Après son succès laborieux contre la Corée du Nord (2-1), la Seleçao a sensiblement haussé son niveau de jeu. Le leitmotiv qui revient à chaque conférence de presse, dans la bouche des joueurs comme du sélectionneur Dunga, est d'ailleurs le verbe "crescer" : progresser.
"Nous avons beaucoup mieux joué que contre la Corée et nous sommes très heureux parce que nous sommes qualifiés, ce qui était notre objectif, s'est félicité le capitaine, Lucio. Nous progressons à chaque match".
Il reste cependant encore à travailler l'entame: comme dans le premier match, le Brésil a piétiné lors de sa première période, avant de prendre la partie à son compte en marquant rapidement au retour des vestiaires.
Les 45 premières minutes ont dévoilé la rugosité des Auriverde, censée répondre à une équipe ivoirienne décrite comme "forte physiquement" avant la rencontre. "Cela a été un match très compliqué, très physique, avec beaucoup de fautes", a abondé Dunga.
On retrouve là la patte du sélectionneur, ex-milieu défensif lui-même très rugueux: "Je demande toujours à mes joueurs de jouer dur, mais un jeu de qualité".
Si le Brésil marque son territoire en première période, il part en conquête en seconde: jeu fluide, redoublement de passes, et les leaders techniques font la différence. Au premier chef, Kaka: lui aussi progresse, en témoignent ses deux passes décisives.
Le sélectionneur de la Côte d'Ivoire, Sven Goran Eriksson, n'a pas caché son admiration pour le quatuor offensif du Brésil (Kaka, Luis Fabiano, Elano et Robinho). Mais il a aussi souligné "l'excellente défense"sur laquelle se sont empalées les offensives ivoiriennes.
La sérénité qui émane de ce bloc auriverde s'ébrèche parfois néanmoins.
Dunga avait parlé de "nervosité" pour l'entrée en lice. Elle a encore affleuré dimanche. Kaka, peut-être mis sous pression après son premier match fantomatique, avait les nerfs à vif.
Il vient d'abord se plaindre auprès de l'arbitre qui siffle une balle à terre sur le choc contraignant Elano à sortir (67e). Puis il tombe dans la provocation de Keita (85e), applaudit ironiquement l'arbitre et finit par récolter un deuxième carton jaune (88e) synonyme d'exclusion et de suspension au prochain match. Tout cela alors que la victoire semblait scellée...
"Ils ne doivent pas commettre de faute ni se plaindre, et toujours rester concentrés sur le jeu", a observé Dunga sous forme de critique voilée à l'égard de ses joueurs, en visant notamment l'échauffourée générale précédant l'exclusion de Kaka.