La “ville” de Safi ou l’autre réalité amère du Maroc

Malgré un patrimoine touristique hors pair (monuments romains, portugais, arabo-musulmans…), la capitale de la sardine voit son potentiel dépérir de jour en jour


Khalid El Ouafa
Mercredi 19 Avril 2017

Résider à Safi, c’est être témoin d’une désolation, d’un désordre et d’une anarchie inégalée. Une ville hors normes sur tous les plans. Au moment où on se vante de l’exemple marocain en matière des énergies renouvelables et des investissements à conation écologique, Safi s’apprête à abriter la technologie la plus dépassée et la plus polluante de la planète : une centrale thermique, utilisant le charbon comme matière de base pour produire de l’électricité. Cela s’ajoute au désastre écologique commis par l’industrie locale, l’usine du ciment au nord, impliquée dernièrement dans l’importation des déchets de l’Italie afin de l’utiliser comme combustible, et de l’OCP au sud qui n’a cessé de ravager l’écosystème local sur tous les plans : sol, air et mer.
En d’autres termes, la ville de Safi a pris désormais une nouvelle vocation : une décharge publique du Maroc. Par ailleurs, la ville connaît une désertification de ses plages, seuls lieux de décompression pour sa population, suite à l’attribution des agréments de ravage et de surexploitation des sables à des familles, spécialistes des élections locales et de grosses cylindrées. Pire encore, la seule forêt située au centre de la ville (le karting) a été complètement déboisée en vue de construire des complexes sportifs qui laissent énormément à désirer soit sur le plan architectural ou au niveau de leur gestion. Bref, une ville hors pair, il suffit d’y faire un tour pour voir dans quels états sont ses chaussées, ses lotissements qui se construisent sans le respect du strict minimum exigé par les cahiers des charges communément reconnus, des rues de largeur inférieure aux normes, absence de lieux d’utilité publique (mosquée, hammam, centres culturels…). Quant aux moyens de transport, la ville se distingue également par la présence de bus dans un état pitoyable, champions du monde des accidents et dont les chauffeurs ne sont que des jeunes embauchés temporairement par une société à la propriété d’un élu local. Pour ces mêmes bus, on remplace les vitres cassées par des morceaux de taule.
Etre desservi par un moyen de transport commun, ici, est un luxe car pas mal de quartiers utilisent encore les chariots à chevaux pour rejoindre le centre-ville ou emmener par exemple des femmes enceintes devant accoucher à l’hôpital. L’état de ce dernier étant déplorable. Safi est également une championne en matière d’accidents, surtout ceux des cyclomoteurs. La présence d’un nombre important de points noirs en matière de circulation et l’absence d’action ou de comité de suivi expliquent en grande partie le nombre d’accidents et de dégâts humains que connaît la ville. Peu importe, on est dans l’autre monde.
Bien qu’elle possède une vue imprenable sur la côte atlantique et un patrimoine touristique important (monuments romains, portugais, arabo-musulmans…), la ville de Safi voit son potentiel dépérir de jour en jour sans qu’aucun effort pour sa protection ne soit déployé. Et pourtant, ce ne sont pas les subventions qui manquent surtout celles reçues de l’étranger. Par ailleurs, sa corniche, malgré son emplacement stratégique (centre-ville), se trouve dans un état déplorable depuis plusieurs années et aucune action n’est prise jusqu’à présent pour la valoriser.
En dépit des ressources qu’elle engrange pour la trésorerie de l’Etat, la ville de Safi souffre encore d’une marginalisation extrême, et il est temps qu’on tire la sonnette d’alarme pour lui rendre ce qu’elle mérite comme toutes les autres villes du Royaume. La ville de Safi est livrée à des prédateurs, qui l’ont complètement dévorée. De plus, et suite à la pollution de l’air, elle compte actuellement un nombre très élevé de personnes touchées par toutes sortes d’allergies, surtout les enfants, et par le cancer de la tyroïde. On aimerait bien que le ministère de la Santé jette la lumière sur ce phénomène et sur ses origines, si la santé du peuple l’intéresse. La population déplore ce statu quo. Elle est désespérée des actions des responsables locaux, qui sont plutôt préoccupés par leurs propres affaires et attend impatiemment une intervention des hautes autorités afin de mettre fin à ce désastre, redorer l’image  de la ville, la rendre vivable et la mettre sur les rails d’un développement à la fois environnemental, économique et social.

 * Professeur universitaire


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1.Posté par Elfajoui le 11/05/2017 21:58 (depuis mobile)
Bonjour, en lisant le titre je me suis réjoui en me disant voila enfin un journal qui va défendre ma ville mais en lisant votre article j ai trouvé une sorte d exagération dans la description de la réalité. Certes la ville est marginalisée,

2.Posté par Elfajoui le 11/05/2017 22:00 (depuis mobile)
Mais pas au point dont vous la décrivez.

3.Posté par Elouafa le 22/06/2017 04:06 (depuis mobile)
Bonjour. notre conbat commun c est de defendre cette ville vachement marginalisee. Et la meilleure facon c est de dresser la realite comme elle est sans langue de bois. En quoi ca vous parait exagere. elle parle tt simplement de notre quotidien.

4.Posté par Smaksi le 03/12/2017 22:36 (depuis mobile)
Bonjour je suis originaire de Safi et je trouve qu’il l’a tres bien décrit la situation catastrophique de cet belle ville de safi les jeune sont désespérés sans emploie ont débarque à la gare routière tout les mendiants Des ville touristique

5.Posté par Ouriqua le 12/12/2017 02:27
C’est notre souffrance quotidienne dans cette malheureuse ville qui a été très bien décrite par le Pr. Elouafa. Un très bon article qui mérite nos sincères félicitations...

6.Posté par Harfichi mouncef le 14/01/2018 22:02 (depuis mobile)
Très bon article. Malheureusement sont rares ceux qui osent dire la vérité. Je ne trouve pas que cet article exagére en décrivant la situation désastreuse de notre très chère ville. Depuis des lustres safi a été considérée comme étant une ville pour

7.Posté par Harfichi mouncef le 14/01/2018 22:03 (depuis mobile)
Tous les fonctionnaires indésirables. Sans parler de la gestion calamiteuse des élus qui ne sont d autres que les bourreaux de la ville

8.Posté par Safi le 29/05/2019 17:40 (depuis mobile)
Les gens de cette ville ont un sérieux problème de complexe d infériorité.. c est tous des malades mentaux lay star

9.Posté par Weld asfi le 05/06/2019 17:59 (depuis mobile)
Notre façon de voir les choses est en fait la réflexion de nos pensées, notre vérité, nous mêmes...monsieur/madame le malade mental avec le complexe d’infériorité...lay ster.

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