courageux", a-t-il ajouté.
Cinq attentats-suicides attribués à Boko Haram ont frappé la même région au cours du mois de juillet, faisant une cinquantaine de morts.
Le Cameroun est engagé dans une coalition régionale contre Boko Haram aux côtés du Nigeria, du Tchad, du Niger et du Bénin. Une Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), réunissant ces pays frontaliers, est en train de se mettre en place.
Par ailleurs, les militaires nigérians, forts de leur récente victoire dans la ville de Gamboru contre Boko Haram après des mois d'impuissance, sont venus saluer soldats camerounais et tchadiens sur un pont frontalier emblématique de la guerre contre les islamistes, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
L'armée nigériane avait annoncé mardi avoir repris aux insurgés Gamboru, carrefour stratégique pour la région. Depuis un an, aucun militaire nigérian n'avait été aperçu à Gamboru, située dans le nord-est du pays et tombée aux mains de Boko Haram qui y régnait en maître, tuant les civils et incendiant édifices publics, commerces et habitations.
Mercredi soir, "les militaires nigérians sont arrivés sur le pont El Beid pour saluer les militaires camerounais et tchadiens" stationnés à Fotokol, côté Cameroun, depuis plusieurs mois pour contrer Boko Haram, a indiqué un policier de la zone qui a requis l'anonymat.
"Les militaires nigérians ont dit aux nôtres, ainsi qu'aux Tchadiens, de ne plus s'inquiéter car Gamboru a été sécurisée. Ils ont fait des ratissages maison après maison", a-t-il précisé avant d'ajouter: "La population de Fotokol était en liesse".
"C'est avec soulagement que nous avons accueilli la nouvelle. Les gens sont soulagés jusqu'au Tchad", s'est réjoui un habitant de Fotokol, joint depuis Yaoundé.