En effet, d’après l’Observatoire privé, « les données relatives au commerce extérieur montrent que l’économie marocaine est très intégrée à l’économie mondiale davantage par les importations que par les exportations ».
Les importations d’énergie constituent un lourd fardeau financier pour les comptes extérieurs, selon l’Observatoire privéPrécisons à ce propos que les importations et les exportations marocaines représentent respectivement 53% et 31% du produit intérieur brut (PIB), comme le rapporte ce Centre spécialisé dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact.
Pour les experts du CMC, le déficit commercial chronique du Maroc qui en résulte s’explique par la prépondérance des importations des produits énergétiques, du « souffre brut non raffiné » et de « l’ammoniac ».
Il faut dire qu’en dépit de son allègement de 14,6% à 61,9 milliards de dirhams (MMDH) au titre des trois premiers mois de l'année 2024, le déficit commercial du pays demeure préoccupant à bien des égards. Il reste une des grandes faiblesses de l’économie marocaine.
Dans son bulletin des indicateurs mensuels des échanges extérieurs, l’Office des changes précise que les importations de biens se sont situées à 175,47 MMDH en mars 2024, au lieu de 182,71MMDH une année auparavant ; tandis que les exportations se sont chiffrées à 113,56 MMDH au lieu de 110,2 MMDH à fin mars 2023.
La chronicité de l’écart entre les exportations et les importations a également été observée en 2023 au terme de laquelle les importations avaient atteint une valeur de 715,8 Mds DH contre 737,4 Mds DH une année auparavant. De leur côté, les exportations étaient passées de 428,6 Mds DH à fin 2022 à 430,2 Mds DH au terme de la même année.
Pour bien apprécier le poids des produits énergétiques, du «souffre brut non raffiné» et de «l’ammoniac» sur les comptes extérieurs, l’Observatoire a jugé bon de rappeler que: «les produits relevant de la rubrique «Energie et lubrifiants» représentent environ 20% des importations totales pour une valeur moyenne dépassant les 137 MMdhs sur la biennale 2022-2023».
Outre leur caractère coûteux, il est important également de savoir que « ces importations notamment du charbon sont sources d’émission de fortes quantités de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique », comme l’a relevé le CMC dans sa publication mensuelle.
S’agissant des importations du « souffre brut non raffiné » et surtout de « l’ammoniac », il est important de noter que les chiffres les concernant suggèrent qu’elles ont représenté sur la biennale 2022-2023 environ 4,5% pour une valeur de 28,9MMdhs.
Nul besoin de souligner que ces importations constituent des intrants importants pour la transformation des phosphates en engrais chimiques et/ou en acide phosphorique. C’est d’ailleurs pour être en mesure de substituer la production locale aux importations de l’ammoniac que le Groupe OCP a prévu des investissements de l’ordre de 130 MMdhs. Lesquels s’inscrivent dans le cadre de sa stratégie de développement sur la période quinquennale 2023-2027.
Au regard du poids des importations d’énergie dont le coût élevé constitue un lourd fardeau financier pour les comptes extérieurs, l’Observatoire privé plaide pour des solutions alternatives durables afin de réduire un tant soi peu la facture.
Pour comprendre cette logique, rappelons que le déficit commercial s’est allégé de 61,91MMDH à fin mars 2024 grâce en partie à la légère baisse de 13,6% de la facture énergétique à 28 MMDH au lieu de 32,4 MMDH il y a un an.
«Cette évolution fait suite, essentiellement, à la baisse des approvisionnements en gaz de pétrole et autres hydrocarbures de -33% sous l'effet prix en recul de -33,5% », a fait savoir le CMC signalant toutefois que les quantités importées ont augmenté légèrement de +0,7%.
A cela s’ajoute la baisse de 22,3% (-2,06 MMDH) à 7,19 MMDH des importations des soufres bruts et non raffinés au lieu de 9,26 MMDH durant la même période de l’année écoulée.
Dans cette perspective, le Centre estime que le programme des énergies propres et renouvelables lancé en 2009, devrait permettre au Maroc de couvrir 52% du mix énergétique du pays à l’horizon 2030.
«En considérant ce projet dans un cadre plus global, il ressort clairement que le Maroc va au-delà de la satisfaction de ses propres besoins énergétiques pour se positionner en exemple pour d’autres pays en matière de transition énergétique», a-t-il apprécié.
Tout comme le projet ambitieux d’autoroutes électriques, piloté par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), qui prévoit de transférer plus de 3 Gigawatts d’électricité propre de la future centrale de Dakhla vers Casablanca.
Pour le CMC, il est évident que les ambitions de développement du Maroc sont tributaires de l’accélération de la mise en œuvre de son programme des énergies renouvelables. Et, surtout, de leur substitution aux importations d’énergie qui pèsent lourdement sur les comptes extérieurs.
Dans la perspective toujours de réduire le coût des importations marocaines, l’Observatoire note également que « le développement de la filière d’hydrogène vert devrait aider l’OCP à substituer de l’ammoniac produit localement aux importations ».
Alain Bouithy