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En d’autres termes, la ville de Safi a pris désormais une nouvelle vocation : une décharge publique du Maroc. Par ailleurs, la ville connaît une désertification de ses plages, seuls lieux de décompression pour sa population, suite à l’attribution des agréments de ravage et de surexploitation des sables à des familles, spécialistes des élections locales et de grosses cylindrées. Pire encore, la seule forêt située au centre de la ville (le karting) a été complètement déboisée en vue de construire des complexes sportifs qui laissent énormément à désirer soit sur le plan architectural ou au niveau de leur gestion. Bref, une ville hors pair, il suffit d’y faire un tour pour voir dans quels états sont ses chaussées, ses lotissements qui se construisent sans le respect du strict minimum exigé par les cahiers des charges communément reconnus, des rues de largeur inférieure aux normes, absence de lieux d’utilité publique (mosquée, hammam, centres culturels…). Quant aux moyens de transport, la ville se distingue également par la présence de bus dans un état pitoyable, champions du monde des accidents et dont les chauffeurs ne sont que des jeunes embauchés temporairement par une société à la propriété d’un élu local. Pour ces mêmes bus, on remplace les vitres cassées par des morceaux de taule.
Etre desservi par un moyen de transport commun, ici, est un luxe car pas mal de quartiers utilisent encore les chariots à chevaux pour rejoindre le centre-ville ou emmener par exemple des femmes enceintes devant accoucher à l’hôpital. L’état de ce dernier étant déplorable. Safi est également une championne en matière d’accidents, surtout ceux des cyclomoteurs. La présence d’un nombre important de points noirs en matière de circulation et l’absence d’action ou de comité de suivi expliquent en grande partie le nombre d’accidents et de dégâts humains que connaît la ville. Peu importe, on est dans l’autre monde.
Bien qu’elle possède une vue imprenable sur la côte atlantique et un patrimoine touristique important (monuments romains, portugais, arabo-musulmans…), la ville de Safi voit son potentiel dépérir de jour en jour sans qu’aucun effort pour sa protection ne soit déployé. Et pourtant, ce ne sont pas les subventions qui manquent surtout celles reçues de l’étranger. Par ailleurs, sa corniche, malgré son emplacement stratégique (centre-ville), se trouve dans un état déplorable depuis plusieurs années et aucune action n’est prise jusqu’à présent pour la valoriser.
En dépit des ressources qu’elle engrange pour la trésorerie de l’Etat, la ville de Safi souffre encore d’une marginalisation extrême, et il est temps qu’on tire la sonnette d’alarme pour lui rendre ce qu’elle mérite comme toutes les autres villes du Royaume. La ville de Safi est livrée à des prédateurs, qui l’ont complètement dévorée. De plus, et suite à la pollution de l’air, elle compte actuellement un nombre très élevé de personnes touchées par toutes sortes d’allergies, surtout les enfants, et par le cancer de la tyroïde. On aimerait bien que le ministère de la Santé jette la lumière sur ce phénomène et sur ses origines, si la santé du peuple l’intéresse. La population déplore ce statu quo. Elle est désespérée des actions des responsables locaux, qui sont plutôt préoccupés par leurs propres affaires et attend impatiemment une intervention des hautes autorités afin de mettre fin à ce désastre, redorer l’image de la ville, la rendre vivable et la mettre sur les rails d’un développement à la fois environnemental, économique et social.
* Professeur universitaire