Rarement un spectacle avait autant séduit le public. Ce soir, le Complexe Mohammed VI débordait de bonheur et d’émotions. Une joie partagée par un public au bord des larmes, tant il est vrai que cette création offre à voir des scènes mettant en lumière des histoires cliniques romancées par le neurologue Olivier Sack. Et dans lesquelles le public casablancais a pu vivre la solitude et l’oubli qui touchent les patients.
« Le titre du spectacle fait allusion à ce monde intérieur, à cette profondeur abyssale dans laquelle le « moi » se refugie pour pouvoir subsister. Chaque chemin tracé dans notre intérieur est un « moi » rêvé », explique la chorégraphe et directrice artistique de ce spectacle, Susana Alcon.
Après une première prestation très ovationnée, la veille, au Théâtre national Mohammed V, à Rabat, la trentaine des danseurs s’offraient ce soir un second succès. Preuve, s’il en est, que le public a saisi la portée du message véhiculé lors de cette représentation. C’est du moins l’avis de la chorégraphe que nous avons rencontrée à l’issue du spectacle. Une Susana Alcon heureuse, exprimant le bonheur qu’elle venait de vivre aux côtés des danseurs. « Le public de Casablanca comme celui de Rabat a manifesté un intérêt réel à cette création. Il était enthousiaste. Je dirais même que le public et les danseurs étaient à l’unisson. Il y a eu véritablement une complicité entre les deux, ce qui me touche et réjouit», a confié émue la chorégraphe à Libé.
Passé les ovations interminables, une partie du public est allée jusqu’à demander à rencontrer la chorégraphe pour lui témoigner sa satisfaction et naturellement aussi sa joie de partager des histoires qui ne lui sont pas certainement étrangères.
Sous le regard ému de la vedette de la soirée, parents et enfants ont foncé dans les environs des loges des danseurs où la chorégraphe s’est vue assaillie de questions et remerciements de toutes parts. Cette création a été interprétée par les danseurs dont l’un souffrant d’une des pathologies mises en scène.
« Dans chaque malade il y a toujours des potentialités qu’il faut mettre en évidence. Tous les malades ont une puissance en eux que ceux qui se disent « normaux » doivent mettre en relief. Une personne malade n’est pas dépourvue d’inspiration », a conclu Susana Alcon, précisant que ce spectacle s’améliore au fil des représentations et qu’il a nécessité 4 mois de travail.
La création « Les Moi rêvés » était donnée dans le cadre de la troisième édition du Festival des deux Rives qui se poursuit jusqu’au 30 janvier, dans six villes du Royaume.