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Il y a quelques mois encore, la Place verte, le plus grand rond-point de Mingora, chef-lieu du district de Swat, avait été rebaptisé “Khuni Chowk”, ou la “Place sanglante” en pachtoune: les insurgés islamistes avaient pris l'habitude d'y suspendre les cadavres ou les têtes de ceux qu'ils soupçonnaient d'“espionner” ou qui ne s'étaient pas conformés à leur vision radicalement orthodoxe de l'islam.
Les talibans avaient fait fermer tous les cinémas, en menaçant leurs exploitants des pires représailles, et avaient éradiqué toutes les affiches des murs de la ville. Aujourd'hui, les hommes de Mingora font de nouveau la queue pour assister aux projections.
“J'adore le grand écran”, s'enthousiasme Abid Khan, mécanicien de 21 ans, qui patiente dans la salle du Cinéma de Swat. “La malédiction est presque passée”, souffle-t-il à propos de l'emprise des talibans. Presque ? Abid est prudent, car nombre de combattants islamistes et leur redoutable chef, le maulana Fazlullah, réputé proche d'Al-Qaïda, se terrent dans les hautes montagnes qui encadrent la vallée, et des attentats suicide font toujours des morts à Mingora.
Les hommes de Fazlullah avaient pris, à l'été 2007, le contrôle de la vallée de Swat, qui fut le site le plus prisé des touristes, qui y venaient skier l'hiver et découvrir l'été d'intéressants vestiges bouddhistes, sur les premiers contreforts de l'Hindou Kouch.
Ils avaient incendié les boutiques de musique et de vidéos, fermé les cinémas, tué des danseurs, menacé quiconque osait écouter de la musique.
Mais cette semaine, un acteur pachtoune, célébrité locale, est à l'affiche du Cinéma de Swat, posant kalachnikov à la main devant une actrice figée dans une attitude un peu provocante.
Le film, intitulé “La fleur qui m'a blessé” en pachtoune, est un vieux titre, très populaire en cette fête de la fin du ramadan, l'Aïd el-Fitr.
“Il n'y a rien d'autre pour s'amuser, où pouvons-nous aller ?”, lâche Sajid Ali, 17 ans, qui travaille dans une boutique et vient voir le film avec huit amis.
“Je n'ai plus peur des talibans, nous avons vu leurs cadavres”, dit Ali.
Mais le Cinéma de Swat n'ouvre encore que de jour. La nuit, les rues sont vides en raison du maintien du couvre-feu, signe que la menace persiste.
Le Cinéma Palwasha, un peu plus loin, est resté fermé, lui. Il y a 18 mois, les talibans avaient menacé de le faire sauter. Un employé explique que la menace est toujours présente et que les familles hésitent encore à venir.
“Des dizaines de talibans armés avaient débarqué un jour et ordonné de fermer”, se souvient Fazal Ghani, directeur du Cinéma de Swat.
“Nous avons rouvert en août”, affirme son propriétaire, Ayub Khan.
“Lors de la première séance, il n'y avait que deux spectateurs, aujourd'hui, ils sont plus de 200”, s'exclame M. Ghani. Les talibans mènent dans tout le pays une vague sans précédent d'attentats, suicide pour la plupart, qui ont fait plus de 2.100 morts en un peu plus de deux ans. L'armée a lancé de vastes offensives contre leurs bastions --comme Swat-- sous la pression intense de Washington, qui estime qu'Al-Qaïda a reconstitué ses forces dans le nord-ouest, grâce au soutien des talibans pakistanais.