«La voix du stade» en compétition au Nikon Film Festival: Une fresque poignante, où se mêlent passion, défi et résilience féminine

Vendredi 24 Janvier 2025

«La voix du stade» en compétition au Nikon Film Festival: Une fresque poignante, où se mêlent passion, défi et résilience féminine
Dans le tumulte vibrant de Casablanca, une ville où les contrastes se rencontrent et où les ruelles bruissent d’histoires à raconter, émerge une voix unique, celle de Leïla.

Avec «La voix du stade», court-métrage en compétition au Nikon Film Festival, les réalisateurs Alexandre Tarek Bougja et Ahmed Dendane nous plongent dans une fresque poignante, où se mêlent passion, défi et résilience féminine.

En seulement deux minutes vingt, ils capturent un récit empreint d’émotions et d’intensité, dévoilant une héroïne dont le "super-pouvoir" réside dans son courage et sa capacité à briser les chaînes d’un univers dominé par les hommes.

Leïla, protagoniste et âme du film, est une jeune femme comme Casablanca en regorge: fougueuse, pleine de vie et assoiffée de justice. Mais Leïla ne se contente pas d’être une supportrice passionnée du Club Olympique de Casablanca. Elle incarne un rôle inédit et révolutionnaire dans cet univers : celui de première femme à diriger un club de supporters, un poste historiquement réservé aux hommes dans ce microcosme souvent hostile aux figures féminines.

Ce choix narratif, ancré dans une réalité sociétale encore bien vivante, soulève des questions profondes sur les rapports de pouvoir, la place des femmes dans des espaces traditionnellement masculins, et la façon dont elles s’approprient ces sphères à force de détermination. Leïla ne combat pas uniquement pour être entendue dans un stade rempli de chants et de cris : elle lutte aussi pour affirmer sa légitimité dans une société où sa voix est souvent étouffée. Une thématique universelle, d’autant plus poignante lorsqu’elle est abordée dans le contexte d’une ville aussi complexe que Casablanca, symbole à la fois de modernité et de traditions figées.

Les deux jeunes réalisateurs, Alexandre Tarek Bougja et Ahmed Dendane, décrivent leur projet comme une fenêtre ouverte sur les cultures et les récits qui rapprochent les hommes. «Nous sommes deux jeunes Franco-Marocains, unis par notre amour du cinéma», déclarent-ils, mettant en avant leur double identité comme une force créatrice. Cette perspective unique, à cheval entre deux mondes, donne au film une richesse narrative et esthétique rare.

Le film, tourné en partie au stade du COC, puise son énergie dans cette confrontation entre deux cultures, mais aussi dans le contraste frappant entre l’individualité de Leïla et la masse bruyante et uniforme des supporters. Le choix de la ville de Casablanca comme décor principal n’est pas anodin : cette métropole tentaculaire devient un personnage à part entière du récit. Ses stades, ses rues et ses ambiances offrent un cadre à la fois hostile et porteur d’espoir pour cette quête féminine d’émancipation.

Le thème choisi par le Nikon Film Festival cette année, «super-pouvoir», trouve dans «La voix du stade» une interprétation aussi subtile que puissante. Leïla n’est pas dotée de capacités surnaturelles ou d’une force physique surhumaine. Son "super-pouvoir", bien plus réaliste, réside dans sa capacité à mobiliser, à inspirer, à transformer un milieu hostile par sa seule volonté. Cette lecture offre une réflexion intéressante sur le pouvoir des figures ordinaires à accomplir l’extraordinaire.

Le court-métrage dépasse ici la simple démonstration de force féminine pour toucher à une vérité universelle : parfois, le courage et la persévérance suffisent à déplacer des montagnes. A travers la métaphore du stade, lieu d’affrontements passionnés, le film explore les défis liés à la prise de parole dans un monde saturé de bruit, de préjugés et de hiérarchies tacites.

En compétition au prestigieux Nikon Film Festival, ce court-métrage incarne l’esprit même de cet événement : encourager la créativité sans frontières, permettre à des voix nouvelles d’émerger. Ce festival, qui impose le défi d’un format court (2 minutes 20), est un véritable laboratoire d’innovation, offrant une liberté artistique tout en imposant une rigueur narrative.

Avec une actrice et réalisatrice aussi talentueuse que Noémie Merlant à la tête du jury, «La voix du stade» peut espérer toucher les cœurs et marquer les esprits. Ce n’est pas qu’un simple film, mais un manifeste : un appel à reconnaître et célébrer les voix féminines dans tous les espaces, y compris ceux où elles semblent interdites.

A travers «La voix du stade», Alexandre Tarek Bougja et Ahmed Dendane signent une œuvre courte mais percutante, qui transcende les frontières du cinéma pour aborder des enjeux humains et sociétaux. Ce film, bien plus qu’un divertissement, est une invitation à réfléchir, à ressentir et surtout à soutenir le changement.

Pour encourager cette voix, vous pouvez voter pour le film sur le site officiel du Nikon Film Festival (www.festivalnikon.fr). Chaque vote est un pas en avant pour des projets qui méritent d’être vus, entendus et célébrés. Leïla a trouvé la force de faire entendre sa voix: à nous maintenant de l’amplifier.

Mehdi Ouassat

«La voix du stade» en compétition au Nikon Film Festival: Une fresque poignante, où se mêlent passion, défi et résilience féminine

Mehdi Ouassat

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